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vendredi 2 mars 2018

Patrimoine de Saint Gelven: Bon Repos sur Blavet (22)

L'étrange histoire du calvaire de Trégnanton en Saint Gelven, Bon Repos sur Blavet, Côtes d'Armor.

Le calvaire de Trégnanton en décembre 2017
Le calvaire de Trégnanton devient pour moi un sujet de recherches en 2015. Cette année là, des milliers de visiteurs passent devant le monument pour descendre dans le lac de Guerlédan asséché et c'est au cours de l'une de ces expéditions au fond du lac que je découvre au détour d'une conversation avec des gens du pays que ce calvaire est une création récente d'une personnalité fort connue dans le canton de Gouarec, puisqu'il s'agit de Léon Launay, conseiller général (1960 à 1988) de ce canton et maire de St Gelven jusqu'en 1986. Avant cette découverte, j'étais persuadé que ce  calvaire qui possède dans son socle la fameuse pierre gravée du prieur Dom Jan Guégan de l'abbaye de Bon Repos était une reconstitution déjà ancienne d'un calvaire datant de 1636 (date gravée dans la pierre) et qui se trouvait sur les bords du Blavet jusque la Révolution. Il me semblait naturel que le calvaire ait été reconstitué à l'aplomb de l'ancien et bien entendu au dessus des eaux du lac! Chaque fois que je passais devant ce calvaire, je pensais à la tragique histoire de"la Demoiselle de l'abbaye" que je raconterai un jour.  Cette présence d'un calvaire sur le bord du Blavet est une découverte de l'année 2000, une période où je rédige des articles sur l'histoire du pays dans le cadre de l'association Gouarécaine "Les Historiques" et à cette occasion, je consulte des documents transmis par Annie Le Fouiller, gouarécaine passionnée d'histoire, et qui proviennent de l'ancien presbytère de Gouarec, vidé de ses archives en 1975 pour motif de vente du bâtiment à un industriel connu à Gouarec (famille Le Guéné). Parmi ces documents, un texte attribué au chanoine Guitterel, ancien curé de Gouarec de 1898 à 1920 (lire à propos de cette personnalité l'article du Kaïer ar Poher n°32 de mars 2011). Ce dernier fait état d'un calvaire sur le bord du Blavet à Trégnanton, détruit par les révolutionnaires (probablement entre 1792 et 1796) et dont les pierres seront récupérées par des paroissiens. Il parle aussi des actions de mise à l'abri de statues à Gouarec comme ND de la fosse et St Gilles. Ces dernières informations seront reprises par Soeur Geneviève  (des Augustines de Gouarec) dans un texte sur Gouarec et son histoire, puis par Pierre Le Dour et moi-même dans "Gouarec, Découverte du patrimoine" d'octobre 2014.
Pierre gravée de Dom Guégan, prieur de Bon Repos en 1636
En 2016, je retrouve la trace de cette pierre gravée dans le livre de Marc Jeanlin "Bon Repos, un site de confluence au coeur de la Bretagne" hors série n°4 édité par le CGHP. Mais ce dernier interprète un texte publié dans Gallica par Paul Guégan en 1878 (P69, note de bas de page qui parle des allées couvertes du Liscuis et décrit la pierre de Dom Guégan) en émettant l'hypothèse que la pierre ait pu faire partie d'un calvaire situé au Liscuis.  Je ne crois pas à cette hypothèse car la pierre se situe avant 1980 dans le socle d'un calvaire situé sur les landes de St Gelven entre Les Granges et Le Longeau. L'expression "non loin de là" (et non "à proximité") est compatible avec les landes de St Gelven qui sont sur l'autre rive du Daoulas par rapport aux allées couvertes du Liscuis. Alors comment et pourquoi cette pierre gravée se retrouve dans le socle d'un calvaire positionné selon l'ancien cadastre de la commune, sur les hautes terres du Longeau? Ce calvaire est connu comme le calvaire du Longeau, à la croisée de voies antiques et romaines. Ce calvaire est abîmé par une chute d'arbres, et laissé en l'état. Il est démonté pour créer celui, actuel, de Trégnanton. Ainsi la croix du calvaire et son socle granitique sont du calvaire du Longeau,la hampe raccourcie de quelques centimètres et à laquelle est rajouté le socle ou soubassement en schiste avec la pierre du prieur Guégan. Le monument est réalisé à l'initiative de Léon Launay et inauguré en 1981 (le curé de Gouarec qui participe à cette inauguration est François Failler).Je retrouve donc, grâce à Marc Jeanlin, l'un des constructeurs de ce calvaire: Mr Henrio de St Gelven qui me confirme l'origine des pierres.Nous savons aussi que  Trégnanton est une des premières propriétés des moines, Troguénanton en 1184, étant la première donation à l'abbaye du Vicomte Alain III de Rohan (vallée du Blavet de Gouarec à Troguénanton: charte de fondation de l'abbaye de Bona Requie).Alors en 1981, Léon Launay imaginait-il qu'en construisant un calvaire à Trégnanton en y intégrant la pierre du prieur Guégan, il ramenait la pierre à ses origines? Etrange histoire en effet, et hasard troublant....

2 commentaires:

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  2. Ce texte est un extrait d'une étude plus complète intitulée "Les calvaires baladeurs de Saint Gelven" sur un patrimoine rural encore parfaitement visible. Le cadastre dit "Napoléonien" recense pas moins de 12 calvaires sur le territoire de cette commune en 1850!

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