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vendredi 29 avril 2022

Fontaine Sainte Barbe au Faouët-Morbihan

La fontaine Sainte Barbe au Faouët, une autre fontaine de dévotion.

Fontaine Sainte Barbe du Faouët

Contrairement  aux fontaines précédentes de Laniscat ou de Magoar, la fontaine Sainte Barbe habille d'un petit monument, une source qui est un exhaure naturel du massif granitique dans lequel est construite la chapelle Sainte Barbe, lui donnant un cadre absolument unique en Bretagne, à flanc de roche et au-dessus de la rivière Ellé, dans un lieu magnifique qui fait la réputation de ce monument. Cette roche nommée "Roc'h ar marc'h vran" en breton (la roche du cheval corbeau) laisse supposer un lieu particulier bien antérieur au christianisme.Ce lieu se situe également sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

La fontaine est donc ici constituée d'un bâti protecteur (XVIe) en granite avec bassin unique où les pélerins buvaient une gorgée d'eau en invoquant Sainte Barbe. Cette sainte, vierge martyre du IIIe siècle est la patronne des pompiers, artilleurs, mineurs et se retrouve statufiée dans de nombreux édifices religieux car elle est invoquée pour la protection contre la foudre et les incendies, un fléau redouté depuis toujours. Si le pardon de Sainte Barbe est célébré fin juin, la fête de Sainte Barbe est  en décembre et constituait autrefois un rite des temps sombres dans le découpage du temps évoqué précédemment en parlant des celtes. Il ne fait aucun doute que cette fontaine devait précéder l'actuelle bien avant le christianisme.

Sainte Barbe décapitée


La statue en granite à grain moyen est toujours présente dans cette fontaine située dans le bois en contrebas de la chapelle, mais elle a subi, sans doute à la Révolution, une décapitation bien visible. On distingue sur le flanc gauche de la statue (à droite sur l'image), la tour crénelée qui symbolise le martyre de cette sainte, enfermée dans cette tour par son bourreau qui était aussi son père.

Une pratique que l'on peut assimiler à une superstition perdure encore de nos jours. Elle consiste à jeter dans le bassin, une pièce de monnaie en faisant un voeu ou en simple geste de reconnaissance vis-à-vis de cette sainte protectrice, toujours présente dans la mémoire des habitants, rassurés aussi par la persistance d'une eau s'écoulant de la roche à cet endroit.

Voir sur ce blog, articles antérieurs sur Sainte Barbe.

dimanche 24 avril 2022

Rituels et fontaines sacrées en Kreiz Breizh: la fontaine Saint Gildas de Laniscat - Bon Repos sur Blavet (22)

Fontaine du chien- Fontaine du chat-Fontaine de Saint Gildas à Laniscat.

"Feunteun ar C'hi- Feunteun ar C'hazh- Feunteun Sant Weltas" 

Fontaine aux trois bassins
à Laniscat, route de St Mayeux
Cette fontaine originale par ses trois bassins (la statue de Saint Gildas a disparu), se trouve à proximité et au bas de l'élévation schisteuse où se situe la chapelle Sant Weltas (Saint Gildas) du XVIIIe. Cette chapelle remplacerait un monument (tumulus) du néolithique annoncé par un menhir encore debout dans la parcelle située au Nord immédiat de la butte.(voir articles sur ce blog)

Un panneau rédigé en trois langues (breton, français et anglais) explique au passant que cette fontaine était fréquentée pour les bienfaits de St Gildas, guérisseur de la rage qui se nommait ici "droug Sant Weltas" (le mal de St Gildas). Un pardon a lieu dans cette chapelle le dernier dimanche de janvier, d'où le dicton:    " Deiz pardon sant Weltas, Kolla ar goañv ge dent bras, Pe 'bada kant deiz c'hoazh!"   

(Au pardon de Saint Gildas, Le rude hiver s'en va, Ou se prolonge de 100 jours!)

Mais pourquoi une fontaine associant le chien et le chat dans un rituel autour de l'eau?

Il faut remonter au temps des Celtes pour  approcher l'origine de ces rites  bien antérieurs aux monuments encore visibles aujourd'hui. L'année celtique comporte deux saisons: une saison sombre débutant à Samain (après le 1ier novembre, devenu la Toussaint et le jour suivant: celui des morts pour le christianisme) et la saison claire qui débute à Beltaine (1/05). C'est donc avant la "purification" d'Imbolc (le premier février) qu'a lieu le pardon de Saint Gildas (dernier dimanche de janvier). Le même rite se déroule à Magoar, un peu plus au Nord.

