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dimanche 30 octobre 2022

Patrimoine de Corlay en Côtes d'Armor

La fontaine Saint Alain de Corlay en Côtes d'Armor

Le premier janvier 2018, je rédigeais un article sur ce blog à propos de cette fontaine située à la sortie de Corlay en prenant la direction de Quintin et je notais la disparition de l'une des deux statues  présentes à l'origine, celle de Saint Jean Baptiste remplacée par une petite statue en bois.

Ancienne carte postale autour de 1900
Sur cette ancienne carte postale (éditions J Sorel, Rennes), on peut voir la fontaine et son mur pignon à ouverture en arc brisé ou ogive moulurée abritant deux statues dont la plus claire et la plus grande est celle de Saint Alain (écriture Allain sur la carte postale) et l'autre à gauche sur la photo, celle de Saint Jean Baptiste. Cette construction est datée du XVIe siècle et habille une fontaine qui elle, correspond à une source présente à cet endroit  bien avant l'ère chrétienne.

la même fontaine en janvier 2018


En janvier 2018, la photo prise au même endroit montre que la statue de Saint Jean Baptiste a disparu et a été remplacée par une statue plus petite en bois.

Date de la disparition ou du vol??


la fontaine en 2022



La vue de cette fontaine prise en 2022 montre que la statue en bois de Saint Jean Baptiste a été remplacée par une nouvelle statue en granite cette fois et mieux proportionnée à celle de Saint Alain, toujours à sa place.

C'est l'occasion de préciser que la statue de Saint Alain qui est donc d'origine, est réalisée dans du grès vert de Châteaulin et n'est pas sans rappeler la finesse des sculptures du célèbre sculpteur Julien Ozanne dont on peut admirer le travail dans la même roche et dans les éléments du calvaire de Pleyben, éléments associés aux sculptures dans du kersanton cette fois des célèbres sculpteurs Bastien et Henry Prigent. 

lundi 24 octobre 2022

Patrimoine de Saint Gelven, Bon Repos-sur-Blavet en Côtes d'Armor

Sur les traces des cisterciens de Bon Repos à Saint Gelven, Bon Repos-sur-Blavet (22570)

Les informations encore accessibles aujourd'hui par les travaux des historiens et archéologues sur le patrimoine d'une seigneurie ou d'un domaine ecclésiastique comme une abbaye, c'est-à-dire tout ce qui entre dans le "temporel" de celle-ci, sont dispersées dans des documents d'archives tels que tenanciers, censiers ou terriers qui constituent de véritables inventaires et la mémoire d'une époque dont les vestiges se font rares.

Panneau d'information:"Sur les chemins de Corot"


En visitant le bourg de Saint Gelven, sur l'ancienne place de la bascule, le visiteur trouvera ce panneau d'information illustré de dessins du célèbre peintre Jean-Baptiste Corot, dessins qui représentent l'ancien édifice religieux qui précédait l'église actuelle relativement récente(XIXe). Cet édifice était une oeuvre des moines cisterciens qui avaient une importante maison à proximité immédiate de l'église et dont il reste quelques éléments du XVIIe siècle.(Fadila Hamelin)

Agrandissement: détails


Le fond cadastral représenté ici permet de situer l'ancienne église et la propriété des moines dans Saint Gelven.

Mur ouest de l'ancienne propriété des moines






De l'ancienne résidence des moines dans le bourg, il reste ce mur et la tour carrée d'angle ainsi que la conduite de cheminée ouest sur le bâtiment principal. Ce site avait la caractéristique de contenir la prison des moines (prison dépendant de leur juridiction).

