Libellés

mercredi 28 novembre 2018

Poème

Maison au clair de lune

La maison solitaire
Dans son jardin l'hiver
Sous la clarté lunaire
Se confond aux rochers
Photo du 20-03-2018
En nuances bleutées
Des ardoises mouillées

 Son sommeil est profond
Son âtre sans tisons
Le présent se morfond
Elle s'endort porte close
Sur ses murs plus de roses
La maison se repose...

Et l'absence de vie
D'un présent déconfit
Sous la lune qui luit
Ne dit rien de ce temps
Des souvenirs d'antan
D'un éternel printemps

Je repense aux matins
Aux suaves parfums
Des roses du jardin
A ces rires et ces larmes
Qui parfois me désarment,
Aux instants qui me charment

Sans regrets ni rancune
Sous le beau clair de lune
Entre ajoncs et callune
Je m'éloigne sans bruit
De la maison transie
De silence et d'oubli.

dimanche 25 novembre 2018

Patrimoine de Saint Aignan, Morbihan

Entre Saint Aignan et la chapelle Sainte Tréphine, sur le chemin rive droite du Blavet, sous puis au-dessus du barrage de Guerlédan (Morbihan), une promenade dans un lieu unique et imprégné de légendes, à faire sans hésiter...

Lorsque l'on sort de Saint Aignan en allant vers le barrage de Guerlédan, on grimpe assez rapidement sous le couvert forestier de Quénécan et on découvre à mi-pente, cette fontaine qu'un ancien texte (1891) de J-M Le Mené, décrit comme la fontaine de Ste Triphine et St Trémeur, objet d'une dévotion qui se manifestait par d'importantes processions (il signale jusqu'à 2000 personnes à cette époque, fin XIXe). Mais aujourd'hui, cette fontaine qui n'est donc pas très ancienne dispose d'une statue dans sa "niche" ornée qui ne correspond ni à Triphine (aujourd'hui Tréphine), ni à son fils Trémeur. Il s'agirait plutôt ici  d'un Saint comme Saint Aignan, le patron de la paroisse. En 1897, la petite chapelle de Sainte Tréphine est érigée sur la hauteur qui domine le barrage et que l'on nomme Castel Finañs, une ancienne place forte Carolingienne décrite par de Keranflec'h, l'archéologue du XIXe qui a également fouillé Castel Cran, un fortin de même époque à la confluence du Blavet et du Pouldu en allant vers Gouarec et proche de l'écluse de Saint Hervé.
Cet endroit de Castel Finañs correspond aussi à une zone
d'affleurement des grès-quartzites (de l'Ordovicien), dits armoricains, une roche grise particulièrement dure et siliceuse qui a été exploitée en carrière pour réaliser le barrage de Guerlédan à partir de 1924. Le site a donc été fortement modifié au début XXe comme sur la rive gauche, le site de Trévéjean où la même roche était extraite. L'emplacement de Castel Finañs présente quelques similitudes avec la butte de Castennec, plus au Sud, et permet de contrôler ce "verrou" sur le Blavet que représente cette gorge escarpée. Ces structures militaires du IXe siècle sont devenues dans l'imaginaire collectif, les ancrages de récits légendaires qui impliquent de célèbres personnages comme Conomor, Tréphine et son fils Trémeur, Saint Gildas..., et cette légende va se développer jusque Carhaix (avec son église Saint Trémeur), en passant par Sainte Tréphine et son célèbre lec'h en granite cannelé, commune des Côtes d'Armor entre Gouarec et St Nicolas du Pélem.
NB: voir infobretagne, patrimoine de Saint Aignan.

dimanche 18 novembre 2018

Le Bel Automne à Correc en Saint Gelven, Bon Repos sur Blavet, Côtes d'Armor

Parler couleurs, terres et pierres au manoir de Correc, Bon Repos sur Blavet (22)...

Correc, logis principal le 18 novembre 2018
Quel meilleur endroit pour parler des couleurs et des matériaux naturels utilisés pour sa construction, que le manoir de Correc? Le 18 novembre, par une journée ensoleillée (mais froide!), plus de 50 personnes étaient présentes sur le site pour la visite du manoir et la causerie sur les couleurs. Un précédent article du 20 novembre 2017, il y a donc exactement un an, retraçait l'historique de ce fief dont on retrouve les traces dès le XIIIe siècle avec le mariage d'Alain VI de Rohan et Isabeau, Dame de Correc (voir l'article en question sur ce blog avec mention du blason "écartelé" des seigneurs de Correc sur l'église de Saint Ygeaux). Ici le bâtiment est en partie du XVIe et XVIIe siècle, modifié en 1662 et 1667. Son entrée particulièrement soignée est du début XVIe. Cette intervention sur Correc, malheureusement trop courte a généré l'envie de renouveler le thème en prenant cette fois plus de temps pour admirer la polychromie de cette façade avec son originalité exceptionnelle par l'absence de pignons droits (les côtés du logis principal sont courbes). Les matériaux utilisés dans cette façade illustrent également la diversité et la complexité de l'histoire géologique du pays. On retrouve en effet des schistes clairs du Briovérien associés aux schistes mordorés du Liscuis, schistes également ferrugineux de Laniscat, granite de St Nicolas du Pélem, granodiorite de Plélauff, enpierrement de quartz laiteux coloré par les hydroxydes de fer de la cour intérieure etc... Saluons donc cette belle initiative de l'Office de Tourisme du Kreiz Breizh et les propriétaires de Correc (famille du Peyroux)pour la sauvegarde de ce joyau du patrimoine local.

