Libellés

jeudi 28 septembre 2023

Concert le 29 septembre à la chapelle de Rosquelfen en Bon-Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

Concert de Clarisse LAVANANT, le 29 septembre à 20h dans la chapelle de Rosquelfen

Affiche du concert

 Ne manquez pas demain soir à 20h, le concert de Clarisse Lavanant accompagnée au piano pour l'occasion.

Sa présence cette année dans la chapelle marque symboliquement la fin d'un premier cycle de restauration de l'édifice. On se souvient en effet, qu'au moment de la création de l'association des "Amis de la chapelle de Rosquelfen" en 2008, Clarisse était venue chanter dans la chapelle, marquant ainsi le début d'une période de restauration en cinq tranches successives qui s'acheveront en 2022.

Les bénévoles et amis de la chapelle sont donc très heureux de l'accueillir à nouveau dans le cadre restauré de la chapelle; une façon de marquer le temps de la sauvegarde et aussi de la poursuite des travaux internes qui ne sont pas terminés. Alors rendez-vous à 20h demain soir (entrée 10 euros) et excellente soirée dans un édifice maintenant équipé de bancs plus confortables, grâce aux Augustines de Ploumagoar et de Gouarec.

mercredi 20 septembre 2023

Le Breuil du chêne, entre Sainte Brigitte et Cléguérec, Morbihan

 propos des roches de ce secteur, au Sud de la forêt de Quénécan

Dans un article du 5 septembre dernier, je faisais mention des roches utilisées par les hommes du Néolithique pour construire leurs monuments funéraires et autres menhirs dans ce secteur où la matière première disponible est particulièrement abondante. Dans ce secteur, dit du "Breuil du chêne", nous sommes dans un axe de pli synclinal qui prolonge la bordure Sud de l'anticlinal de Quénécan dont le coeur se situe en pleine forêt, avec la chapelle de Saint Ignace comme repère et sa fontaine aux eaux réputées guérisseuses dans tout le pays.

Ainsi, depuis le site de Porh Caton  en Sainte Brigitte jusque la chapelle de la Madeleine, au dessus de Poh Pruno en Cléguérec, c'est une masse considérable de blocs ou dalles empilées les unes sur les autres en plongeant vers le Nord-Ouest qui constituent le relief en place épaissi par le mouvement de "gouttière" du pli synclinal.


roche du CambroTrémadocien

Ces roches présentent des étirements siliceux blanc-laiteux en relief dans une matrice moins résistante à l'érosion. Elles accompagnent parfois de véritables  niveaux conglomératiques de type "poudingue".
Bloc vu sur sa tranche


Dans cet endroit , les contraintes tectoniques ont laissé des traces comme cette multitude de veines de quartz blanc laiteux avec présence d'extrados bien visibles comme sur cette vue en tranche d'une dalle de quartzite gris-vert. L'extrado est ce "coin" de quartz qui se termine en pointe dans la roche, marquant une ouverture localisée ici en surface de la dalle.
empilement faillé des dalles du CambroTrémadocien




Cet empilement basculé vers le Nord-Ouest est fractionné par des failles verticales qui génèrent des abris naturels ou grottes. On imagine jusqu'au XIXe siècle, la présence des loups, des déserteurs de l'armée ou du bagne réfugiés ici: un décor idéal pour illustrer les nombreuses histoires qui circulent dans le "pays noir"!

Intense schistosité de cisaillement Est-Ouest



En s'approchant de plus près, on peut observer une intense schistosité sécante sur la stratification et les courbures qui sur cette vue paraissent sénestres sont en fait à regarder en replaçant le Nord dans la position face à l'observateur, ce qui confirme un mouvement cisaillant dextre dans cet ensemble (de l'Ouest vers l'Est). Ces observations confirment celles réalisées dans le grès armoricain de l'Arénigien, dans les affleurements observés au fond du lac de Guerlédan lors de l'assec de 2015. Dans cet ensemble, les schistes sont rares et c'est surtout des quartzites schistosées qui abondent; un matériau idéal pour les gens du Néolithique.
NB: Néolithique: 5000 à 2200 environ, Cambrien: début du Paléozoïque (540 à 488Ma), Trémadoc: début de l'Ordovicien inférieur (autour de 480 Ma).

mercredi 13 septembre 2023

Carte Blanche sur le Koste 'r c'hoed à Sainte Brigitte, Morbihan

 Carte blanche à Iunan André

Dimanche 24/09 – salle des fêtes de Sainte-Brigitte

"Kost ar c'hoat, sources anciennes et pratiques actuelles"



Vivant à Saint-Aignan et danseur depuis 7 ans au Danserion Bro Kleguerec, Iunan a fait des recherches dans le cadre de la préparation de son diplôme d’études musicales au Conservatoire de Brest sur cette danse de notre petit territoire.