Vue côté Nord, pignon à semi-tourelle(four)
Il reste également ce pignon à semi-tourelle dont la base est réalisée en grès rouge du Dévonien, le niveau exploité, y compris du temps des moines pour la production du fer. L'extraction du minerai va se poursuivre dans ce secteur de Saint Gelven jusque la fin du haut fourneau des Forges des Salles (fin XIXe) et des travaux de reconnaissance des réserves seront encore entrepris en début XXe siècle comme sur Rosquelfen.


mercredi 19 octobre 2022

Carte blanche et patrimoine de Saint Brigitte (Morbihan)

Carte Blanche et Patrimoine de Sainte Brigitte en Morbihan ou: "des archives au fer".

Affiche de la Carte Blanche
La Carte Blanche du Dimanche 30 octobre (16h à la salle des fêtes de Sainte Brigitte) à Pauline Rolland-Lemée est une nouvelle occasion d'aborder un aspect du patrimoine par la généalogie successorale. C'est  aussi pour moi l'occasion de parler dans cet article, d'un héritage également très ancien qui concerne l'activité sidérurgique autour du fer, un élément indissociable de l'Histoire du pays.

Mais tout d'abord, précisons que l'objet de la Carte Blanche du 30 octobre est "De l'ancêtre à l'héritier", un thème qui aborde un aspect de la recherche en Histoire. Pauline Rolland-Lemée habite en effet dans une des plus anciennes maisons de Sainte Brigitte (voir l'article sur ce blog du 25 février 2020). Elle est  généalogiste successorale de formation et a créé sa propre entreprise: GénéaWest, il y a plusieurs années. Elle va donc parler de ce métier dans le cadre d'un exposé illustré de nombreux cas concrets et d'anecdotes drôles ou surprenantes. Comme d'habitude cette rencontre est gratuite et conviviale (gateaux, boissons bienvenues), en permettant d'échanger sur ce thème.

Ce très ancien village de Sainte Brigitte, dit le Roc'hello est cité dans le cartulaire de Redon comme étant sur le passage du "Chemin du roi Salomon", et comme ce texte, l'un des plus anciens connu de Bretagne est daté de 871 (IXe siècle), on imagine bien qu'il y avait une raison pour que ce lieu existe depuis si longtemps. L'explication se trouve dans les textes qui concernent les premières exploitations du fer par les "magnae ferrariae" des moines irlandais du Haut Moyen-âge, qui exploitaient le minerai de fer par fourneaux portatifs dans la forêt de Quénécan (La sidérurgie armoricaine: Léon Puzenat 1939).Ainsi le sujet du fer permet de remonter le temps encore plus loin.

oxyhydroxydes de fer brut

On sait que la réduction des oxydes de fer ne peut se faire qu'à partir de 900° et qu'à cette température, ce sont des "loupes"  ferreuses qui peuvent être produites à partir de ces bas-fourneaux. Il faut donc un minerai adapté à cette forme encore frustre d'exploitation et celui du Ruello est adapté puisque constitué de minerai Ordovicien à hématite, thuringite et magnétite, c'est-à-dire d'oxydes et hydroxydes de fer dont la réduction est plus facile à faire que les minerais carbonatés de type sidérose (qui existent aussi sur Ste Brigitte) que l'on trouve surtout en imprégnation des grès du Dévonien dans les Landes du Liscuis en Laniscat ou Saint Gelven, au Nord du Blavet mais aussi vers Silfiac et Lande de Gouarec en Plélauff.

Fer oolithique à  oxydes de fer

En effet, la température de fusion du fer pur est de 1535° ce qui impose une technologie de type Haut-Fourneau qui lui, peut monter à 1600° et produire de la fonte sous forme liquide comme ce sera le cas aux Forges de Guénault jusque la fin du XIXe siècle. Les scories ou résidus solides dérivés de cette forme de traitement n'auront donc pas la même composition que les très anciens résidus des bas-fourneaux, une constatation qui intéresse les archéologues car ces résidus entrent dans les moyens de datation  permettant de confirmer les avancées historiques dans les environnements de ce type (forêt de Quénécan, de Paimpont, de Lannouée, Basse-Indre, Hennebont etc...)

