Petit patrimoine rural de Lanrivain, Côtes d'Armor

La croix de Croaz Nevez ou calvaire de Bodinel en Lanrivain: 1590

Calvaire de Bodinel: 1590

Sur le bord de la route qui va de Lanrivain à Trémargat, il n'est pas possible de manquer ce calvaire, à proximité de Saint Antoine et Bodinel (au Sud de St Antoine et au-dessus des gorges de Toul Goulic).

Ce monument est inscrit MH depuis 1927. On peut lire sur la face ouest du socle: CEST CROIS FUT FAIT P DOM G BELO. LMIL VL XXXX (1590). Ce texte gravé en bas-relief sur le socle indique l'origine du monument, réalisé par un Dom G Belo en 1590. 

C'est donc un calvaire de fin XVIe siècle constitué d'un socle sculpté surmonté d'un fût à écôts, console et croix autour de laquelle on distingue une bonne dizaine de personnages sculptés, ce qui en fait un calvaire exceptionnel!

Dans les descriptions existantes de ce monument, on peut trouver des erreurs de datation mais également des descriptions comme celle-ci: "Table débordante à cavet, massif, maçonné cubique...

Côté ouest: 7 personnages sculptés

Côté ouest, on dénombre pas moins de 7 personnages dont le christ en croix au centre, Sainte Marie et Saint Jean de part et d'autre ainsi que quatre anges: deux formant une courbure au centre du bloc sculpté, qui récoltent le sang du christ sous chaque main, et deux anges accroupis au pied de la croix qui récupèrent le sang  au niveau des pieds. Cet ensemble remarquable est réalisé dans un granite à grain fin et constitue une véritable prouesse artistique.

Revers, côté Est: 4 personnages visibles

Au revers, côté est et au centre du panneau sculpté, trois éléments: une piéta surmontée d'un dais protecteur et encadrée par Saint Nicodème et Marie-Madeleine, constituent un ensemble à quatre personnages (le christ repose sur les genoux de Marie). Cet ensemble possède donc au moins 11 personnages sculptés reconnaissables et comme on ne voit pas bien comment est fixé le "dais" sur la croix, il est possible qu'un ou deux "anges porteurs" échappent à l'observation au pied du calvaire.

Sources: infobretagne, Patrimoine de Lanrivain.

Le "chemin du roi Salomon" entre Sainte Brigitte et Cléguérec, Morbihan

Le "Chemin du roi Salomon" fait de la résistance entre Sainte Brigitte et Cléguérec!

Dans le Cartulaire de Redon, document daté du IXe siècle(871) et sans doute le plus ancien document rédigé à cette époque par les moines  de l'abbaye Saint Sauveur de Redon qui soit parvenu jusqu'à nous, il est question de l'itinéraire parcouru par le roi de l'époque, Salomon, le cousin d'Erispoë fils de Nominoë, le roi bien connu comme vainqueur de la bataille de  Ballon contre les Francs en 845 (Chronique de Réginon, Livre II). Salomon devient roi après avoir assassiné Erispoë, un acte qui lui vaudra sans doute d'être lui-même assassiné en 874. Pourquoi cet itinéraire effectué comme simple juge de paix dans ce secteur? Tout simplement pour régler un conflit de déplacement de bornes, c'est-à-dire d'usurpation de terres par un chef local (tyern ou machtiern du nom d'Alfret) au détriment du petit monastère de Saint Ducocan situé sur les terres de Perret (Keranflec'h Kernezne, 1886). L'itinéraire est donc détaillé dans le cartulaire mais son départ, sans doute de Pontivy, via Cléguérec est très peu précis comme on peut le lire: "Salomon rex... a descensu montis clegeruc ad lapides magnos sicut vadit via publica ad accervum, id es cruc, ad quadrivium infra aecclesiam selefiac...." ce qui donne en français: "Le roi Salomon descendit le versant de la montagne de Clegeruc, passa aux grands rochers (roc'hello) en suivant la voie publique jusqu'au tumulus dit Cruc, jusqu'au carrefour au-dessous de l'église de Silfiac..."

Dans la portion d'itinéraire entre Cléguérec et Saint Brigitte, on peut reconstituer le tracé à partir de documents tels que la carte de Cassini et l'ancien cadastre (1840). Plusieurs éléments permettent de caler l'itinéraire qui, à cet endroit, semble suivre une ancienne voie importante qui traverse la carte en diagonale assez régulière, sans doute cette "voie publique" dont parle le Cartulaire de Redon. D'autres éléments viennent s'ajouter aux anciennes cartes, comme la pierre ovoïde façonnée retrouvée sur

 l'itinéraire contre une portion de talus.

