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jeudi 31 août 2023

Sculpture sur bois

Sculpture :"femme en coiffe du pays Fisel"

P J:sculpture dans merisier 60cm x 22

 Buste de femme en coiffe du pays Fisel, terroir centré sur Maël-Carhaix et dont le costume est dit "mode montagne" que l'on trouve sur Carhaix comme Spezet (voir l'extension géographique de cette mode dans "le costume breton" de René-Yves Creston).

Coiffe et collerette vues de dos










Cette sculpture a été réalisée dans un tronc de merisier en 2010. Elle permet de voir la position de la coiffe sur la chevelure qui est tressée puis positionnée dans un filet ou sous-coiffe sur laquelle est fixée la partie visible. Celle-ci est travaillée comme la collerette. Il existe une coiffe de cérémonie plus importante qui complète cette coiffe ordinaire et qui est posée dans des positions diverses suivant le secteur.  Dans le pays de Rostrenen-Mael-Carhaix une pointe haute apparaissait: grande visagère roulée en cornet, alors qu'elle était en position basse à Carhaix...

lundi 28 août 2023

Patrimoine de Perret en Côtes d'Armor (Bon Repos-sur-Blavet)

L'église Saint Nicodème de Perret au centre du bourg

Eglise de perret dans son aspect de 1889

 L'église de Perret située au centre du bourg est un monument plutôt modeste avec une nef terminée à l'Est par un chevet à pans coupés et à l'Ouest par un clocher équipé de deux cloches. Les bras Sud et Nord du transept donnent à l'édifice son aspect de croix latine et un porche devant l'entrée latérale Sud de la nef termine la façade .

Cette église est d'abord tréviale jusqu'en 1802, Perret est  en effet une trève de Silfiac. Avant la Révolution elle dépendait donc de l'Evêché de Vannes (comme Plélauff), mais le rattachement de la commune au département des Côtes-du-Nord la met après 1802 dans le Doyenné de Gouarec.

Chapelle des Fonts baptismaux de 1758
C'est en 1758 que le transept et la chapelle des Fonts sont ajoutés à la nef et cette date apparaît souvent comme celle de l'église entière alors qu'il ne s'agit que d'une étape de son agrandissement.
Le chevet à pans coupés et le porche d'entrée Sud ont été rajoutés dans la période 1840-1849. La date de 1840 figure sur une pierre du mur Sud de la nef et marque le début d'une période de travaux. La tour-clocher est datée de 1666 mais elle est totalement remaniée entre 1885 et 1889 par un entrepreneur de Saint Nicolas-du-Pélem (Henry Raoul) sur les plans de Mr Lemoussu de St Brieuc.
Un archéologue bien connu dans la région, Charles de Keranflec'h Kernezne indique que cette église serait construite sur l'emplacement du monastère de Saint Ducocan qui dépendait de l'abbaye Saint Sauveur de Redon au IXe siècle. Plusieurs arguments concordants sont avancés et donnent une crédibilité à cette hypothèse. Dans cette hypothèse, retenons que l'emplacement de ce monument est central par rapport au tracé de bornage réalisé par le roi Salomon en juillet 871 (Cartulaire de Redon), que le vicomte de Rohan qui possède dès le XIIe siècle un château près de l'étang des Salles, dispense de la corvée de garde du château les gens qui dépendent de Saint Sauveur de Redon à Penret, ce qui signifie qu'après la destruction du monastère par les Normands en 907, il demeurait encore une possession des moines à cet endroit (le futur Perret au XVIe).
Denier de billon attribué à Conan II: Bretagne
Enfin, de Keranflec'h Kernezne note la présence d'un trésor de plusieurs centaines de deniers de billon, découvert par le fossoyeur de Perret près de la face Sud du clocher, vers le milieu du XIXe siècle, deniers attribués à Conan Iier. La présence d'un tel trésor à cet endroit signe selon lui, l'existence d'un édifice important et sans doute le fameux monastère.
Retenons à propos de l'enclos paroissial que les deux ifs encore dans l'enclos sont réputés avoir plus de six siècles, c'est-à-dire dater de l'édifice du XIVe siècle! La translation du cimetière de l'enclos vers l'emplacement actuel derrière le presbytère est décidé en 1927 et réalisé entre 1930 et 1952.(archives mairie de Perret).
Sources: Cartulaire de Redon, notice n°247, P354. Joseph-Marie Le Mené 1891 sur le patrimoine de Perret. "Comptes-rendus: Procès Verbaux et mémoires" internet archives. Recherches archéologiques dans l'enclos paroissial de Perret: C. de Keranflec'h Kernezne, Bulletin de l'Association Bretonne, Gallica (1891?)


lundi 14 août 2023

Patrimoine de Rosquelfen en Laniscat, Bon Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

Les moulins de la vallée du Liscuis à Rosquelfen

La vallée du Liscuis constitue une saignée dans les roches schisteuses qui bordent la vallée du Blavet entre Gouarec et Bon Repos (sur Saint Gelven), et pour faire cette vallée encaissée, il a fallu un ruisseau particulièrement énergique, d'où son nom: le liscuis, du breton "diskuiz" qui signifie en français: "sans fatigue"! Et en effet, ce ruisseau est réputé pour son débit constant, au point d'héberger sur son lit, pas moins de trois moulins sur moins d'un kilomètre!