Ainsi les anciennes scories se substituent aux archives écrites pour prolonger l'information sur l'histoire et le patrimoine. Elles précèdent donc la généalogie et les archives à une époque sans écrits....
 

dimanche 16 octobre 2022

Patrimoine de Saint Gelven en Bon-Repos-sur-Blavet (22570)

En parcourant le Longeau, en Saint Gelven (22570)

Le site du Longeau est situé sur la rive gauche du Daoulas, dans la vallée du même nom, et ce village faisait également partie du temporel de l'abbaye de Bon Repos. De cette époque, il restait sous un bosquet d'arbres à la sortie du Longeau vers Saint Gelven, un calvaire dont il ne reste aujourd'hui que des traces du socle et qui a été déplacé sur Trégnanton par décision de Léon Launay, ancien Conseiller Général et maire de Saint Gelven (le calvaire avait été basculé par la chute d'un arbre). Dans le socle de ce calvaire figurait la pierre gravée du Prieur de l'abbaye: Guégan et la date de 1636. (Voir les articles antérieurs à ce sujet).

Cuve à rouir en granite
En traversant le village où on peut encore admirer des bâtiments du XVIIe siècle dont certains ont été restaurés par les propriétaires actuels. Le manoir (ancienne propriété des Trolong du Rumain) est lui, bien plus récent  (XIXe) que celle dont on parle en évoquant les moines de Bon Repos (avant le XVIIIe). Contre un mur, un amoncellement de granite taillé, "auges" de différentes formes dans lesquelles on peut voir cette cuve semi-sphérique qui avait une fonction très particulière: le rouissage du chanvre et/ou du lin.
Cette cuve est taillée dans un granite homogène à grain moyen qui n'est pas le granite porphyroïde que l'on peut voir dans les façades des maisons de fermes en parement des ouvertures ou linteaux et seuils, et qui lui est un faciès de type "Beaucours" que l'on peut voir au Nord immédiat de Saint Nicolas du Pélem.
cuve à rouir vue du dessus




Vue de dessus, la cuve impressionne par sa parfaite régularité et une allure conique qui permet aux connaisseurs d'en préciser la fonction par rapport à une simple auge à rôle d'abreuvoir à animaux. Il s'agit donc d'un élément de patrimoine qui mériterait sans aucun doute une autre valorisation, ne serait-ce que pour la connaissance du patrimoine rural de ce pays, bien souvent ignoré des visiteurs de passage mais aussi de nos contemporains!

NB: photos de Fadila Hamelin

jeudi 13 octobre 2022

Poème

Questionnement

ou: en lisant Michèle Brodowicz "Le bonheur retrouvé"

Par les labours d'Eole au travers des nuages

Se dévoile soudain l'ocre clarté lunaire

Vois-tu si près de toi les contours d'un visage

Que l'astre de la nuit en cet instant éclaire?


Si la tristesse repeint notre vieux monde en gris

Que l'épine remplace les douceurs de la rose

N'entends-tu pas dans l'air, les sons d'une autre vie,

La rythmique coeur à coeur que la mémoire propose?


Quand les sanglots parfois se mêlent à la pluie,

Instants de solitude de tant de tristes jours,

Ne recherches-tu pas les mots doux, les envies,

Ces petits cailloux blancs du chemin des amours?


Pourrais-je encore rêver de marches printanières

Sur les rives d'un étang ou dans les chemins creux

Accompagné des fées, korrigans et sorcières?

Tout près d'une âme soeur, le monde est lumineux!


Et comment apaiser le trop plein d'émotion

Que le présent concentre et transforme parfois,

Lorsque les souvenirs se perdent à l'horizon

Où s'attardent les sons atténués de nos voix?