Ce sont les résultats de ses travaux qu’il nous présentera sous la forme d’un exposé illustré par des extraits d’enregistrements sonores, mais aussi par des morceaux joués par son groupe Arz’h trio, puisque Iunan chante également et joue de la bombarde et de la clarinette.

Affiche de la Carte Blanche

Cette Carte Blanche arrive à point nommé et au moment où Iunan est reconnu comme le meilleur danseur de koste 'r c'hoed du moment et  gagne le trophée de champion de Bretagne de danses traditionnelles à Gourin le 2 septembre dernier.
C'est aussi l'occasion de voir comment s'est faite l'évolution d'un patrimoine immatériel sorti de son terroir d'origine et aujourd'hui, dans le domaine des danses traditionnelles en cercle fermé, reconnu comme une des gavottes les plus "physiques" du Kreiz Breizh, dansée jusqu'aux confins de la planète!
Le chemin parcouru depuis nos recherches des années 1970 conduit au renouveau actuel de cette gavotte. Les formes d'expressions musicales et gestuelles  témoignent  encore de la "force tranquille" qui habitait les paysans des bords de Quénécan et c'est aussi en pratiquant  leur danse que nous ne les oublions pas.
Alors rendez-vous à Sainte Brigitte le 24/09.

NB: affiche de la Carte Blanche montrant des danseurs de koste 'r c'hoed en costume fañch.
(Cercle des Blés d'Or de St Nicolas-du-Pélem) 
Gâteaux et boissons bienvenus

mardi 12 septembre 2023

Patrimoine de Gouarec en Côtes d'Armor

Statue de Notre Dame de la Fosse en l'église de Gouarec

Statue ND de la Fosse en l'église de Gouarec
Selon Geneviève Penhoat dite "Soeur Geneviève", membre de la communauté des Augustines de Gouarec et bien connue des gouarécains pour ses publications sur l'Histoire et notamment de la ville de Gouarec, cette statue polychrome de la vierge à l'enfant serait du XVe siècle.

Deux arguments sont évoqués pour appuyer cette datation: tout d'abord, les circonstances de sa découverte, dans les anciennes douves du château que les Rohan avaient construit à Gouarec, ancien siège de leur châtellenie au tout début de la vicomté. La chapelle du château a survécu au château ruiné et la vierge y a été placée  sous le vocable Notre Dame de la Fosse (ou des Fossés, des douves).

Le deuxième argument est la sculpture elle-même: l'enfant Jésus tient une pomme dans la main gauche et un oiseau dans la main droite. Cette "manière" d'orner la sculpture est d'inspiration médiévale.

Couronnes de cérémonie ajoutées (XXe)
Des couronnes très ornées ont été rajoutées sur la statue. Leur style laisse penser à une fabrication du début XXe siècle (années 1920). Il s'agit d'un métal doré à nombreux sertissages de verre taillé allant de cabochons rouge ou vert à des verres incolores façonnés en "brillants". De nombreuses cavités montrent la perte progressive des "verres"au fil des déplacements en processions de "Pardons" qui autrefois effectuaient le trajet église à chapelle de Saint Gilles (l'ancienne église paroissiale de Gouarec). Ces couronnes très ornées étaient de dimensions supérieures à celles des tours de tête de la vierge et de l'enfant. La fixation effectuée déforme donc ces couronnes et implique leur maintien sur la statue en permanence, ce qui n'était pas l'usage antérieur. Cette modification  récente mérite une réflexion et probablement une modification du système de fixation afin de pouvoir restituer les formes d'origine et procéder à la restauration de ces éléments mobiles.
Etonnante jugulaire!



 Sur la photo ci-contre, on peut admirer au passage la finesse des traits de la vierge, réalisée sans aucun doute par un grand artiste sculpteur.

L'histoire de cette statue passe par des périodes troublées comme sous la Terreur ( de septembre 1793 à fin juillet 1794) où la statue est dissimulée dans un lit-clos à deux étages et dans Gouarec même! Elle va réintégrer la chapelle qui précède l'église paroissiale actuelle après la tourmente révolutionnaire (G.Penhoat). Dans l'ancienne chapelle très humide, le bas de la statue avait été endommagé. Il a été remplacé lors d'une restauration dont nous n'avons pas encore pu trouver la date

(Recherches et consultation des archives paroissiales en cours).

samedi 9 septembre 2023

Exposition de peintures dans la chapelle de Locmaria en Rostrenen, Côtes d'Armor

Exposition dans la chapelle de Locmaria de Rostrenen les 9 et 10, 16 et 17 septembre.