Pignon d'un moulin ruiné: août 2023
Le moulin central dans le dispositif hydraulique implanté sur ce cours d'eau a été le dernier a fonctionner (jusque la dernière guerre) et s'est trouvé définitivement ruiné par la chute d'un arbre en plein milieu de la toiture, éventrant également la façade côté rivière.
Le moulin positionné le plus bas dans la vallée a été démonté au moment du percement du canal de Nantes à Brest. Il se trouvait à la jonction du Liscuis et du Blavet à l'emplacement de la route actuelle de Gouarec à Bon Repos.
Le moulin le plus haut dans la vallée a été partiellement démonté pour construire une maison au Poteau, quartier en sortie de Gouarec vers Laniscat.(années 1970-80)
Emplacements de deux roues à aubes 
sur le même canal fonctionnant
simultanément




La façade porteuse des roues à aubes sur ce même bâtiment  est percée par deux trous à section carrée qui contenaient les axes des roues à aubes. Sur ce moulin, deux roues pouvaient donc fonctionner simultanément et donc deux meules.

Restes d'un axe de roue, moulin du haut





Le moulin situé le plus haut se trouve à proximité de la fontaine et proche du tracé de l'ancien chemin d'accès. L'axe de la roue à aubes est encore dans son emplacement et l'arrivée d'eau par une chute ou déversoir est également parfaitement visible. La distance entre les deux moulins est d'à peine 50 mètres environ ce qui imposait un usage simultané des deux moulins alimentés par un bief unique partant d'une retenue d'eau en amont  et dont le mur-barrage est encore visible. Le bief se divise en deux déversoirs alimentant chacun des moulins.

Restes de la meule courante
dite: à carreaux cerclés
Dans le moulin le plus haut sur le Liscuis, on peut voir encore les restes de le meule courante cerclée dont la partie centrale percée est très probablement une granodiorite (de Plélauff). Les carreaux cerclés sont du silex molaire ou meulier, très dur et creusé d'alvéoles. Ces pierres en silex alvéolé sont d'une abrasivité exceptionnelle et sont remplaçables dans la meule. Elles sont préférées aux meules monolithes comme celles en granite du Guilvinec, concurrencées par ces silex meuliers de Cinq-Mars-la-Pile en Touraine qui sont commercialisés dans l'ouest depuis Henry IV et le seront ensuite par le canal jusqu'à la fin des moulins à eau. L'avantage de ces silex était de ne laisser aucune trace minérale dans la farine ce qui n'était pas le cas des meules monolithes en granite qui pouvaient disséminer des micrograins de quartz dans la farine, un abrasif pour la dentition peu apprécié et qui nécessitait du tamisage fin. Lorsque tous les moulins fonctionnaient, les deux du haut devaient épuiser leur réserve d'eau disponible avant que celui du bas puisse fonctionner à son tour et sa propre réserve d'eau devait se situer au bas de la vallée. La mise en place de la route et du chemin de fer en même temps que la mise en canal du Blavet ont effacé ce dispositif. Enfin, au niveau de l'ancienne voie romaine, l'endroit dit: Le Lenn était un étang et même une" pêcherie" à l'époque des seigneurs de Guernarpin, les bienfaiteurs de la chapelle de Rosquelfen au XVe siècle.


samedi 12 août 2023

Poème

Romance inachevée

Un été singulier

Les landes fréquentées

Par de nombreux humains

Charme défunt!


Où donc est la saison

Modulant tous les sons

Qui hantent ma mémoire

Quand vient le soir?


Un temps libre et heureux,

Insouciant d'amoureux

Mais hélas disparu

T'en souviens-tu?



Je rêve tout éveillé

D'un monde émerveillé

D'instants bénis, divins:

Bonheur sans fin


Un autre temps s'avance

De romance à démence

Le monde devenu fou,

Pauvres de nous!


Si la vie passe et courre,

Je me souviens toujours 

D'une éphémère romance,

Et belle transe,


D'automne enluminé

Aux landes désertées

Dans les sentes rocheuses

Et silencieuses.


mercredi 9 août 2023

 propos du château des Salles sur la commune de Sainte Brigitte , Morbihan

Le château des Salles de "Penret" sur la commune de Sainte Brigitte (56)

Ce château totalement ruiné aujourd'hui a été l'un des premiers châteaux des vicomtes de Rohan et un lieu fort du protestantisme de ce pays nommé le "pays noir" bien après les troubles des guerres de la Ligue.