Fontaine de Saint Gildas (aux chiens) de Magoar 
Chaque 31 janvier, les chiens étaient amenés en procession à la fontaine, après l'office et on leur donnait à manger. Cette cérémonie devait croyait-on alors, les protéger de la rage.
Bernard Rio indique à propos des animaux et fontaines: " L'offrande du pain s'avérait le point commun entre les chiens et les chevaux. Ces animaux chtoniens fréquentaient les mondes d'en haut et d'en bas, allaient et venaient de la saison noire à la saison blanche. Le pardon des chiens en hiver à la chapelle Saint Gildas à Laniscat, le pardon des chevaux en été à Penvenan. La fontaine servait de porte spatio-temporelle pour ces messagers de l'Autre Monde. Le rite de fécondité se doublait d'un rite de protection."
Ainsi, malgré les efforts du clergé (Concile de Trente), les rituels autour des fontaines ont longtemps conservé la marque d'une ancienne civilisation qui considérait les points d'eau, ces sources de la vie, avec un infini respect,bien différemment d'aujourd'hui! Les humains associaient alors à ces rituels,les animaux comme le cheval et le chien, partenaires indispensables au moins jusqu'au siècle dernier. Mais alors le chat? Cet animal qui n'a pas la réputation d'aimer le contact de l'eau est néanmoins un partenaire des humains pour la protection des réserves de grains et doit lui aussi être protégé des maladies par les vertus de l'eau de cette fontaine sacrée.Aucun rituel n'est indiqué à propos du chat dont on peut imaginer qu'il pouvait sans doute boire quelques gouttes d'eau sacrée, être nourri comme le chien et disposer ainsi de la protection du Saint contre les maladies.
Pour Christian Le Gac, les pratiques rituelles liées aux eaux miraculeuses des fontaines sont de trois ordres: les rites de guérison (comme l'eau de la fontaine St Ignace en Ste Brigitte qui aurait guéri du typhus), les rites de divination (comme à St Efflam) et les rites de protection comme à Laniscat et Magoar. Ces rites, aujourd'hui abandonnés restent bien présents dans la mémoire des anciens.
Sources: "Sur les chemins des pardons et pélerinages en Bretagne" par Bernard Rio.
Blog de christianlegac. Infobretagne: patrimoine de Laniscat et Magoar.



lundi 18 avril 2022

Recherches INRAP: complément à l'article du 12 avril 2022

Chantier de l'INRAP sur le contournement de Rostrenen (suite)

Ancien fossé comblé vu en coupe

Sur cette vue, on distingue parfaitement le comblement d'un ancien fossé par un sédiment plus sombre qui s'arrête contre le parement du fossé où le sol en place est bien visible. Ce genre de contact permet de se faire une idée de la morphologie et de la profondeur des fossés qui ceinturaient un espace occupé par les hommes. Ici la datation n'est pas précisée (époque gauloise ou gallo-romaine).

Carte d'Etat Major de 1866

Cette carte d'Etat-Major de 1866 est intéressante car elle situe le secteur fouillé par les archéologues dans son contexte du XIXe siècle avec la réalisation depuis peu du canal de Nantes à Brest et donc de la fameuse "Tranchée du canal", creusée par les bagnards  qui ne se trouve pas très loin de la zone étudiée.Sur cette carte, la route nationale passe par la voie romaine et arrive à Rostrenen par Saint Jacques. La N164bis (Montauban-Rostrenen) est sans doute décidée par Louis Philippe en 1848. La portion Rostrenen-Carhaix (ex route royale 164) a été aménagée sous la 3e République (C.R.)


Réserve souterraine (grains)


Tous les "greniers" à céréales ne sont pas montés sur poteaux, bien qu'il y en ait un très grand nombre sur le site étudié ou à proximité. On trouve parfois des cavités (environ 1 m3 ou un peu moins) souterraines parfaitement formées ou taillées en forme de réceptacles ovoïdes ou arrondis et destinés à conserver des denrées végétales ou alimentaires. Ces cavités sont différentes des trous de poteaux qui sont cylindriques et non "ventrus" comme ce type de cavité-magasin.


PS: photos PJ, carte EM fournie par Christian Robert. 
 


mardi 12 avril 2022

Chantier de l'INRAP sur le contournement de Rostrenen, Côtes d'Armor

 l'ouest de Rostrenen vers Carhaix, visite de l'important chantier de fouilles de l'INRAP.

à la jonction du contournement et de la N164
Ce très important chantier de fouilles effectué par l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, recouvre une surface de 8 ha à proximité du croisement de la route Glomel-Kergrist-Moëlou et la N164. Il occupe tout l'espace compris entre cette route de Glomel à Kergrist à l'Est, et entre la N164 et l'ancienne route, également la voie romaine dans son extension Nord-Sud. Cette zone ne recouvre qu'une partie (importante) des indices présents dans ce secteur.

Cartes géologiques à 1/50.000 n°277 et 312. IGN


Sur la carte géologique (éd BRGM, Orléans) on peut voir que ce chantier se situe dans le carbonifère (Bassin de Châteaulin) mais très proche de l'auréole de métamorphisme du granite de Rostrenen qui affleure au Sud de la zone.