Cette exposition d'Annie Jézéquel dans la chapelle de Locmaria est l'occasion également de visiter cette belle chapelle récemment restaurée, à proximité du Miniou en Rostrenen.


Porche d'entrée: chapelle de Locmaria
L'endroit dans laquelle elle est implantée n'a pas été choisie au hasard. Il s'agit d'un petit promontoire dans un vallon, également voie et carrefour de circulation où la présence de l'eau est attestée par une fontaine.

Une chapelle primitive est construite fin XIVe début XVe: simple édifice rectangulaire orienté Ouest-Est. Une chapelle Sud sera ajoutée au XVIe siècle et une tour ou clocher-porche est édifiée à l'entrée Ouest de la nef en 1696. Une flèche est posée en 1715 (Gaultier du Mottay). La sacristie n'est construite qu'en 1861. En 1877, la flèche est  détruite (par un orage, une tempête  ou un poids excessif?) et sera remplacée par une flèche en bois qui disparaît également en 1951. L'année suivante, une armature en béton sans esthétique est montée pour servir de berceau aux cloches mais sa laideur (et son poids!) vont inciter l'abbé Gloaguen, curé de Rostrenen à détruire en 1988 cette cage bétonnée du plus mauvais effet.

Exposition dans la chapelle. AJ: pastel sec et acrylique

La charpente de la nef est refaite en 1970 et il existe encore des parties de sablières  du XVIe siècle à sculptures originales et présentant des traces de polychromie. Des statues anciennes polychromes sont également visibles dans la chapelle: Saint Yves, N.D. de la Joie, Sainte Anne, Saint Jean-Baptiste.

On peut également observer les éléments du premier clocher en granite, entreposés dans le choeur.

Extrémité de l'ancienne flèche du clocher 


l'exposition est à voir de 10h à midi et de 14h à 17h30 le samedi et dimanche jusqu'au 17, dernière journée du Patrimoine. Au cours de cette journée du 17, une conférence et un concert sont organisés dans la chapelle, une occasion supplémentaire d'y faire une visite.

Entrée sacristie et maître-autel





NB: le 17 à 16h, évocation de Filomena Cadoret par Christian Rivoalen.

17h concert de Rozenn Tallec accompagnée d'une pianiste.

mardi 5 septembre 2023

Patrimoine de Cléguérec et Sainte-Brigitte en Morbihan

Les allées couvertes de la bordure Sud de Quénécan, de Cléguérec à Sainte Brigitte

Au Sud de la forêt de Quénécan, plusieurs monuments mégalithiques sont implantés souvent  à flanc de relief ou sur un promontoir dominant le paysage vers le Sud. C'est le cas de la plus célèbre de ces allées couvertes: Bot er Mohed à proximité du relief important du Breuil du Chêne, un ensemble impressionnant de roches où l'on trouve: schistes et quartzites phylliteux gris vert du Cambro-Trémadocien, un étage géologique de l'ère primaire compris entre 540 et 470Ma environ(le début du Paléozoïque).

Bot er Mohed vu du Sud
Cette allée couverte de 24m de longueur est composée d'une chambre funéraire cloisonnée, avec des déplacements des dalles d'origine, en particulier aux extrémités ce qui complique la lecture du monument. Celui-ci a été daté de 3000 à 2500 ans avant notre ère. Les dalles utilisées ont été  prélevées sur place dans les affleurements abondants du Cambro-Trémadocien.
Ces roches ont des faciès particuliers comme la présence de conglomérats siliceux dans une matrice plus sombre et rappelant parfois le poudingue de Gourin. De nombreuses veines de quartz blanc laiteux sont également visibles dans ces roches très dures.

allée couverte de Toulhardi en Ste Brigitte

Au dessus du lieu-dit Toulhardi, il faut monter  jusqu'à proximité du sommet topographique mais sans l'atteindre;  nous sommes sur la commune de Sainte Brigitte et dans l'étage qui surmonte le Cambro-Trémadoc, l'Ordovicien inférieur ou Arénigien. Cet étage est formé par le grès armoricain, très dur, une  roche claire et ici schistosée à proximité du Trémadoc. Les roches qui constituent cette allée couverte ruinée sans dalles de couverture, mais dont on aperçoit encore les limites du tumulus ou cairn dans lequel elle est implantée (environ 20m de longueur) sont des grès clairs schistosés. On y trouve également des quartzites gris-vert. L'allée fait environ 14m de longueur et a été bousculée par des chutes d'arbres.
Allée couverte "Grand Boduic"




Plus à l'Ouest de Boduic et à proximité du sommet topographique plus au Nord, se cache dans les fougères et sous les arbres, cette très belle allée couverte de 14m de longueur à grosses dalles de couverture en grès-quartzite schistosé. Ce monument est à proximité du contact Arénigien et Cambro-Trémadocien. Des extractions en carrières sont encore visibles à proximité du monument et plus bas dans la topographie (vers le Sud). Les dalles et orthostates qui constituent cette allée couverte dite "Grand Boduic" viennent bien des environs immédiats où l'on trouve les quartzites gris vert et les grès armoricains plus clairs.