Le "Chemin du roi Salomon" au Nord de Cléguérec

Pierre ovoïde sur le tracé

Cette pierre étrange, et sur le tracé du "Chemin du roi Salomon" attend un examen par un archéologue qui doit se déplacer pour l'examiner. Cette étrange pierre ne correspond pas ici au substrat géologique en place; nous sommes dans le Briovérien à schistes bleus de Boduic.

Autre indice tout-à-fait spectaculaire: la variation de couleur de la végétation, en particulier des graminées en cours de pousse comme le blé qui fait un peu plus de dix centimètres dans les champs et qui, sur l'ancien tracé présumé du chemin, présente une décoloration qui marquerait précisément l'ancien itinéraire ou son emplacement.

Emplacement de l'ancien chemin présumé (décoloration)

Cette bande un peu plus jaunâtre fait précisément 7m de largeur, une largeur très régulière sur toute la longueur d'un champ dont le  lecteur évaluera l'échelle par les personnages présents sur la photo.

Vue dans l'axe NNW du chemin

Sur la dernière vue prise dans l'axe du tracé qui est Nord-Nord-Ouest on devine la courbe à gauche du chemin qui va vers le talus ou se trouve la pierre étrange. Cette portion du "Chemin de Salomon" se situe sur le plan (première photo) à l'emplacement du trait blanc qui indique le chemin du roi Salomon. Cette voie se retrouve dans une portion de chemin creux riche en anciennes carrières de pierres (de Boduic) puis monte vers la Fontaine de Saint Guérec (ou Guirec) avant de franchir le passage sur Sainte Brigitte et Roc'hello, un lieu également connu pour les anciennes extractions de fer servant à alimenter les premiers fourneaux du pays (Le Gouvello) du temps de la Vicomté de Rohan.

Merci à André Le Denmat pour les cartes et Gilles Auffret pour sa persévérance.

Sources: photos PJ et  carte satellite du secteur:  google Maps

Carte Blanche à Sainte Brigitte le 27 février (Morbihan)

Carte Blanche à Thomas Poulard, artisan itinérant le 27 février 2022 à Sainte Brigitte

Affiche des "Cartes Blanches"

 Cette fois il est question d'un artisan-artiste qui fait dans la continuité du travail des anciens de Sainte Brigitte puisque le village de Lannivon où il réside se situe à proximité du Gouvello, haut lieu de la sidérurgie et donc de l'exploitation du fer du temps où le pays dépendait de la Vicomté de Rohan (XVe et avant). On trouve dans l'étymologie du Gouvello, les traces de cette ancienne forge bien antérieure à celle de Guénault qui est aujourd'hui visitée par des touristes sensibilisés à la conservation du patrimoine ancien. C'est également autour de l'étang des Salles et sur Sainte Brigitte (le Gouvello, le Roc'hello...) que Léon Puzenat dans "La Sidérurgie armoricaine", Mémoires de la Société géologique et minéralogique de Bretagne, Tome IV, 1939, situait les premières extractions de minerai de fer et la production de ce fer par forges portatives dont l'usage était alors importé par les moines irlandais et ceci dès le Haut-Moyen Âge. Faire des lames de couteau dans cet endroit au XXIe siècle est donc une forme de continuité et un beau clin d'oeil à l'histoire d'un si beau pays  à l'ombre de la forêt de Quénécan.

Dans le cimetière de Saint Gilles, commune de Gouarec (22)

Restauration du calvaire de Saint Gilles à Gouarec

Ce chantier de restauration débuté par la pose des échafaudages autour du calvaire en 2021 est en train de se dérouler actuellement avec l'entreprise du VAL D'OUST (56460), nommée "La PIERRE Â L'OEUVRE", l'entreprise qui avait restauré le calvaire de Kériolet en 2018 (voir l'article sur ce blog).

Calvaire devant transept sud de la chapelle St Gilles

Ce calvaire qui ressemble à un calvaire dit "de mission" est en effet assez comparable à celui qui est un peu plus bas dans la rue de Saint Gilles, au carrefour de la rue et de l'ancienne voie charretière passant derrière Saint Georges. Ces deux monuments sont datés de 1864 et ont sans doute été réalisés avec les mêmes artisans et les mêmes matériaux: un granite grossier du massif de Quintin pour le fût et la granodiorite de Plélauff pour la sculpture de la partie haute du monument (Christ en croix).

