Libellés

mercredi 31 janvier 2024

Poème

Rouge crépuscule

Le jour enfin s'allonge, le soleil prend son temps

Enflammant l'horizon vers un Ponant tranquille

La campagne s'endort en ignorant les villes

Et le silence confirme une pause des vents


Les vieux chênes moussus, le décor forestier

Aux arbres dénudés, en immobile attente

Raniment encore le soir une belle impatiente

Un souvenir mouvant sur des sentes oubliées


Je vis des sensations dans l'ombre qui descend

Où la mémoire active interroge le mystère

La force des sentiments au syndrome délétère

Pour une âme captive, égarée dans son temps!


En ayant évité la force des habitudes

Ces chemins balisés de rituelles coutumes

Saurons-nous échapper au trop plein d'amertume

Qui efface dans le coeur nos rares  certitudes?


Ce monde n'est pas le nôtre, nous vivons hors du temps

Poursuivons sans regrets nos rêves éveillés

Dans la pourpre du soir d'un ciel enluminé

Aspirons désormais à l'éternel printemps!

mardi 23 janvier 2024

Patrimoine de Lescouët-Gouarec en Côtes d'Armor

De Bon-Repos à Lescouët-Gouarec, une statue chargée d'histoire...

C'est en effet dans l'église Saint Gwénaël de Lescouët-Gouarec (1682-1848) que l'on trouve encore aujourd'hui une statue polychrome dont l'inscription sur son socle indique son origine: Notre Dame de Bon-Repos. Il s'agit d'une statue qui ornait l'abbatiale  de Bon-Repos avant la Révolution. La raison de ce transfert après la période troublée de la Révolution est encore inconnue aujourd'hui.

N.D. de Bon-Repos
Cette statue  qui ramène à l'abbaye de Bon-Repos permet aussi de s'intéresser à l'église du centre bourg de Lescouët qui l'abrite aujourd'hui avec une autre statue, celle de Saint Roc'h, héritée cette fois de la chapelle Saint Roc'h disparue vers le milieu du XXe siècle et qui se trouvait sur le tracé de la route Gouarec-Pontivy, au lieu-dit Saint Roc'h, un endroit  nommé Saint Serge Martyr au IXe siècle (Cartulaire de Redon).

L'église en croix latine est donc relativement récente dans sa forme actuelle. Les références à une église sur Lescouët-Gouarec remontent à 1387 (toujours sous le vocable de Saint Gwénael ou Guénaël)sans que nous sachions si le bâtiment du XIVe siècle était érigé au même endroit. Un aveu de 1566 indique que le Seigneur du Crénard avait "prééminences, privilèges, tombes, enfeux"...dans cette église. Après le Concordat de 1801, la paroisse qui dépendait du Diocèse de Vannes passe dans celui de Saint Brieuc. 

Pignon Ouest au clocher (XVIIe)


Du bâtiment actuel, seul le pignon Ouest est du XVIIe siècle. Il diffère du reste de l'édifice par sa maçonnerie en grand appareillage de granite avec clocher ajouré et porche d'entrée à encadrement de contreforts, une qualité de maçonnerie que l'on ne retrouve pas dans le reste de l'édifice. Ce clocher est daté de 1682 et remplace donc un édifice beaucoup plus ancien.

Au moment de sa construction le Seigneur du Crénard est le baron Yves de Gouezbriand (ou Goësbriand). Dans la succession de la seigneurie du Crénard, on peut trouver Morice de Quénécan en 1427, Jehan de Keranechan (Quénécan) en 1448, Lancelot de Quénécan en 1460 (armoiries dans la chapelle de Gwirmane), Louis de Caranecan (Quénécan) en 1532...Lescouët-Gouarec, ancienne trève de Plélauff se situe dans le terroir Pourlet jusque Saint Roc'h où elle passe à l'Est en koste 'r c'hoed.

NB: sources "Bon-Repos, Un site de confluence au coeur de la Bretagne" par Marc Jeanlin, Cahier du Poher hors-série n°4-2015 CGHP. Patrimoine de Lescouët-Gouarec,texte et dates J.M. Le Mené 1891.

jeudi 18 janvier 2024

Poème

 Ambiance hivernale

Un grand chêne sous le gel est nu

Son feuillage en hiver, perdu

Mais le lierre est son habit vert

Qui protège encore, je l'ai vu

Un oiseau de nuit solitaire

chêne sur Roche à Rosquelfen

Par les bois gris et malmenés

Souches éparses, branches cassées

Domine le rocher du Conseil

C'est dans ce décor dénudé

Sous un froid vif que l'oiseau veille


Le silence glacial étonnant

Précède un soir vers l'Orient

Le pâle éclat d'une lune pleine

Lorsque l'oiseau en hululant

Perce la nuit sur le grand chêne


Dans la vallée jusqu'au Blavet

Ce chasseur furtif et discret

Accomplit un rite immuable

C'est vers Toul Goañv que va l'effraie

Effraie: dessin Michel Sibéril
En quête de proies vulnérables


Hiver enfin, étrange ambiance

Gelées et pluies en alternance

Habillent le temps de la saison

L'oiseau n'a cure de ma présence

Près des vieux murs de la maison


Méditation dans la pénombre

L'effraie, le chêne, les rochers sombres

Jalonnent un bref fragment d'histoire

Ballet des lumières et des ombres

Que je conserve en ma mémoire.




vendredi 12 janvier 2024

Patrimoine de Perret en Bon-Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

Les blasons de la chapelle de Gwirmane en Perret

Dans la très belle chapelle de Gwirmané qui est implantée sur une hauteur dominant le pays à l'Ouest du bourg de Perret (vestiges du XIVe, XVI-XVIIe, Pignon Ouest: XVIIIe), le visiteur aperçoit sur le bloc de granite porteur de la statue de Saint Maudez, dans le transept Sud, un blason divisé verticalement en son centre, ce qui se nomme "parti" en héraldique et qui correspond à l'accolement de deux blasons différents, une alliance symbolique notée et dessinée par Frotier de la Messelière en 1930.