D'autres monuments ont disparu ou il ne subsiste qu'une pierre plantée marquant l'endroit comme à Bot er Barz. Ces monuments funéraires sont également accompagnés par des menhirs, hélas aujourd'hui couchés, ce qui ne permet pas de confirmer leur emplacement d'érection.

jeudi 31 août 2023

Sculpture sur bois

Sculpture :"femme en coiffe du pays Fisel"

P J:sculpture dans merisier 60cm x 22

 Buste de femme en coiffe du pays Fisel, terroir centré sur Maël-Carhaix et dont le costume est dit "mode montagne" que l'on trouve sur Carhaix comme Spezet (voir l'extension géographique de cette mode dans "le costume breton" de René-Yves Creston).

Coiffe et collerette vues de dos










Cette sculpture a été réalisée dans un tronc de merisier en 2010. Elle permet de voir la position de la coiffe sur la chevelure qui est tressée puis positionnée dans un filet ou sous-coiffe sur laquelle est fixée la partie visible. Celle-ci est travaillée comme la collerette. Il existe une coiffe de cérémonie plus importante qui complète cette coiffe ordinaire et qui est posée dans des positions diverses suivant le secteur.  Dans le pays de Rostrenen-Mael-Carhaix une pointe haute apparaissait: grande visagère roulée en cornet, alors qu'elle était en position basse à Carhaix...

lundi 28 août 2023

Patrimoine de Perret en Côtes d'Armor (Bon Repos-sur-Blavet)

L'église Saint Nicodème de Perret au centre du bourg

Eglise de perret dans son aspect de 1889

 L'église de Perret située au centre du bourg est un monument plutôt modeste avec une nef terminée à l'Est par un chevet à pans coupés et à l'Ouest par un clocher équipé de deux cloches. Les bras Sud et Nord du transept donnent à l'édifice son aspect de croix latine et un porche devant l'entrée latérale Sud de la nef termine la façade .

Cette église est d'abord tréviale jusqu'en 1802, Perret est  en effet une trève de Silfiac. Avant la Révolution elle dépendait donc de l'Evêché de Vannes (comme Plélauff), mais le rattachement de la commune au département des Côtes-du-Nord la met après 1802 dans le Doyenné de Gouarec.

Chapelle des Fonts baptismaux de 1758
C'est en 1758 que le transept et la chapelle des Fonts sont ajoutés à la nef et cette date apparaît souvent comme celle de l'église entière alors qu'il ne s'agit que d'une étape de son agrandissement.
Le chevet à pans coupés et le porche d'entrée Sud ont été rajoutés dans la période 1840-1849. La date de 1840 figure sur une pierre du mur Sud de la nef et marque le début d'une période de travaux. La tour-clocher est datée de 1666 mais elle est totalement remaniée entre 1885 et 1889 par un entrepreneur de Saint Nicolas-du-Pélem (Henry Raoul) sur les plans de Mr Lemoussu de St Brieuc.
Un archéologue bien connu dans la région, Charles de Keranflec'h Kernezne indique que cette église serait construite sur l'emplacement du monastère de Saint Ducocan qui dépendait de l'abbaye Saint Sauveur de Redon au IXe siècle. Plusieurs arguments concordants sont avancés et donnent une crédibilité à cette hypothèse. Dans cette hypothèse, retenons que l'emplacement de ce monument est central par rapport au tracé de bornage réalisé par le roi Salomon en juillet 871 (Cartulaire de Redon), que le vicomte de Rohan qui possède dès le XIIe siècle un château près de l'étang des Salles, dispense de la corvée de garde du château les gens qui dépendent de Saint Sauveur de Redon à Penret, ce qui signifie qu'après la destruction du monastère par les Normands en 907, il demeurait encore une possession des moines à cet endroit (le futur Perret au XVIe).
Denier de billon attribué à Conan II: Bretagne
Enfin, de Keranflec'h Kernezne note la présence d'un trésor de plusieurs centaines de deniers de billon, découvert par le fossoyeur de Perret près de la face Sud du clocher, vers le milieu du XIXe siècle, deniers attribués à Conan Iier. La présence d'un tel trésor à cet endroit signe selon lui, l'existence d'un édifice important et sans doute le fameux monastère.
Retenons à propos de l'enclos paroissial que les deux ifs encore dans l'enclos sont réputés avoir plus de six siècles, c'est-à-dire dater de l'édifice du XIVe siècle! La translation du cimetière de l'enclos vers l'emplacement actuel derrière le presbytère est décidé en 1927 et réalisé entre 1930 et 1952.(archives mairie de Perret).
Sources: Cartulaire de Redon, notice n°247, P354. Joseph-Marie Le Mené 1891 sur le patrimoine de Perret. "Comptes-rendus: Procès Verbaux et mémoires" internet archives. Recherches archéologiques dans l'enclos paroissial de Perret: C. de Keranflec'h Kernezne, Bulletin de l'Association Bretonne, Gallica (1891?)


