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mercredi 26 février 2014

Patrimoine

Sous le lac de Guerlédan, le canal de Nantes à Brest
Au sud du département des Côtes d'Armor, le canal de Nantes à Brest  est un élément important du développement touristique et économique du Centre Bretagne. Cet ouvrage pensé en 1746 par le Comte de Kersauzon, idée reprise par le Comte de Piré en 1782, mis en veille par la Révolution jusqu'en 1799 est démarré par le Consulat puis accéléré par Napoléon qui veut contrer le blocus anglais des ports de l'Empire. Ce canal fera 360 km en raccordant huit rivières en trois biefs dont celui de Glomel et sa célèbre "tranchée"des bagnards, perché à 184m d'altitude. Il comportera 236 écluses et aura nécessité le déplacement de 2.300.000 m3 de terre et roches (équivalent de la pyramide de Kheops) pour un montant de 46 millions de francs-or. Il est opérationnel sur toute sa longueur à partir du premier janvier 1842 (fin de raccordement en Côtes-du-Nord).
Ce magnifique ouvrage va être noyé sur plusieurs kilomètres par la construction du barrage de Guerlédan en 1923-24 dont l'usine hydroélectrique va fonctionner en 1929 (inauguration officielle le 12 octobre 1930).

En 1985, la vidange du lac pour travaux sur le barrage laisse, au fur et à mesure que les eaux descendent, resurgir un passé dont les anciens se souviennent encore très bien (avant la grande guerre, de nombreuses carrières d'ardoises y étaient exploitées). Sur la photo prise au cours de cette période de 1985, apparaissent les maisons éclusières dans un paysage au sol recouvert de sédiments boueux qui donnent son aspect lunaire et monochrome à l'endroit.
Une fois vidé, le lac laisse apparaître les vestiges d'anciennes écluses avec maisons, déversoirs, limites de propriétés et bois dont quelques grands arbres encore debout comme figés dans une posture hivernale devenue permanente. Le Blavet coule à nouveau dans les limites de son lit canalisé.
Ce spectacle exceptionnel va se renouveler en 2015 et permettra de comparer ces lieux 30 ans plus tard.
Sources: Kader Benferhat, Sandra Aubert "Le canal de Nantes à Brest; éditions Ouest France 2007

vendredi 21 février 2014

Poème

Réminiscence
Tempêtes encore drapées de pluies
Frappent la lande les maisons basses
Jour après jour l'hiver me lasse
Le temps qui passe n'est plus que nuit

Le gris des cendres masque la braise
Eteint l'éclat de ses couleurs
Dans les rochers le noir me pèse
Brise les rêves de jours meilleurs

Pourtant je sais au coeur des pierres
Des cathédrales et leurs vitraux
Aux couleurs vives de minéraux
Révélations de la lumière

Le souvenir aussi m'enchaîne
Aux douces heures ensoleillées
Bonheur fugace d'instants volés
Près d'une ruine sous les chênes

Où est la douceur de ces nuits
Des jours d'azur et de lumière
L'abri complice des clairières
Et du soleil enfin qui luit

C'est au printemps que tout commence
Et que s'animent les passions
Les coeurs alors sont des bourgeons
Poussés par cette renaissance

O muse étrange et romantique
Donne à la stance force et justesse
Fais que les chagrins disparaissent
Dans l'inconnu mélancolique

Viens rallumer ce nouveau feu
Ce beau vitrail sous mon regard
L'instant ne doit rien au hasard
Laissons la place aux rêves bleus.
 Illustrations: péridotite vue au microscope en lumière polarisée transmise. Deuxième photo: phengites (variété de mica blanc) en lumière polarisée transmise. Troisième photo: sur un ancien chemin en forêt, entre Ste Barbe et St Fiacre au Faouët (56).