Dessin Frotier de la Messelière
Ce dessin représente donc la statue de Saint Maudez (écriture: Maude) en évêque. Il s'agit d'un saint breton dit "mythique" car non reconnu par l'Eglise Catholique. C'est un personnage ayant vécu au V ou VIe siècle, d'origine Irlandaise qui serait issu de l'émigration bretonne en Armorique durant cette période (estuaire du Jaudy et Trieux: Lanmodez en Côtes d'Armor).
Ce saint thaumaturge (qui fait des miracles) était réputé pour guérir des aveugles, des sourds et des paralytiques; également évoqué contre les infestations de vers (wikipedia). Pas moins de soixante chapelles sont dédiées à ce saint, ce qui illustre sa popularité en Bretagne.
Maudet en gallo, Maodez en breton, Mawes en cornique, Maudez en français.
Le dessin montre sur le support de la statue un "dragon" ou "lion" porteur d'armes devant lequel on observe Parti avec hallebarde et parti à l'aigle "à la cotice brochant sur le tout" (barre diagonale).
Dessin de Frotier de la Messelière en 1930


Dans le deuxième dessin nommé Perret, Frotier de la Messelière nous indique qu'il s'agit des blasons respectifs de Lancelot de Quénécan et de Marie du Guesclin, mariés vers 1460.
On voit en effet dans les nobiliaires bretons un de Quénécan, Seigneur de Crénard ou Crénars dont les armoiries sont: "D'or à deux hallebardes adossées de gueules" (également armoiries de Jeanne de Quénécan) 

Lancelot de Quénécan, Seigneur de Crénard, PJ2024
Les descriptions héraldiques donnent les illustrations ci-dessous qui permettent de comprendre comment les deux blasons sont associés dans la sculpture qui n'a plus sa polychromie d'origine, élément non négligeable pour identifier les familles concernées.

Famille du Guesclin, dessin P.J 2024


Pour Marie du Guesclin les armoiries sont: "d'argent à l'aigle bicéphale éployée de sable becquée et membrée de gueules, à la cotice de même brochant sur le tout", ce qui pour les non initiés veut dire un blason couleur argent avec un aigle bicéphale noir aux becs et pattes de couleur rouge et une "bande" diagonale appelée "cotice" également rouge, traversant le tout.
Ces deux personnages sont les bienfaiteurs de cette chapelle au XVe siècle. On trouve également dans le testament du 9 avril 1428, un don de 20 sols à la chapelle par Marguerite de Bretagne, comtesse de Porhoët, ce qui confirme l'existence de la chapelle avant cette date.(infobretagne).
Blason du Pontavice

Un autre blason est visible dans la chapelle, au centre de la poutre de gloire, mais sans les couleurs qui sont "d'argent au pont à trois arches de gueules maçonné de sable" qui est de Pontavice, famille propriétaire de Quénécan, fournisseur du bois pour la restauration du monument.

NB: Grand merci à Jérôme Caouën pour les dessins de Frotier de la Messelière ainsi qu'à Pierre Le Dour pour son aide.

mercredi 3 janvier 2024

Début d'année 2024 pluvieuse à Bon-Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

Rivières en crues en ce début 2024, le Blavet à Bon-Repos le 3 janvier

Le Blavet à l'écluse de Bon Repos le 3/01/2024
Dans la nuit du 2 au 3 janvier, des trombes d'eau se déversent sur le pays et l'écluse de Bon-Repos disparaît sous les eaux. La photo prise le lendemain après-midi montre déjà une baisse de quelques dizaines de centimètres des eaux qui restent tumultueuses et débordent encore sur le halage et les prairies attenantes.

Vue du pont vers l'abbaye

 

Le Blavet entre Saint Hervé et Bon-Repos
Entre l'écluse de Saint Hervé et celle de Bon-Repos, le Blavet canalisé est sorti de son lit et interdit l'accès au chemin de halage.
Côté Est vers l'écluse des Forges
Côté Est, la route qui longe le canal pour aller vers les Forges est coupée par la crue, alimentée par le ruisseau de Pont Lann au niveau du Verry. L'accès aux Forges des Salles se fait exclusivement par la route de la "Croix rouge"qui monte derrière le bar près du pont.
Le pont de Bon-Repos vu de l'écluse

Le pont de Bon-Repos a été construit par les moines cisterciens de l'abbaye proche à l'époque médiévale. Il a été remplacé au XVIIe siècle par le pont actuel qui comportait 10 arches. Certaines de ces arches ont été détruites ou bouchées pour des raisons diverses au XIXe siècle: passage des péniches face à l'écluse, passage du chemin de halage, renforcement de la chaussée face à l'ancien moulin à la confluence du Daoulas et du Blavet. Ces modifications  ont réduit la possibilité d'écoulement des eaux dont l'ouvrage des moines tenait compte. Cet ouvrage a résisté plusieurs siècles  et reste en usage aujourd'hui, ce qui démontre la grande compétence des moines, non seulement comme bâtisseurs, mais aussi comme ingénieurs en hydraulique qu'ils maîtrisaient au point de créer un ouvrage d'art adapté au fleuve et à ses crues dans le contexte morphologique particulier d'une vallée encaissée qui fait aussi son charme et sa beauté.