lundi 14 août 2023

Patrimoine de Rosquelfen en Laniscat, Bon Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

Les moulins de la vallée du Liscuis à Rosquelfen

La vallée du Liscuis constitue une saignée dans les roches schisteuses qui bordent la vallée du Blavet entre Gouarec et Bon Repos (sur Saint Gelven), et pour faire cette vallée encaissée, il a fallu un ruisseau particulièrement énergique, d'où son nom: le liscuis, du breton "diskuiz" qui signifie en français: "sans fatigue"! Et en effet, ce ruisseau est réputé pour son débit constant, au point d'héberger sur son lit, pas moins de trois moulins sur moins d'un kilomètre!

Pignon d'un moulin ruiné: août 2023
Le moulin central dans le dispositif hydraulique implanté sur ce cours d'eau a été le dernier a fonctionner (jusque la dernière guerre) et s'est trouvé définitivement ruiné par la chute d'un arbre en plein milieu de la toiture, éventrant également la façade côté rivière.
Le moulin positionné le plus bas dans la vallée a été démonté au moment du percement du canal de Nantes à Brest. Il se trouvait à la jonction du Liscuis et du Blavet à l'emplacement de la route actuelle de Gouarec à Bon Repos.
Le moulin le plus haut dans la vallée a été partiellement démonté pour construire une maison au Poteau, quartier en sortie de Gouarec vers Laniscat.(années 1970-80)
Emplacements de deux roues à aubes 
sur le même canal fonctionnant
simultanément




La façade porteuse des roues à aubes sur ce même bâtiment  est percée par deux trous à section carrée qui contenaient les axes des roues à aubes. Sur ce moulin, deux roues pouvaient donc fonctionner simultanément et donc deux meules.

Restes d'un axe de roue, moulin du haut





Le moulin situé le plus haut se trouve à proximité de la fontaine et proche du tracé de l'ancien chemin d'accès. L'axe de la roue à aubes est encore dans son emplacement et l'arrivée d'eau par une chute ou déversoir est également parfaitement visible. La distance entre les deux moulins est d'à peine 50 mètres environ ce qui imposait un usage simultané des deux moulins alimentés par un bief unique partant d'une retenue d'eau en amont  et dont le mur-barrage est encore visible. Le bief se divise en deux déversoirs alimentant chacun des moulins.

Restes de la meule courante
dite: à carreaux cerclés
Dans le moulin le plus haut sur le Liscuis, on peut voir encore les restes de le meule courante cerclée dont la partie centrale percée est très probablement une granodiorite (de Plélauff). Les carreaux cerclés sont du silex molaire ou meulier, très dur et creusé d'alvéoles. Ces pierres en silex alvéolé sont d'une abrasivité exceptionnelle et sont remplaçables dans la meule. Elles sont préférées aux meules monolithes comme celles en granite du Guilvinec, concurrencées par ces silex meuliers de Cinq-Mars-la-Pile en Touraine qui sont commercialisés dans l'ouest depuis Henry IV et le seront ensuite par le canal jusqu'à la fin des moulins à eau. L'avantage de ces silex était de ne laisser aucune trace minérale dans la farine ce qui n'était pas le cas des meules monolithes en granite qui pouvaient disséminer des micrograins de quartz dans la farine, un abrasif pour la dentition peu apprécié et qui nécessitait du tamisage fin. Lorsque tous les moulins fonctionnaient, les deux du haut devaient épuiser leur réserve d'eau disponible avant que celui du bas puisse fonctionner à son tour et sa propre réserve d'eau devait se situer au bas de la vallée. La mise en place de la route et du chemin de fer en même temps que la mise en canal du Blavet ont effacé ce dispositif. Enfin, au niveau de l'ancienne voie romaine, l'endroit dit: Le Lenn était un étang et même une" pêcherie" à l'époque des seigneurs de Guernarpin, les bienfaiteurs de la chapelle de Rosquelfen au XVe siècle.


samedi 12 août 2023

Poème

Romance inachevée

Un été singulier

Les landes fréquentées

Par de nombreux humains

Charme défunt!


