Patrimoine de Caurel en Côtes d'Armor

Sur les traces des cisterciens à Caurel, Côtes d'Armor

Pour faire suite aux articles du 7, 16 et 24 octobre dernier, la visite sur les traces des cisterciens de Bon Repos s'est poursuivie à Caurel dans un village nommé "Les Granges", une création des moines bien antérieure aux bâtiments encore debout aujourd'hui.

Linteau gravé en pierre bleue de Boduic (Cléguérec)

Ce magnifique linteau gravé au début XVIIIe est importé du Sud du Blavet. Il est en pierre bleue de Boduic. Cette roche était extraite de la carrière de Poulhars en Boduic qui se situe au contact du Briovérien et du Cambrien. Cet endroit au Nord de la commune de Cléguérec et proche de Sainte Brigitte a donné un grand nombre de très belles pierres d'ornement dans les constructions du pays. Il s'agit d'une cornéenne: schiste métamorphisé dans l'auréole de contact du granite sous jacent que l'on retrouve plus à l'ouest sur Silfiac.

Linteau des Granges de Caurel

Ce linteau daté de 1711, également en pierre bleue de Boduic, peut se lire: F;Fait, F: Faire, P: Par: Catherine Audrene.

Les murs sont montés en schiste ordovicien de Caurel et on trouve également dans les murs le grès armoricain qui lui aussi est Ordovicien.

Pour mémoire:

-Cambrien: 542 à 488 Ma

-Ordovicien: 488 à 443 Ma

 

 

Conférence-causerie à Saint Mayeux le 24 novembre2022

Histoire singulière du clocher de l'église de Saint Mayeux, le 24/11/2022 à 19h (dans l'église)

Façade ouest du clocher en 2021

 Depuis la restitution des travaux d'archéologie d'ARCHEODUNUM le 18 juin 2022 à la salle des fêtes de Laniscat (Jean Baptiste Vincent), les conclusions des observations réalisées dans le clocher de Saint Mayeux ont été confirmées, ce qui amène à modifier et compléter les connaissances sur ce monument historique inscrit  MH depuis le 27 mars 1926.

Ce remarquable clocher sur lequel on peut voir des éléments du XIVe siècle, XVIIe avec reconstruction en début XIXe est estimé monument du XVIIe sur lequel s'est "greffée" de manière originale une nef reconstruite avant 1835 mais surhaussée par rapport à l'ancienne nef d'avant l'effondrement du clocher de 1806. Cette chronologie de construction va se voir dans l'étude du bâti dont on peut observer les différents types de pierres utilisées et la manière dont le raccordement au clocher a été réalisé.

On sait donc aujourd'hui qu'il ne s'agit pas d'un transfert pierre par pierre comme le disait René Couffon d'un clocher de l'abbatiale de Bon Repos, à Saint Mayeux mais bien de l'ancien clocher du XVIIe remonté avec un apport important de pierres venant de cette ancienne abbatiale , ce qui n'est pas tout-à-fait la même chose.

le clocher à 21h le 24/11:2022

Présentation des observations et débat jeudi à 19h dans l'église.

Environ vingt  personnes se sont déplacées dans l'église ce jeudi soir pour entendre les observations sur le clocher et l'église. L'éclairage sur cette face ouest met bien en valeur la richesse du décor sculpté, un enrichissement hérité de l'abbatiale de Bon Repos et parfaitement intégré à cette tour-porche. Le nom du réalisateur de ce travail remarquable, entre 1807 et 1825 pour la finition,  ne semble pas figurer dans la liste des noms gravés au-dessus de l'entrée principale et reste encore à confirmer. La flèche en granite ajouré culmine à 33 mètres.

Photos: P. Jézéquel

Le patrimoine de Corlay en Côtes d'Armor

Les statues de la façade ouest de l'église paroissiale (Saint Sauveur) de Corlay

Homme couronné en armure

 Cette remarquable statue (hauteur 140cm)  a fait couler beaucoup d'encre et avancer diverses interprétations qui ne devraient sans doute plus faire débat aujourd'hui. Cette statue a été décrite par le chevalier de Fréminville, de passage à Corlay au XIXe siècle. Il décrit cette statue en 1837 dans un texte sur l'édifice. La statue est alors considérée comme celle de Saint Henri: "Cette statue a un ample manteau sur les épaules, sa main gauche tient un petit bouclier triangulaire, la droite est cassée. Mais au côté droit, un psautier dans son étui est suspendu au bas de la cuirasse(...). Sa cuirasse est un halecret formé par devant de deux pièces transversales, on y remarque au côté droit, le faucre ou pointe de fer saillante et légèrement recourbée, qui servait à mettre la lance en arrêt. Les tassettes sont composées de plusieurs lames assemblées transversalement. Toute l'armure qui était dorée porte le cachet du XVe siècle". Les habitants à cette époque considèrent cette statue comme celle de Saint Corentin (?? qui n'est ni prince ni guerrier mais évêque.Ou il y a confusion de statue et dans ce cas, l'évêque aurait été Corentin au lieu de Alain ou St Nicolas, et en Cornouaille où se trouve Corlay, pourquoi pas?).