Ruines côté nord vers 2000

C'est Alain premier de Rohan qui reconstruit ce château dans la première chatellenie de Gouarec, sur le lieu d'un édifice antérieur et dès 1125, un document d'archive mentionne un "accord aux hommes de l'abbaye de Redon demeurant à Penret (Perret aujourd'hui) l'exemption de l'obligation qu'ils devaient de garder le château avec les autres vassaux". Ce document permet de confirmer que le monastère de Saint Ducocan (voir le cartulaire de Redon du IXe siècle) était bien sur Perret.

Alain Iier agrandit le château en 1128. Il sera transformé au XIVe et début XVe. L'enceinte quadrangulaire flanquée de tours date de cette période. En 1184, l'acte de fondation de l'abbaye de Bon Repos aurait été signé par Alain III dans ce château de Penret.

Plan d'ensemble d'après Charles Floquet

Au début XVIe, une tour carrée est rajoutée ainsi qu'une chapelle fortifiée dont on voit les restes à l'angle nord-est (Hervé du Halgouët 1921).

C'est un mémoire du vicomte Jean II de Rohan, daté de 1479 qui explique les raisons du choix de placer des "macles" dans le blason familial en faisant clairement allusion aux andalousites, ces prismes clairs dans les schistes du bord de l'étang des Salles et interprétés à cette époque comme une marque "divine" (petites croix à extrémités noirâtres dans la section du prisme).(Voir article du 16 mai 2018 sur ce blog)

Cet endroit très isolé dans la forêt de Quénécan et au bord du grand étang des Salles va inciter le vicomte Jean II à transformer le château en prison. Il y enferme sa soeur Catherine de Rohan qui avait épousé René de Keradreux contre son gré (il le fait assassiner à Josselin en novembre 1479:C.Floquet). Il enferme également sa propre fille, Anne de Rohan qui voulait épouser le bâtard de la Maison de Gonzague, ce qui ne rentrait pas dans les plans du vicomte!

Restes de la tour nord-est en 2010
En 1511, un "aveu" signé par Jean II (le 28e jour de janvier) confirme et augmente la fondation de l'höpital de Landerneau et en 1542, Louis de Rohan-Guémené rédige son testament au château des Salles.
En 1629 réside encore au château le maître des Forges de Rohan, le protestant Geoffroy Fineman (ou Finemont) d'Angecourt (ou d'Anchecourt). Mais cette période correspond à la saisie des biens d'Henri de Rohan, protestant entré en rebellion contre le roi de France. Il n'obtient la grâce royale que le 27 juin 1629 date à laquelle il récupère son château (ses bien avaient été saisis au profit du prince de Condé).
Façade sur la cour d'honneur en 1970

En 1667, le château est habité par les Rohan-Rohan, la branche aînée de la famille. Puis en 1779, à quelques années de la Révolution, le château est déjà  partiellement en ruines (Ogée).
Le 25 août 1802, le château est vendu comme l'ensemble de Quénécan au comte de Janzé qui fait construire en 1816, les Forges des salles dont les vestiges sont aujourd'hui visitables dans le village des Forges, à cheval sur le Morbihan et les Côtes d'Armor.
NB: sources:Association des amis du protestantisme en Bretagne centrale.
Charles Floquet: "Les Salles de Perret"140p.1984
Hervé de Halgouët: "La Vicomté de Rohan et ses seigneurs" Campion, Paris 1921.


jeudi 3 août 2023

Réflexions d'un jour d'août

Les gens d'ici

Les gens d'ici regardent changer le climat et passer les touristes

Ils ne rêvent plus de la capitale...

Les gens d'ici affichent une réserve apparente

bien souvent prise pour de la froideur.

S'agit-il de timidité intérieure comme le dit Ernest Renan?

"Une timidité qui leur fait croire qu'un sentiment perd la moitié de sa valeur quand il est exprimé,

et que le coeur ne doit avoir d'autre spectateur  que lui-même"...

Bien des gens d'ici se retrouvent encore dans une danse de 

l'ancien "pays" de leurs parents et à nouveau s'affirme cette rigueur d'un rituel

totalement étranger à tout débordement.

Ici, l'expression mesurée d'un rite ancien fait fusionner les gens

dans la ronde fermée où tout se passe à l'intérieur du cercle.

Il fait barrière au monde extérieur et la symbiose du "kan-ha-diskan" et de la danse diffuse 

sa précieuse thérapie restée depuis des temps anciens le trésor des pauvres qui les maintient debout.

Le pays imprime sa marque, sa nature, sa rigueur, sa douceur et sa force

 aux gens d'ici...