Où donc est la saison

Modulant tous les sons

Qui hantent ma mémoire

Quand vient le soir?


Un temps libre et heureux,

Insouciant d'amoureux

Mais hélas disparu

T'en souviens-tu?



Je rêve tout éveillé

D'un monde émerveillé

D'instants bénis, divins:

Bonheur sans fin


Un autre temps s'avance

De romance à démence

Le monde devenu fou,

Pauvres de nous!


Si la vie passe et courre,

Je me souviens toujours 

D'une éphémère romance,

Et belle transe,


D'automne enluminé

Aux landes désertées

Dans les sentes rocheuses

Et silencieuses.


mercredi 9 août 2023

 propos du château des Salles sur la commune de Sainte Brigitte , Morbihan

Le château des Salles de "Penret" sur la commune de Sainte Brigitte (56)

Ce château totalement ruiné aujourd'hui a été l'un des premiers châteaux des vicomtes de Rohan et un lieu fort du protestantisme de ce pays nommé le "pays noir" bien après les troubles des guerres de la Ligue.

Ruines côté nord vers 2000

C'est Alain premier de Rohan qui reconstruit ce château dans la première chatellenie de Gouarec, sur le lieu d'un édifice antérieur et dès 1125, un document d'archive mentionne un "accord aux hommes de l'abbaye de Redon demeurant à Penret (Perret aujourd'hui) l'exemption de l'obligation qu'ils devaient de garder le château avec les autres vassaux". Ce document permet de confirmer que le monastère de Saint Ducocan (voir le cartulaire de Redon du IXe siècle) était bien sur Perret.

Alain Iier agrandit le château en 1128. Il sera transformé au XIVe et début XVe. L'enceinte quadrangulaire flanquée de tours date de cette période. En 1184, l'acte de fondation de l'abbaye de Bon Repos aurait été signé par Alain III dans ce château de Penret.

Plan d'ensemble d'après Charles Floquet

Au début XVIe, une tour carrée est rajoutée ainsi qu'une chapelle fortifiée dont on voit les restes à l'angle nord-est (Hervé du Halgouët 1921).

C'est un mémoire du vicomte Jean II de Rohan, daté de 1479 qui explique les raisons du choix de placer des "macles" dans le blason familial en faisant clairement allusion aux andalousites, ces prismes clairs dans les schistes du bord de l'étang des Salles et interprétés à cette époque comme une marque "divine" (petites croix à extrémités noirâtres dans la section du prisme).(Voir article du 16 mai 2018 sur ce blog)

Cet endroit très isolé dans la forêt de Quénécan et au bord du grand étang des Salles va inciter le vicomte Jean II à transformer le château en prison. Il y enferme sa soeur Catherine de Rohan qui avait épousé René de Keradreux contre son gré (il le fait assassiner à Josselin en novembre 1479:C.Floquet). Il enferme également sa propre fille, Anne de Rohan qui voulait épouser le bâtard de la Maison de Gonzague, ce qui ne rentrait pas dans les plans du vicomte!

Restes de la tour nord-est en 2010
En 1511, un "aveu" signé par Jean II (le 28e jour de janvier) confirme et augmente la fondation de l'höpital de Landerneau et en 1542, Louis de Rohan-Guémené rédige son testament au château des Salles.
En 1629 réside encore au château le maître des Forges de Rohan, le protestant Geoffroy Fineman (ou Finemont) d'Angecourt (ou d'Anchecourt). Mais cette période correspond à la saisie des biens d'Henri de Rohan, protestant entré en rebellion contre le roi de France. Il n'obtient la grâce royale que le 27 juin 1629 date à laquelle il récupère son château (ses bien avaient été saisis au profit du prince de Condé).
Façade sur la cour d'honneur en 1970

En 1667, le château est habité par les Rohan-Rohan, la branche aînée de la famille. Puis en 1779, à quelques années de la Révolution, le château est déjà  partiellement en ruines (Ogée).
Le 25 août 1802, le château est vendu comme l'ensemble de Quénécan au comte de Janzé qui fait construire en 1816, les Forges des salles dont les vestiges sont aujourd'hui visitables dans le village des Forges, à cheval sur le Morbihan et les Côtes d'Armor.
NB: sources:Association des amis du protestantisme en Bretagne centrale.
Charles Floquet: "Les Salles de Perret"140p.1984
Hervé de Halgouët: "La Vicomté de Rohan et ses seigneurs" Campion, Paris 1921.


jeudi 3 août 2023

Réflexions d'un jour d'août

Les gens d'ici

Les gens d'ici regardent changer le climat et passer les touristes

Ils ne rêvent plus de la capitale...

