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dimanche 18 mars 2012

trésor de Laniscat et monnaies celtiques

Complément à l'article du 23 juillet 2011 (voir messages 2011)

1: apport des monnaies à la connaissance du monde celte
C'est vers la fin du Ve siècle avant JC qu'apparaissent les Celtes dans l'Histoire. La monnaie fait son apparition dès le IIIe siècle avant JC. Au départ, il ne s'agit pas d'une invention de ce peuple mais une imitation d'une monnaie d'or: le Philippe II de Macédoine (359-336) puis les monnaies de Tarente. Ces monnaies "modèles" sont d'origine méditerranéenne.
L'originalité des monnaies celtes par rapport aux monnaies de Grèce réside dans le foisonnement des formes et des motifs savants et inédits. Le vivant devient abstrait et mélangé à des motifs linéaires et courbes. La valeur artistique de ces monnaies est considérable. Elles reflètent en effet les moeurs, les croyances, la mythologie et l'art de vivre d'une civilisation qui à cette époque n'utilisait pas l'écriture. Le monnayage a donc une importance capitale dans la connaissance de la civilisation celtique de la Tène.Toutefois il faut noter qu'en Armorique, le monnayage n'apparaît que deux siècles avant l'invasion romaine.

2: usage et rôle de la monnaie
Jusqu'à la guerre des Gaules par les romains (120 av JC), les monnaies n'étaient pas d'un usage courant chez les Celtes.Elles constituaient plutôt le trésor de grands chefs, peut-être aussi de druides, l'élite intellectuelle du monde celtique.Elles servaient aux échanges diplomatiques, paiement des mercenaires, règlements de rançons ou dettes entre tribus, voir aussi de jetons de présence dans certaines cérémonies. Leur technique de fabrication  nécessite la présence d'un véritable artiste attaché à un chef capable de l'utiliser pour frapper sa monnaie, artiste doté d'une acuité visuelle certainement exceptionnelle couplée à un sens artistique sans égal. Ce véritable langage figuré va connaître un remarquable développement et constituer une véritable audace artistique originale dans l'Europe celtique non méditerranéenne.

3: technique de fabrication
Les statères sont fabriqués par compression d'un fort coup de maillet entre deux matrices en bronze, d'une pastille de métal (or, argent et cuivre) qui se nomme "le flan". Ce flan chauffé va recevoir d'un seul coup les deux images qui ont été préalablement gravées dans la matrice de bronze et à l'envers pour que leur empreinte sur la pièce apparaisse à l'endroit. L'avers qui se nomme aussi "le droit" est la face noble de la pièce.Elle porte un motif qui évoque le prestige du pouvoir émetteur. Elle est généralement bombée.L'autre face ou revers est plus plat et orné d'une image variable. Une bonne frappe impose une parfaite superposition des deux matrices à la verticale et bien centrées.Chaque matrice de bronze est fixée dans du fer comme un coin enfoncé dans du bois, d'où son nom.Le coin immobile est le "dormant", le coin mobile est tenu à la main.Le revers présente souvent des variations par rapport à un même avers car le coin mobile résiste moins longtemps à l'usure et l'artiste doit le sculpter chaque fois que nécessaire. Environ 700 pièces peuvent être frappées par les mêmes coins(Paul-Marie Duval). En France, 9 coins gaulois sont connus et ont été étudiés en détail, ce qui permet de reconstituer le processus de frappe.
Le pouvoir émetteur de monnaies en Armorique se répartit entre Osismes à l'Ouest, Vénètes au Sud, Curiosolites(ou Coriosolites) au Nord, Redones et Namnètes à l'Est. Le trésor de Rosquelfen (545 pièces d'or allié) émane du pouvoir Osisme et l'importance du site de découverte confirme qu'il y avait à cet endroit une importante implantation gauloise dès le début de la Tène (INRAP).

4: figurations
Les pièces armoricaines présentent majoritairement  un cheval, animal noble qui caractérise l'aristocratie celte ou gauloise.Le cheval a souvent tête humaine chevelue ou parfois casquée.Autour de cet animal figure une scène de guerre ou de genre. La tendance expressionniste marquée est chargée de symbolisme mythologique et métaphysique.Finement ouvragées, ces monnaies étonnent par leur étrangeté, la liberté foisonnante de l'expression artistique.Leur étude permet de pénétrer l'univers des Celtes et spécifiquement ici des Osismes.    
Statère d'or cuivré à la tête humaine à la croix en cimier.Revers: androcéphale à gauche    surmonté d'un cercle perlé et d'une petite tête regardant vers le haut, au-dessous, le personnage ailé recroquevillé des Osismes.
Statère d'or allié à "la barrière d'hippodrome".Avers: tête humaine à la croix en cimier.Revers:cheval androcéphale à gauche surmonté d'un aurige réduit à une petite tête reliée à une roue à 4 raies (exemplaire n°5 de la trouvaille de Plouguerneau) Pièce rare et superbe.
Statère d'or cuivré.Avers: tête humaine à gauche et croix, dans le champ devant elle. Revers: cheval surmonté d'un oiseau tenant les rênes; dessous taureau enseigne (exemplaire n°37 de la vente Vinchon du 17/11/1958).
Quart de statère d'or cuivré aux types proches du statère précédent, mais ici, le cheval du revers est androcéphale et non sexué.
Statère de billon à la tête humaine à droite sommée d'un sanglier enseigne.Revers: androcéphale à gauche avec aurige réduit à une petite tête; au dessous un sanglier.
Statère de billon du même type que le précédent.
Toutes ces pièces sont Osismes et donnent un aperçu de l'extraordinaire diversité de cet art.(pièces de la vente Rossini d'octobre 2007)

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