Plan des fouilles INRAP




 Sur ce plan fourni par Mr Serge Mentele, responsable des fouilles, on aperçoit les restes d'un réseau viaire (anciennes voies de circulation) et de nombreux vestiges: fossés comblés, trous de poteaux (greniers à céréales et autres constructions), zone d'inhumation (nécropole) et vestiges d'une ancienne chapelle sur l'emplacement d'une plus ancienne. Sur ce type de fouilles, on comprend très vite que l'une des principales difficultés des archéologues, est de démêler la chronologie de l'occupation de cet espace et d'en comprendre le fonctionnement à chaque période historique. Les indices vont en effet de la Tène (Ve siècle avant notre ère) au XIe siècle, en passant par l'époque gallo-romaine. Dans le questionnement des archéologues: la relation entre le réseau viaire et la voie romaine qui passe au Sud (largeur de 15m à cet endroit pour la grande voie Condate-Vorgium!).

Double fossé comblé, coupe
La visite a lieu à l'initiative de Christian Robert de Rostrenen avec l'Association de Mise en Valeur des sites naturels de Glomel (Aline Bifolchi) le jeudi 24 mars dernier par beau temps. Un compte-rendu complet de cette visite nécessiterait plusieurs pages et de nombreuses vues. Cette première vue en coupe des fossés permet d'évaluer leur profondeur et leur aspect. Les fouilles sont exécutées après enlèvement de la surface (terre arable).
Nécropole et vestiges de la chapelle (blocs à droite)


De nombreuses tombes sont découvertes dont certaines "anthropomorphes à coussinet" destinées à recevoir un corps sans cercueil et d'autres, simples cavités pour cercueil. De la chapelle, il reste notamment un empierrement de fondation à l'aplomb d'un fossé comblé dans l'un des angles de l'édifice, ainsi que les traces d'un édifice plus ancien dans le même emplacement.

Voie avec fossés et "tablier" empierré en quartz laiteux.

 propos de la relation entre le réseau viaire et la voie romaine qui passe à proximité, des recherches restent encore à terminer. Ces voies sont particulièrement soignées par l'existence de fossés latéraux et par la "surface de roulement" ou "tablier" empierré à partir de quartz blanc concassé, récupéré sur place dans les nombreuses amygdales ou filons traversant les schistes ardoisiers de ce secteur. 

Carte Cassini avec la mention "chapelle neuve"

Ce sujet montre l'importance de l'occupation du territoire depuis l'époque gauloise et jusqu'au Haut Moyen-Âge. Le nombre de vestiges de "greniers" ou réserves à céréales donne également une idée de l'importance du site et on attendra avec impatience le rapport de fouilles de l'INRAP pour en savoir plus sur ces recherches. Un grand merci à Serge Mentele pour le temps consacré à cette visite et à Christian Robert pour l'avoir initiée et pour les documents fournis.

Autres Sources:Contournement de Rostrenen: "côtes-darmor.gouv.fr". Cartes 277 et 312:IGN-BRGM, Orléans. Doc INRAP.

samedi 2 avril 2022

Expositions à l'abbaye de Bon Repos (22)

Nouvelles expositions dans l'abbaye de Bon Repos, en Bon Repos sur Blavet, Côtes d'Armor

Dans les ruines de l'abbatiale de Bon Repos

Depuis hier, premier avril, il est possible d'admirer à l'abbaye de Bon Repos  une installation artistique

nommée:"Au-delà" de Cédric Verdure, aidé par l'équipe de bénévoles de l'abbaye comme à chaque résidence d'artiste dans ce lieu historique , qui investit l'ancienne abbatiale, nécropole des vicomtes de Rohan jusque la fin de XVIe siècle. Ces créatures fantomatiques, réalisées en grillage façonné pour créer des silhouettes que le visiteur de passage imagine tout droit sorties du Moyen-Âge, font penser à une sorte de réveil étonnant des personnages qui ont fréquenté cette abbatiale cistercienne à l'époque de sa splendeur, entre le Moyen-Âge et les guerres de Religion.


Dans le transept Nord de l'abbatiale...

Résurgence fantomatique d'un passé où les vicomtes de Rohan et les abbés étaient inhumés dans le choeur de l'église abbatiale. (Au cours des fouilles des années 80, les ossements ont été regroupés et transportés dans le cimetière de Saint Gelven). Aujourd'hui, il ne reste que la base des murs et piliers.

Dans les pas d'Alice



Dans la même abbaye , mais cette fois dans les bâtiments de la façade Sud-Est, une autre exposition attend le visiteur: "Dans les pas d'Alice",de Dominique Richard, une immersion dans l'univers d'Alice, l'héroïne du roman de Lewis Carroll ("Alice au pays des merveilles"). Sur ce thème, plusieurs salles nous replongent dans l'atmosphère fantastique d'Alice dans son merveilleux pays! Un voyage qu'apprécient les enfants mais aussi les parents!