Les gens d'ici affichent une réserve apparente

bien souvent prise pour de la froideur.

S'agit-il de timidité intérieure comme le dit Ernest Renan?

"Une timidité qui leur fait croire qu'un sentiment perd la moitié de sa valeur quand il est exprimé,

et que le coeur ne doit avoir d'autre spectateur  que lui-même"...

Bien des gens d'ici se retrouvent encore dans une danse de 

l'ancien "pays" de leurs parents et à nouveau s'affirme cette rigueur d'un rituel

totalement étranger à tout débordement.

Ici, l'expression mesurée d'un rite ancien fait fusionner les gens

dans la ronde fermée où tout se passe à l'intérieur du cercle.

Il fait barrière au monde extérieur et la symbiose du "kan-ha-diskan" et de la danse diffuse 

sa précieuse thérapie restée depuis des temps anciens le trésor des pauvres qui les maintient debout.

Le pays imprime sa marque, sa nature, sa rigueur, sa douceur et sa force

 aux gens d'ici...

mercredi 26 juillet 2023

Dans l'église de Gouarec, Côtes d'Armor

 propos d'un tableau sur un pilier de la nef dans l'église N.D. de la Fosse à Gouarec

La Trinité de l'Ancien Testament. A.Roublev
Sur le premier pilier sud de la nef en partant du choeur, le regard est attiré par un tableau  dont le style "Byzantin" saute aux yeux malgré l'absence d'éclairage orienté sur l'oeuvre accrochée (depuis quand?) à cet endroit.

La peinture byzantine est le renouveau pictural qui s'instaure à la fin du IXe siècle dans l'empire romain d'Orient qui va disparaître en 1454 par la prise de Constantinople par les Ottomans.

Ce tableau est une image sur bois reproduisant à l'échelle d'environ 1/2 l'oeuvre à la Tempera* sur bois de 142 x 114cm d'Andreï Roublev: "La Trinité de l'Ancien Testament" exécutée en 1410 et conservée à la Galerie Tretiakov de Moscou.

Cet art byzantin est une synthèse stylistique de l'art grec et de l'art romain avec une thématique chétienne.

Mais d'où vient cette reproduction dans l'église de Gouarec?

Blason de l'abbaye de Timadeuc (56)
Il faut retourner le tableau pour le découvrir. Ce tableau provient de l'abbaye de Timadeuc dans le Morbihan: blason de gueules à trois molettes d'argent posées deux en chef et une en pointe (à la crosse traversant) et devise: "espoir en Dieu".
Dans quelle circonstance l'abbaye de Timadeuc a été amenée à faire ce qu'on peut imaginer être un don à l'église ou plus précisément à Notre Dame de la Fosse? Ou quel paroissien ou donateur a pu offrir cette oeuvre acquise à Timadeuc? La question est posée et pour le moment sans réponse.
*Tempera = technique de peinture par mélange de pigments colorés avec une émulsion composée habituellement de jaune d'oeuf.


 

lundi 24 juillet 2023

Menhirs de Cléguérec, Morbihan

Les menhirs de Quénécan, aux confins de Cléguérec, de Sainte Brigitte et de Saint Aignan, Morbihan

Bugul er hoët ou le Berger de la Madeleine
Sur les hauteurs du Breuil du chêne, la partie la plus au nord et la plus boisée aussi de Cléguérec, sont plantés plusieurs menhirs aux formes caractéristiques (prismes rectangulaires issus des formations qui affleurent sur place). Le plus grand d'entre eux est un prisme élégant (photo) et brut de 4m50 de hauteur au dessus du sol. Sa fosse de calage est bien visible sur son côté nord et la partie enterrée est estimée à près d'un mètre ce qui fait un monolithe de 5m50 de longueur totale. Sachant qu'il fait entre 50 et 60 cm d'épaisseur pour une largeur d'1m, son poids se situe entre 7 et 10 tonnes (densité moyenne de la roche = 2,68). Ce menhir est nommé en breton  "Bugul er hoët" ce qui signifie en français "le berger du bois", mais dans la version française, son nom est plus précisément "le berger de la Madeleine". Pourquoi cette précision "madeleine"?? nous n'avons pas encore éclairci ce point.

