Le jardin de Coatcouraval avait sans aucun doute une grande importance pour la famille propriétaire et en particulier pour le comte Antoine Rouillé D'Orfeuil (1904-2000).
Je ne résiste pas à l'envie de rapporter ici le poème "Le jardin à l'envers" avant que le temps et les lichens ne l'aient effacé de la pierre sur laquelle il est gravé.
"Le jardin à l'envers.
J'aime mon jardin. Mon jardin me ressemble
lui, nourri de la terre et moi, nourri du lait
Nous nous sommes éveillés ensemble.
Sur ma route, un bon vent a soufflé dans
les voiles d'une fille aux yeux bleus.
Abeilles et pollens, pistils et papillons
ont pris les rendez-vous.
J'aime mon jardin. Mon jardin me ressemble.
Nous avons aimé ensemble.
Les enfants ont couru, la terre de
mon jardin est devenue leur jeu.
Alors les fleurs éclosent jouèrent avec
mes yeux, embaumèrent la maison.
J'aime mon jardin. Mon jardin me ressemble.
Nous avons joué ensemble.
Terrasses des jardins de Coatcouraval en 2015 |
Les robes de mon jardin, arlequin des
couleurs, au rythme des saisons
sont devenues ma fête. J'ai offert en
échange ma gaieté au jardin.
J'aime mon jardin. Mon jardin me ressemble.
Nous avons dansé ensemble.
Ma vie s'en est allée au bras d'un
chrysanthème, la terre a fermé ses sillons.
La chanson muée en requiem, le brouillard
a brouillé nos décors enchantés.
J'aime mon jardin. Mon jardin me ressemble.
Nous nous sommes souvenus ensemble.
En sommeil sans soleil, mon jardin
devient songe. Mon jardin sous la terre
A-t-il encore un sens, sens dessus dessous
un jardin a-t-il le sens commun?
J'aime mon jardin. Mon jardin me ressemble
Nous avons douté, puis redouté ensemble.
Mon jardin à l'envers fourmille de promesses,
de germes, de ferments, et des fleurs de demain.
J'aime mon jardin. Mon jardin me ressemble
Tous deux nous revivons ensemble.
Hier n'était qu'hier, aujourd'hui c'est demain."
Antoine Rouillé D'Orfeuil