L'automne déjà prépare l'hivernale saison,

Retour d'ardentes braises au coeur des cheminées

Reverrons-nous danser dans l'éclat des tisons

Les couleurs flamboyantes des instants désirés?.. 

vendredi 7 octobre 2022

Les Granges en Saint Gelven: Bon-Repos-sur-Blavet (22570)

Sur les traces des cisterciens de Bon-Repos aux Granges de Saint Gelven

Comme à Rosquelfen, les Granges de Saint Gelven conservent des bâtiments du XVI et XVIIe siècle qui entraient à cette époque dans le temporel de l'abbaye de Bon-Repos. Ces bâtiments témoignent d'un savoir-faire remarquable mais aussi des moyens financiers de cette abbaye à cette époque.

mesure dîmière octogonale
Ainsi cette "auge" de granite octogonale serait selon Fadila Hamelin qui rédige une thèse sur le temporel des cisterciens, une ancienne mesure dîmière, c'est-à-dire un élément destiné à mesurer un volume (de grains par exemple) entrant dans le paiement de l'impôt religieux qu'était la Dîme. 

façade ruinée dans le village
La vue suivante montre la façade ruinée de l'un des bâtiments, situé en haut du village et sans doute le plus riche, à voir la qualité de la pierre de seuil de cette fenêtre à barreaux richement sculptée. Le mur est composé de grès armoricain positionné en lits alternant avec des schistes du Liscuis et de Caurel, facilement différenciables à la double schistosité des schistes de l'ordivicien de Caurel, plus difficilement utilisables en moellons que ceux du Liscuis d'aspect également plus "rouille".

Façade de la chapelle: 1634

Cette troisième vue montre le même état de délabrement du bâtiment où se trouvait l'ancienne chapelle, qui possède une base carrée et un étage. Au-dessus du linteau de cette porte, une pierre gravée donne le nom du Prieur Guégan et la date de construction: 1634. Cette pierre n'est pas sans rappeler celle qui se situe aujourd'hui sur le socle du calvaire de Trégnanton et qui venait du calvaire du Longeau (voir article sur ce blog le vendredi 2 mars 2018). Le Longeau est un autre domaine situé dans la vallée du Daoulas et qui était également inclus dans le temporel de l'abbaye de Bon-Repos.

Pierre gravée du prieur Guégan et date: 1634




 

mardi 4 octobre 2022

Ernest Pignon-Ernest à Landerneau

Après une visite de l'exposition à la Fondation Leclerc de Landerneau, rue des Capucins...

Pourquoi ce génie du coup de crayon, précurseur de l'art urbain en France, produit des oeuvres d'une telle puissance évocatrice? Par le talent, sans aucun doute, mais il y a autre chose de plus personnel: cette extraordinaire capacité à donner au dessin ce qui va provoquer un véritable choc chez celui qui le regarde!

Le soupirail. Ernest Pignon-Ernest. 
S'agissant du soupirail (hommage à Le Caravage), j'avais déjà illustré avec cette vue, un poème rédigé sur ce blog le 31 juillet 2016. Sa vue à nouveau en septembre 2022 à Landerneau produit exactement le même choc émotionnel. Dans ce tableau, il y a l'ouverture, le soupirail et on imagine de l'autre côté la cave éclairée par cette ouverture. Sortant de l'obscurité, un corps  gisant en partie seulement à l'extérieur de l'ouverture et éclairé de face.

Pour moi ce tableau raconte une histoire ou du moins son début, celle d'une naissance quelques années après la dernière guerre dans la cave d'un couvent. D'un côté la cave et son obscurité, ses odeurs, ses objets: barriques, bouteilles et même cercueils entreposés sur les barriques (de cidre), et de l'autre, côté lumière, une rue (de saint Gilles) qui longe les murs du couvent et monte vers la chapelle et le cimetière de Saint Gilles. La symbolique de cette vue est d'une force inouïe. Elle montre une forme d'enfermement, de dénuement et les efforts considérables pour s'en extraire et trouver la lumière tout en sachant que le temps  est compté!...
Photo prise à Landerneau en septembre 2022: Fondation Leclerc