Flanc ouest du Bugul er hoët


Ce menhir est donc prélevé sur place dans un secteur qui correspond à l'axe du synclinal  faisant le relief de la partie sud de la forêt de Quénécan. Dans ce secteur au coeur du "pays noir", on peut voir de nombreux blocs identiques à ce menhir, basculés les uns sur les autres et formant un véritable mur de défense dit du Breuil du chêne, un endroit riche en histoires étonnantes où apparaissent: les derniers loups de Quénécan, les déserteurs de l'armée impériale, les chouans de Debar, les charbonniers,ces hommes échappant par leur mobilité permanente dans les massifs forestiers, aux autorités religieuses et à l'influence de la religion dominante. Le "pays noir" est aussi celui des protestants sous protection des ducs de Rohan et plutôt réfractaires à l'ordre religieux établi dans la province.

Petit menhir à 50m du Bugul er hoët

 

La nature pétrographique de cette roche est un quartzite phylliteux gris vert dans lequel une orientation des minéraux est parfaitement visible. Il s'agit d'une roche métamorphique du Cambro-Trémadocien, le début du paléozoïque ou primaire qui va de 540 millions d'années à environ 480 Ma. Cette formation est suivie de l'ordovicien et donc des grès armoricains qui n'ont pas le même aspect (bancs massifs bien visibles sur le Lande de Courses et le bois du Fao plus au nord du massif de Quénécan.

La dernière vue montre un petit menhir (moins d'un mètre) qui se situe à quelques dizaines de mètres du grand menhir et implanté vers l'est. Ces pierres ne sont sur aucun chemin balisé et dans une propriété privée. Aucun d'entre eux n'a été christianisé. Si on y ajoute les allées couvertes réparties autour de ce relief du Breuil du chêne on peut conclure sans se tromper que cet endroit était bien fréquenté dès l'époque néolithique, la grande période du mégalithisme (de -5000 à -2000 avant notre ère).

vendredi 21 juillet 2023

Anciens travaux miniers sur Rosquelfen en Laniscat, Bon Repos-sur-Blavet (22)

Anciens vestiges de travaux miniers sur le fer à Rosquelfen

 rouge vif: anc.galerie de mine

 Lorsque vous sortez de Gouarec et prenez la route vers Bon Repos, à la sortie du premier grand virage à gauche, vous avez une petite route qui monte en lacets au village de Rosquelfen. Â quelques dizaines de mètres de cet embranchement, sur la gauche de la route (ancienne Nationale164 bis), vous apercevez une excavation dans le talus et qui se prolonge sous les bois (propriété privée interdite d'accès).

Cette excavation correspond à l'entrée d'une galerie souterraine qui s'enfonce dans la colline de Rosquelfen et ici dans les schistes du dévonien moyen à supérieur (de l'Eifelien: environ 380 Ma au Frasnien: 375Ma). Cette galerie fait suite à une exploration de surface qui met en évidence des roches ferrugineuses à oxydes et hydroxydes de fer dont de la limonite ocre vive et facilement détectable dans l'ensemble des schistes gris-bleutés de cette colline qui est aussi le versant nord en rive gauche du Blavet canalisé.

Les anciens du village parlaient de "la mine de fer" en faisant allusion à ces travaux qui se sont déroulés entre 1912 et 1914.

Coupe des travaux miniers par SMQ*

La première galerie horizontale nord-sud fait environ 90m de longueur. Un puits vertical de 14m de profondeur et à environ 65m de l'entrée de cette galerie, donne accès à une seconde galerie parallèle à la première. Le recoupement des formations géologiques à 14m d'intervalle permet de préciser l'orientation  des couches qui ici, sont décalées en surface. Ces travaux ont permis de découvrir une formation carbonatée (CaCO3) assez comparable à celle de  Cartravers qui servait de castine au haut-fourneau des Forges des Salles (Sainte Brigitte et Perret)au XIXe siècle. Le minerai ici est composé de sidérose ou sidérite qui est un carbonate de fer (FeCO3) avec des traces de manganèse, magnésium et calcium. Ce type de minerai à teneur en fer comprise entre 30 et 37% nécessitait l'emploi de températures élevées (les 1600° du haut-fourneau)lors du traitement. C'est le déclenchement de la guerre qui mettra fin aux activités de recherches dans ce secteur où il reste encore de nombreuses excavations qui témoignent de l'ancien passé industriel des Forges des Salles qu'il fallait alimenter en minerai de fer.

NB:*Société Minière de Quénécan