dimanche 16 février 2014

Archéologie

Le grand cairn de Barnenez à Plouezoc'h (29)
Un article publié en novembre 2013 sur ce même blog, insistait sur l'importance des vestiges Néolithiques en Bretagne et particulièrement sur les côtes, comme à Locmariaquer, situé dans le Morbihan, à la sortie du Golfe. Aujourd'hui, poursuivant le tour des côtes bretonnes, c'est sur la côte nord et au nord de Morlaix que l'on découvre le plus grand mausolée d'Europe datant de cette période: le grand cairn de Barnenez, construit entre 4500 et 3900 avant l'ère chrétienne. Mesurant 75 mètres de longueur pour 28 de largeur, il est composé de deux monuments accolés: le plus ancien, en dolérite (pierre sombre) et le plus récent en granite. Le contraste de couleur permet de bien visualiser les deux parties du monument.
Sur cette photo, on distingue le cairn au premier plan et la Manche à l'horizon. Le monument en pierres sèches ne sera signalé comme tumulus qu'en 1850. Cent ans plus tard (1954) il est racheté par un entrepreneur pour servir de carrière et commence à être démonté. Il faudra une mobilisation de scientifiques en 1955 pour arrêter le massacre. Le nouveau ministre de la culture (ministère créé en 1959), André Malraux jouera un rôle dans cette sauvegarde. Le cairn primaire, le plus ancien contient cinq tombes collectives à couloir. Le cairn secondaire en granite contient six tombes. Il est deux fois plus important que le cairn primaire. La pente du terrain a obligé les bâtisseurs du Néolithique à maîtriser les poussées internes dans cette masse de pierres, masse qui devait compenser la déclivité naturelle du sol vers la baie de Morlaix.
Cette photo aérienne prise à la verticale du cairn et en été, montre bien l'emprise circulaire de la carrière de pierres qui avait commencé l'arasement de ce monument (à droite du cairn, cliquer sur la photo). Cette carrière présente aujourd'hui l'intérêt d'offrir aux visiteurs une coupe interne et complète des chambres funéraires. Ces tombes révèlent le haut degré de technicité atteint par les hommes de cette époque, notamment par la maîtrise de la technique dite de la "fausse coupole" permettant avec des pierres plates de réaliser des voûtes parfaitement stables puisque parvenues intactes jusqu'à nous, 6000 ans plus tard!
Sources: "Centre des monuments nationaux, Cairn de Barnenez, 29252 Plouezoc'h.

lundi 10 février 2014

Poème

"Vent, vent, tout n'est que vent."
                    Proverbe breton
L'Ankou (la mort), l'Anken (le chagrin) et puis l'Ankoun (l'oubli)
Jettent leur voile de noir et gris
Sur le pays du bout du monde
Marqué par les fureurs de l'onde
Le noir est couleur de l'hiver
Le temps d'incessantes colères
De l'Avel Mor à Lann Avel
Rochers battus, pleure le ciel
Souffle effrayant de l'assiègeant:
Le vent!

Tourments d'Eole, mer déchaînée
L'écume blanche des vagues noie
Le trait de côte et ses rochers
Terre solitaire et enfer froid.
Poussant les pluies horizontales
Jour après jour, vagues infernales,
Infatigable et rugissant:
Le vent!

 Les éléments sont en colère
Secouent les arbres, les déracinent.
Songeur muet et solitaire
Le breton voit ou imagine
Les messagers de l'au-delà
Ces âmes au "tremen ra pep tra"(tout passe)
Lamentation des trépassés
An Anaon, ces cavaliers
Du vent.

La mer se jette sur les brisants
Ecume en rage, défait la terre
Arrache aux digues leurs grosses pierres
Façonne aussi de rudes gens

Le vieux granite fait nos berceaux
Nos maisons basses et nos tombeaux
L'âme bretonne parle du temps
Ecoute bien la voix du vent!                                                                   


C'est ici que finit la terre
Sous les assauts de l'océan
Qui nous rendra le ciel bleu clair
L'éclat de nos soleils couchants?
Qui calmera cette colère
De nos rivières soudain torrents?
Le vent, le vent, toujours le vent!
(illustrations: pastel sur toile " les Monts d'Arrée" AJ2012.Photo: lac de Guerlédan sous la tempête en février 2014)

dimanche 9 février 2014

Patrimoine menacé

La Bretagne secouée par les intempéries
L'année 2014 commence par un hiver tellement pluvieux et venteux qu'il use les habitants et met en péril le patrimoine bâti comme on a pu le voir sur le vieux château des Rohan à Pontivy. En ce début février, Gouarec (22), situé à la confluence du Sulon, du Doré et du Blavet se retrouve les pieds dans l'eau!



Ainsi la rue qui relie la place des halles en centre ville à celle qui longe la propriété Le Moign, ressemble bien à une rue de Venise!
Près des halles, l'eau recouvre les chaussées jusqu'au pavillon de Rohan, en plein centre de Gouarec.
Partout les rivières débordent et les sols gorgés d'eau n'absorbent plus la pluie qui continue à tomber.



Les ruines sans toiture se chargent d'eau par les murs souvent construits avec un liant argileux ou terreux. L'eau pénètre dans le bâti et fragilise les structures.


Cette vue représente le Blavet canalisé à Bon Repos en St Gelven (22), vu du pont construit par les moines. Le déversoir est de moins en moins visible.



La dernière photo montre le Blavet le 7 février 2014 à Bon Repos. Il englobe la totalité des arches du pont (une dizaine au temps des moines) et retrouve son lit d'avant le percement du canal, un temps où il alimentait le vivier devant l'abbaye.Chacun croise les doigts pour que les épisodes pluvieux cessent de se succéder en continu!