Cette statue en grès fin de châteaulin (dit aussi grès vert de Châteaulin) représente un homme en armure de style gothique, coiffé d'une couronne ducale avec traces de polychromie. La couronne ducale à huit fleurons ne laisse pratiquement aucun doute sur  la représentation du Duc de Bretagne, mais lequel? La présence du  psautier permet  d'en déduire qu'il s'agit de Charles de Blois, homme de très grande piété (déclaré "Bienheureux" par le pape Grégoire XI). On sait que Corlay, fief des Rohan à cette époque  est dans la guerre de succession de Bretagne du côté de Charles de Blois contre de Montfort. Les Rohan possèdent alors le château de Corlay reconstruit de 1473 à 1493 par Jean II, vicomte de Rohan (Pauline Ruen).

Statue d'évêque

Cette statue d'évêque, fin XVe et de 160cm avec sa tiare, est sur le contrefort côté Sud du portail d'entrée du clocher et en position identique à celle du Duc qui lui, est côté Nord; entre les deux, une double entrée à trumeau central et façade  très ornée en granite et grand appareillage.

Cette statue également en grès vert de Châteaulin est plus altérée que celle du Duc. Son identification pose les mêmes interrogations mais avec moins d'éléments pour préciser l'identité du personnage représenté. Cette statue est donc considérée comme celle de Saint Alain que l'on peut voir sous une autre forme à la fontaine Saint Alain sur la route de Quintin en contrebas de la ville. Cet évêque, le quatrième de Quimper (troisième après Corentin) ne figure pas dans la liste des Saint répertoriés officiellement par l'Eglise, ce qui, en Bretagne n'est pas un cas rare! L'ancienne église de Corlay était dédiée à Saint Alain. Pour le chevalier de Fréminville, ce Saint Alain aurait été en réalité Saint Nicolas en habit d'évêque (qui lui figure bien dans les Saint reconnus par l'Eglise!)

Pour découvrir ce très bel édifice (pas facile à comprendre sur le plan chronologique), il existe un petit livret intitulé "Eglise St Sauveur de Corlay"  à disposition des visiteurs sur place et qui retrace l'historique: une plaquette réalisée par l'Association église Saint Sauveur de Corlay qu'il faut remercier chaleureusement tant cette initiative est rare et ce genre de document aussi pour les visiteurs de passage qui s'intéressent au patrimoine architectural ancien.

Poème

Nuit de pleine lune

Cette atmosphère qui me dérange

Et alimente mon insomnie

Serait-ce la lumière étrange

D'une lune rousse perçant la nuit?

Les pierres dressées sur les ajoncs

Où nichent encore des oiseaux noirs

Eveillent aussi des émotions

Dans l'étonnante lumière du soir

Je me souviens de mon enfance

Aux nuits étoilées d'autrefois

De lunes rousses en ascendance

Et des morsures aussi du froid

C'est bien ce froid qui a changé

Dans la ronde effrénée du temps

Verrons-nous bientôt l'oranger

Remplacer les chênes d'antan?

Dans la vieille maison silencieuse

Je rêve à l'éternel printemps

Des genets d'or et merveilleuses

Roses pourprées d'un autre temps

Je ne dors pas, la nuit je veille

Est-il encore temps de dormir

Lorsqu'à la nuit chaque sommeil

Ouvre la porte des désirs?

 

Alignements mégalithiques en Bretagne

Les menhirs alignés du Petit Menec, Morbihan

Alignements du Petit Menec, La Trinité-sur-Mer

Le Petit Menec fait partie d'un vaste ensemble d'une quarantaine d'hectares d'alignements de 3000 mégalithes, un site mondialement connu sous la dénomination de "Menhirs de Carnac". Le site du Petit Menec est situé sur la commune de La Trinité-sur-Mer, et regroupe une centaine de petits menhirs.

Le sens de cet extraordinaire regroupement de menhirs est encore aujourd'hui une énigme pour les archéologues spécialistes du Néolithique, période de construction de ces alignements (du Ve au IIIe millénaire avant notre ère). Les questions sont donc nombreuses au sujet de ces alignements et les réponses que l'on découvre sont aussi nombreuses que farfelues parfois (comme cette représentation d'une armée romaine figée et transformée en pierres, qui sont érigées depuis 4500 avant notre ère!!)

Ce que l'on peut dire sur ces alignements, c'est qu'ils sont orientés SW-NE (Nord 65°), qu'ils sont disposés en ordre croissant en direction de l'Ouest et qu'ils sont composés de la pierre locale qui est un granite d'anatexie crustale sialique à deux micas. Ce site est classé MH depuis 1889.

Voir pour info sur les mégalithes, l'excellent musée du site de Locmariaquer.