lundi 12 novembre 2018

Méditation philosophique

Forum de philosophie du Monde au Mans du 9 au 11 novembre 2018

Pour son trentième forum de philosophie dans la ville du Mans, le journal Le Monde intitulait le thème abordé: "Tous philosophes?" et invitait pour en débattre, une quinzaine de philosophes dont également un sociologue et une sinologue. Je retiendrai en particulier de ces trois jours, les interventions d'André Comte-Sponville et de Raphaël Enthoven, interventions particulièrement percutantes. Pour Comte-Sponville, on ne naît pas philosophe, on le devient en développant sa propre pensée à la lecture des grands philosophes du passé et en ce sens, la philosophie est  un travail et un combat, ce qui la distingue de la sagesse qui est une paix et un repos. Et je me souviens d'un passage sur "Le bonheur désespérément" dans lequel il disait aussi: "Croire un peu moins et connaître un peu plus, espérer un peu moins et agir un peu plus, et dans l'ordre affectif ou spirituel, espérer un peu moins et aimer un peu plus." Raphël Enthoven (philosophie sur ARTE) pose la question: qui n'est pas philosophe? Qui ne sait pas qu'il va mourir? Qui ne sait qu'il est né par hasard dans un monde qui s'en moque totalement? Pourtant, c'est souvent le déni qui répond au désarroi. D'autres préfèrent la vérité qui dérange à l'illusion qui réconforte et consentent à l'âpreté du monde, choisissant de l'aimer malgré lui.
Un consensus se dégage sur le fait que les temps actuels sont particulièrement inquiétants: pertes des repères, absences de perspectives, repli dans tous les domaines, montée du populisme, refus du dialogue, exaspération et verbe outrancier et très souvent excessif (il suffit de voir la prolifération des pages délirantes sur internet et y compris par des auteurs qui s'imaginent objectifs!).Il y a bien une différence entre polémistes et philosophes!
Face à ce monde contemporain anxiogène, sagesse et philosophie deviennent essentielles et plus nécessaires qu'il n'y paraît!

mercredi 7 novembre 2018

Paléontologie à Guerlédan

A propos des traces fossilisées de bilobites dans les grès de l'Ordovicien du fond du lac de Guerlédan, Côtes d'Armor.
Un article rédigé sur ce blog le 1 février 2016, parlait d'un bloc de grès armoricain découvert à l'occasion de l'assèchement du lac de Guerlédan en 2015, sur lequel on pouvait voir distinctement une trace de déplacement attribuée à un arthropode de l'Ordovicien et dénommée: "bilobite" ou Cruziana. Les experts, pour ce type de traces fossilifères, parlent d'ichnofossiles. Alors comment à partir de ce tracé assez long, déterminer l'animal qui en est l'auteur?
Cruziana sur grès armoricain de l'Ordovicien
Et bien c'est toute la difficulté comme les chercheurs le soulignent. C'est le cas d'Olivier Dequincey (23/05/2016) ENS/Lyon DGESCO, qui donne l'exemple des falaises de Moher en Irlande où des ichnofossiles comparables et dans des grès du Carbonifère ont été attribués à un gastéropode et non à un arthropode (donc à un animal du type escargot et non Trilobite). En regardant et en comparant de très près les formes "irlandaises" et le grès de St Gelven, on s'aperçoit que quelques différences apparaissent comme la morphologie des limites de traces et une section également plus aplatie chez l'ichnofossile irlandais. Ici, on aurait donc une véritable contre-empreinte de traces en creux qui donnent deux demi cylindres très réguliers. Le sédiment marin dans lequel se déplaçait le Trilobite était particulièrement fin et homogène.Mais aucun animal n'est présent à une extrémité de ces traces! Pour rencontrer des Trilobites fossilisés, il faut déjà être dans un sédiment du genre métapélite fine, un milieu sans doute plus réducteur. On va donc rencontrer les Trilobites dans les schistes et ceci jusqu'au Permien, c'est à dire jusque la grande crise Permo-Triasique (250Ma) au cours de laquelle se déroule la plus grande extinction d'espèces vivantes de l'histoire de la planète, dont nos Trilobites.
Parabarrandia sp
Les Trilobites sont classés en plus de 150 familles, 2500 genres et près de 20000 espèces! Il est donc tout-à-fait impossible de faire une attribution quelconque de ces formes à un animal précis. Il n'est pas interdit malgré tout de faire des hypothèses à partir de données concrètes comme le diamètre des traces moulées en surface de la roche. En effet, la  forme des bilobites donne une indication sur  la morphologie de l'animal (taille des endo et exopodites) et donc sur sa taille, car en effet l'animal qui a effectué cet itinéraire sinueux devait faire une taille conséquente, un peu comme celui photographié ici: le Parabarrandia du Llandeilien (-460Ma) qui atteignait les 20cm de longueur.Certains Trilobites pouvaient atteindre les 70cm de longueur! En Bretagne, les espèces décrites sont nombreuses (mais inférieures à 10cm la plupart du temps) à partir de l'Ordovicien supérieur, dans le Silurien et le Dévonien, étages du Paléozoïque. Citons quelques unes comme Neseuretus tristani (Llanvirn sup: -470Ma),le Kerfornella brevicaudata (Llandeilien: -460Ma), ou encore Ectillaenus giganteus du même Llandeilien moyen.
NB: ce bloc de grès d'environ 70cm dans sa grande longueur est visible  sur Saint Gelven (information en mairie). Voir aussi: paléontologie du Primaire au Museum d'Histoire Naturelle de Paris.