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mercredi 29 avril 2015

Mégalithes du Néolithique

Aux limites de Caurel, St Gelven, Laniscat et sur Saint Mayeux, un bel ensemble mégalithique à découvrir...
Menhir de Porz Guillo en St Mayeux

Sur les hauteurs qui dominent Caurel, mais sur le territoire communal de Saint Mayeux se dressent de magnifiques affleurements schisteux à niveaux interstratifiés de grès-quartzites, une véritable armature contre l'érosion transformant ce secteur en petite montagne. Sur le flanc Nord de ces formations, on domine le relief anticlinal de St Mayeux à Laniscat et dans cet endroit résistent encore quelques très beaux mégalithes originaux en schistes du Siluro-Dévonien  comme le Porz Guillo qui fait 4m50 de hauteur  et vu ici sur sa face Ouest.

La deuxième photo montre sa face Nord et une vue sur la stratification originelle de la roche. Ce menhir très élégant et de grande finesse doit peut-être sa survie à une christianisation dont il est possible d'observer les traces sur le sommet de la face Sud. Une croix est en effet gravée dans la masse et une niche destinée à recevoir une statue (aujourd'hui, vide)est creusée le long du tronc et sous une des branches de la croix en relief. Plusieurs sites  sur les mégalithes des Côtes d'Armor montrent des vues de cette face Sud). Ici, le schiste n'est pas qualifié d'ardoisier car il n'a pas de réelle fissilité. Son niveau de métamorphisme et l'alternance de lits gréso-quartzitiques en font une pierre impropre à la confection d'ardoises.


A quelques centaines de mètres de Porz Guillo, se dresse le menhir Ty Min, une pierre de 3m25 et toujours dans le même matériau schisto-quartzitique mais cette fois lardé de quartz laiteux, le même que celui qui abonde sur les affleurements à proximité.
Entre ces deux menhirs, les archéologues en ont identifié un troisième, toujours dans la même roche mais couché cette fois et à quelques dizaines de mètres du Porz Guillo. Cette vue est prise du Nord.

 En regardant attentivement la partie Est du menhir, la stratification naturelle de la roche apparaît très clairement (cliquer sur la photo pour agrandir).
A proximité de ce menhir, des blocs plurimétriques de la même roche sont alignés, comme entreposés dans des conditions de "sortie de carrière" et qui font penser à de potentiels mégalithes. Il est possible qu'une exploitation de ces roches à l'époque contemporaine ait été menée sur ces affleurements et pour la construction (maçonnerie) puisqu'ils n'ont pas été considérés par les archéologues comme d'époque Néolithique.

samedi 18 avril 2015

Sculptures

Art et sculptures en pays Fisel; un petit détour par l'atelier de Clotilde Cousin à St Michel en Glomel (22110)
D'une pierre qu'elle avait ramassée pour un sculpteur, elle avait gardé un bout qu'elle se mit à sculpter pendant des heures (une nuit entière), possédée par la mise en forme d'une première oeuvre. Cette rencontre avec l'ardoise puisqu'il s'agit de cette roche métamorphique, va faire naître et s'épanouir une relation avec l'art. Elle va ensuite rencontrer Annick Leroy* et cette rencontre sera déterminante dans le développement de sa passion.
En 2005, elle se forme en fonderie d'art à Libourne et découvre le moulage et la pratique de différentes matières: plâtre, cire, résine...

Photo 1: Femme nue méditant: ardoise polie (cliquer sur la photo pour l'agrandir)

"Ronde d'oiseaux" sur lierre
"Feu follet" au visage  sur champignon


Le travail de Clotilde révèle la spontanéité, la liberté, l'esprit curieux associant la terre, les pigments, le verre, le bois, les minéraux. Elle est attirée par l'alliance du feu et de la terre, expérimente les constructions et cuissons en four papier. La flamme libre et hasardeuse offre une dimension autre à ses pièces cuites et recuites. Le regard à l'affût, elle sait découvrir les formes invisibles au creux des arbres et dans son univers des bords de Trégarantec où les bois aux troncs majestueux, les étangs,
 la sérénité et la beauté du lieu lui offrent cette magnifique rencontre avec la terre.

Clotilde, aventurière de la matière noble et naturelle sait créer avec les pièces de bois qu'elle glane des oeuvres uniques où le métal, la terre, le verre, la céramique, le bronze et le feu fusionnent avec magie.
Clotilde vit et travaille à Kergonan en Saint Michel, commune de Glomel (22110). Une exposition permanente est visible dans ses ateliers où elle organise des stages toute l'année. Pour la contacter: une adresse mail: clotildecousin@free.fr. L'atelier est facile à trouver, il suffit de prendre à la sortie de Rostrenen, la route de Plouray et tourner au carrefour vers Saint Michel en Glomel, une signalisation spécifique est en place.

