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lundi 3 décembre 2012

Méditation philosophique

Le temps

Il y a autant d'écart entre le temps du philosophe, du psychologue et celui du physicien qu'entre le jour et la nuit!
Pour  Aristote, le temps est une mesure physique (le temps nécessaire pour parcourir une distance). A cette notion du temps s'oppose celle de Montaigne qui, en parlant de la vie, parle non pas de vivre au présent mais de vivre à propos. Cette expression privilégie le déroulement face au devancement.
"Privilégier le déroulement face au devancement pour se libérer de la grande dramaturgie du temps qui passe et dont on ne sait même plus où diable il est passé!" François Jullien (philosophe et Sinologue)
"Le monde moderne se caractérise par la toute puissance de la vitesse. L'emballement technique accélère le réel lui-même... Plus la technologie nous fait gagner du temps, plus nous avons le sentiment d'en manquer! Dans nos relations sociales, en politique, en amour, notre quotidien est marqué par l'urgence. La tyrannie du court terme comprime l'espace. Le triomphe de l'immédiat rend impossible la vie au présent. L'instantanéité enterre la mémoire et dynamite l'avenir... Reconstruire la confiance, le dialogue, la justice, ce serait ralentir le rythme, repartir à la conquête du temps long..." Jean Birnbaum (extrait du Forum "Où est passé le temps?" Le Monde-Le Mans 2011)
"Aucune accélération n'exauce l'impatience d'être arrivé avant d'être parti! La vitesse va toujours moins vite que le désir" Olivier Bomsel (économiste)
"Si nous courons vers le futur, c'est que nous manquons d'être"  Plotin
"La musique est le seul domaine où l'homme réalise le présent (Stravinsky)... Le temps musical serait donc le seul à coïncider parfaitement à l'acte dont il assure le suivi temporel. C'est la raison pour laquelle on peut considérer la musique comme un miracle". Clément Rosset
 Horas non numero nisi serena (Les heures ne comptent pas si elles ne sont pas sereines) Cadran solaire antique.
"Ne soyons pas prisonnier du dogme qui se perpétue sur les résultats de la pensée des autres. Ne laissons pas le bruit des opinions des autres étouffer notre voix intérieure. Ayons le courage de suivre notre coeur et notre intuition...tout le reste est secondaire"  Olivier Bomsel
Vivons donc à propos en cultivant l'art et l'imaginaire.
"L'illusion artistique donne à la fiction un pouvoir de réalité incomparablement supérieure à la simple et fade retranscription des faits. L'imagination permet seule de jouir de la beauté. On n'imagine que ce qui est absent. L'absence nourrit l'imaginaire et la passion" (Raphaël Enthoven)
Même à l'automne de la vie, j'ai tout mon temps, la mort attendra!

1 commentaire:

  1. Ta méditation philosophique sur le temps rappelle des choses essentielles à toute personne qui voudra bien la lire.
    "On n'imagine que ce qui est absent". L'absence est pour moi une réalité déterminante quant à celle du désir. Nous ne parvenons pas à désirer ce que nous possédons déjà. Pourtant, sans le désir il n'y a aucune saveur. Sans le désir, il n'y a pas non plus d'amour. On ne peut désirer que ce qui est absent et on ne peut donc aimer que ce qui est aussi absent. L'autre que j'aime doit être dans une absence perpétuelle si je veux l'aimer perpétuellement. Sa présence désirée ne peut m'apporter le bonheur que si son absence rend sa présence potentielle désirable. Une présence en advenir perpétuel ne peut que se nommer "absence". C'est pourquoi, je pense que ce qui fait la force, la beauté et la joie de l'amour, c'est la perspective permanente de la présence, existante grâce à son absence. Pour aimer réellement quelqu'un, il faut que cette personne soit réellement absente, afin que sa présence puisse se nourrir de son absence. La présence perpétuelle engendre la fusion perpétuelle et donc la mort certaine de l'amour qui ne peut survivre que dans le désir et le désir n'existe que de ce que l'on ne possède pas... Voilà qui remonte à contre courant de tout ce que la société du moment pratique, enseigne et légifère dans ses canons de l'obligation et du politiquement correct. Oui, je suis bien d'accord pour dire que "l'illusion artistique donne à la fiction un pouvoir de réalité incomparablement supérieure" à la factualité, car l'essentiel reste bien invisible aux yeux de chair, mais parfaitement lisible avec le coeur, si nous nous sommes libérés du dogme! Et là est la vraie difficulté pour un grand nombre qui passe sa vie à claudiquer d'un dogme défunt à un dogme naissant; car se débarrasser du dogme implique le courage d'affronter l'angoisse de l'absence. Le dogme offre une anesthésie facile de l'angoisse en échange d'une mort absolue du désir: quelle autre meilleure définition peut-il y avoir du malheur de l'humanité? JYJ

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