Dernière photo: jeune homme en terre cuite fumée.
*:Annick Leroy, sculpteur célèbre pour ses sculptures monumentales dont le célèbre trio des Soeurs Goadec à Carhaix.
Sources: texte inspiré du livre du trentenaire de l'atelier du Thabor à Rennes
Illustrations: oeuvres de Clotilde Cousin.

samedi 11 avril 2015

Poème

La vie
"La vie est un épisode inutile et perturbateur dans le bienheureux sommeil du néant"
                                                      Schopenhauer

Crépuscule sur Bréhat (22)
Lumière et ciel d'azur, pluie, soleil et orages
Le rire des enfants, la tristesse et les pleurs
Les sourires et plaisirs, les passions, les douleurs
Réveillent le "néant" "bienheureux" et sans âge

La vie est sensations, mouvements et souplesse
Fragilité aussi dans les cycles changeants
La beauté éphémère et le bleu océan
Font de cet "épisode", sa force et sa richesse


Crépuscule en mer
Lorsque le crépuscule à Beltaine flamboie
Et donne à l'horizon sa sublime harmonie
Le Ponant lumineux dans le lointain faiblit
Pour accueillir la lune jaunissant les vieux toits

Dans la vallée boisée caressons les grands chênes
Médiateurs généreux entre la terre et nous
J'aime sentir leur force quand le vent les secoue
Noueux gardiens des sources habillées aux fontaines
Chemin des douaniers à Crozon en 2013


Laissons le philosophe et sa définition
La vie est-elle utile? Question bien singulière
La vie est là qui passe et n'a pas de frontières
L'Univers sans "sommeil" poursuit son expansion.

vendredi 10 avril 2015

Guerlédan

De Kériven (Caurel) à Trégnanton (Saint Gelven), petit retour dans le temps avec l'assèchement du lac de Guerlédan (entre Côtes d'Armor et Morbihan).

Le retrait des eaux du lac de Guerlédan laisse voir des vestiges qui réactivent la mémoire des riverains  et une véritable remontée du temps s'opère alors avec le rappel d'événements parfois heureux mais aussi souvent tragiques comme des accidents mortels (dans les nombreuses carrières englouties ou dans le canal lui-même). La photo prise à proximité de Trégnanton début avril 2015, montre une porte d'écluse sur l'ancien canal de Nantes à Brest et sur laquelle on aperçoit encore le reste de passerelle à pied et l'intérieur de l'écluse chargée de sédiments et bois divers. On observe aussi malheureusement des quantités de déchets imputrescibles (verre, plastics) qui témoignent de l'indifférence des gens vis à vis de la nature et de l'environnement.
Sur cette deuxième vue prise au même endroit, on aperçoit bien la maçonnerie particulièrement soignée de l'écluse. Ces maçonneries ont été réalisées par des ouvriers creusois avec du granite bien breton. Les bâtisseurs du canal de Nantes à Brest n'ont pas , en effet, utilisé uniquement des bagnards pour le percement du canal. Il y avait aussi des volontaires locaux, parfois débauchés d'activités locales importantes comme sur le tronçon Gouarec- Saint Aignan où l'extraction de minerai de fer à destination des Forges des Salles en Quénécan subira cette pression sur la main d'oeuvre. "L'élite" si l'on peut dire  était donc constituée par les maçons des écluses (ceux qui ont également construit le Paris Haussmannien).
Devant Kériven apparaissent les maisons et les endroits comme cette ferme avec son alignement de pommiers près du canal ainsi que les endroits dont certains sont attachés à des drames comme ce meurtre d'un contremaître ardoisier de St Gelven, Joseph Lannezval par trois ardoisiers de Caurel. Ces trois ouvriers sont jugés en 1889 et deux d'entre eux, reconnus coupables (les raisons de ce meurtre restent assez confuses et seraient liées à un conflit à propos d'ardoises (au "chantier des Gaulois" selon la tradition orale) sont condamnés à 15 ans de bagne. Nommés Misère et Fioche, seul ce dernier reviendra au pays en 1904 et montrera encore bien des années plus tard les traces de ses fers aux habitants du pays, tous convaincus de son innocence. Ces souvenirs de l'époque du canal et des ardoisières (qui fonctionnent du XVIIe au début du XXe siècle) ont été transmis par les anciens du pays comme Yves Marie Galiot, ardoisier bien connu de Caurel.
Sources:"Les Forges des Salles" par André Le Coroller; synthèse des archives privées des Forges des Salles. Marie Noelle Le Mapihan, petite fille de l'ardoisier Yves Marie Galiot, chanteuse et "mémoire" de Caurel.

dimanche 5 avril 2015

Guerlédan

Racetrack Playa à Trégnanton?


Un habitué du canal de Nantes à Brest du secteur Caurel- St Gelven (22) s'inquiète de voir des blocs de plusieurs dizaines de kilos se déplacer d'un jour à l'autre vers le lit du Blavet en laissant une trace dans la vase (au lieu de s'enfoncer dedans comme le fait ce même jour d'avril un malheureux visiteur piégé dans la vase et dégagé par les pompiers). Ce phénomène ici compréhensible par l'association de la viscosité naturelle de la vase et la gravité (il y a une légère pente vers le Blavet canalisé) peut faire penser aux pierres mouvantes de la Vallée de la mort en Californie (Racetrack Playa) où le mystère des pierres mouvantes a longtemps alimenté tous les fantasmes!
La Vallée de la mort est une surface horizontale et les pierres changent de direction, ce qui complique l'interprétation néanmoins toujours rationnelle et géologique (la nature pétrographique du substrat et la présence périodique de glace permet d'expliquer le phénomène). Les choses sont ici beaucoup plus simples à comprendre. Ces pierres en grès armoricain (de l'Ordovicien inférieur:Arénigien) proviennent d'une purge de mur d'escalade sur la rive nord du lac. Elles ont donc un mouvement au départ qui les fait tomber sur la vase en cours de solidification. La viscosité de cette vase et la pente légère à cet endroit vers le canal explique la suite et les traces qui continuent à s'allonger jusqu'à ce que la solidification des sédiments fige le mouvement. Mais il est fortement déconseillé aux promeneurs de s'aventurer sur cette surface glissante (un arrêté préfectoral interdit l'accès au lac) et deux accidents  dont l'un a nécessité la présence d'un hélicoptère constituent déjà un avertissement à tous les imprudents.

samedi 4 avril 2015

Lac de Guerlédan

Le lac à sec: Guerlédan 2015 entre Côtes d'Armor et Morbihan




Dans la partie ouest du lac, le Blavet a retrouvé son lit canalisé, entre l'écluse Nicolo (la première après l'abbaye de Bon Repos en allant vers l'Est: n°137) et Trégnanton en Saint Gelven (22). Tout début avril, le retrait de l'eau découvre un espace gris, couvert de dépôts vaseux qui se déshydratent lentement à l'air, laissant apparaître des vestiges anciens comme cette barque que l'on devine, enfouie sous la vase.(cliquer sur la photo pour l'agrandir).



Le fond de la vallée qui commence à se craqueler sous l'effet du retrait de l'eau est particulièrement dangereux car certains endroits ne retiennent pas le poids d'un corps et l'épaisseur de vase peut atteindre plusieurs mètres à proximité du lit du Blavet. L'absence de végétation sur ce nouvel espace dégagé crée une atmosphère très particulière  que les riverains ne manquent pas d'apprécier avant les ruées touristiques de l'été.


Les écluses habituellement sous l'eau ont encore leurs portes 175 ans après leur pose (la portion costarmoricaine du canal a été terminée en 1842 et donc ouverte à la circulation des péniches après la partie finistérienne), ce qui fait 85 ans sous les eaux du lac!




Intérieur d'une écluse avant Trégnanton. L'envasement est bien visible sur plusieurs mètres d'épaisseur. La maçonnerie des écluses réalisée en granite est encore parfaitement alignée, ce qui témoigne d'une très grande qualité technique des bâtisseurs de cette époque. Ces écluses qui étaient faites pour durer n'auront en réalité servi qu'un laps de temps relativement court: du 1 janvier 1842 à 1924 (82 ans), date du début des travaux sur la base du barrage de Guerlédan. Mais à cette époque, le chemin de fer a déjà condamné le transport fluvial depuis le début du XXe siècle; la ligne Carhaix Loudéac est en effet ouverte en 1902.


Des rencontres insolites sont fréquentes dans cet espace lunaire et gris comme ce monstre momifié dans les sédiments et parfaitement conservé. Il s'agit d'une écrevisse d'eau douce qui ne semble pas bénéficier d'une très bonne réputation chez les riverains du lac. Ils la qualifient d'écrevisse américaine et donc d'importation dont la faune locale et aquatique se serait très bien passée!