Si on compare cette vue à une photo du début XXe siècle, on s'aperçoit que l'orientation du calvaire, aujourd'hui vers le Sud était à l'origine vers l'Ouest. Le changement d'orientation a été effectué au cours d'une restauration réalisée à la suite de la tempête de 1987 qui avait affecté le monument.

Fosse sous l'emplacement du calvaire

Après démontage complet du calvaire, une fosse a été creusée sous son emplacement de manière à pouvoir couler une dalle armée nécessaire au maintien du monument. En creusant cette fosse, les  maçons-sculpteurs de "La Pierre à L'Oeuvre" sont tombés sur des monolithes que l'on aperçoit sur la photo ci-contre. L'un d'eux, orienté nord-sud (avec la planche par dessus) est taillé et façonné. Celui, plus massif, au fond et en bordure sud de la fosse semble avoir deux extrémités parallèles et donc avoir été également grossièrement façonné. Ces blocs sont en diorite à grain grossier du type "Gwendol" en Plélauff. Que font ces monolithes dans le sol qui n'est donc pas ici le sol d'origine mais un sol remblayé pour rehausser le niveau devant la chapelle? Pourquoi des monolithes de cette taille (deux mètres environ pour celui du centre) ont été placés pour former ces remblais? Pour assurer l'assise du calvaire faute de sol dur ou éléments d'une structure antérieure à la chapelle elle-même? 

Christ en croix

Le tenon qui maintenait la croix sur son fût ayant disparu, la restauration post 1987 a été réalisée en perçant l'axe de la croix pour y insérer un renfort métallique à section carrée. Cette partie, la plus fragile du monument, réalisée dans le faciès clair de la granodiorite de Plélauff présente des microfissures qui nécessitent un traitement de la pierre, traitement réalisé comme à Keriolet et à Rosquelfen, par Tristan L'Hermite et les membres de l'entreprise "La Pierre à L'Oeuvre" du Val d'Oust.

Pour le moment, la dalle vient d'être coulée et le remontage du socle est programmé dans les jours qui viennent.

Sources: photo avant démontage: dossier "les HISTORIQUES" association de Gouarec, année 2001.

Informations (cimetière, dates...): Pierre Le Dour
 

Chapelle de Rosquelfen en Laniscat, Bon Repos sur Blavet (22)

Chapelle de Rosquelfen, fin des travaux de la 5e Tranche.

Nous voyons enfin la conclusion de la cinquième tranche de travaux sur la chapelle de Rosquelfen par la réalisation de l'évacuation des eaux en bordure des murs de la façade sud de l'édifice et autour du porche.

Caniveau entre porche et transept

 La base des murs est protégée par un habillage de dalles de schiste formant réceptacle d'évacuation des eaux de pluie qui à cet endroit se concentrent dans un espace réduit entre le porche et le mur ouest du transept. Cette précaution nécessaire s'imposait par l'absence de gouttières.

remise à niveau du sol devant le porche sud

Sur cette seconde vue, devant le porche restauré dans sa configuration d'origine (tout début XVIe siècle), le sol a été remis à niveau en tenant compte de la pente naturelle et du seuil d'accès au porche qui est aussi l'entrée principale de la chapelle.

Remise à niveau du sol en façade sud de la chapelle

Le travail des maçons de ProbâtiBreizh d'Hillion s'est donc terminé par ces finitions qui clôturent la cinquième et dernière tranche des travaux sur la chapelle. Le chiffrage définitif des travaux et le montant global des aides obtenues pour ce chantier débuté par les bénévoles il y a 12 ans seront indiqués lors de l'Assemblée Générale des Amis de la chapelle de Rosquelfen le 3 mars prochain à Laniscat.

Poème

Instants transitoires ou :"Devant la porte du voyage infini". Huile sur toile de Réon 

Je revois les grands chênes et la vallée si douce

Au soleil déclinant

Les accents de nos voix aux murmures d'une source

Emportés par le vent...

Ne pleurons pas les heures des étreintes éphémères

Et des roses d'antan

Corps et coeurs en accord, le temps figé d'hiver

Ne sied guère aux amants

Devant la porte du voyage infini. Huile sur toile de Réon

Devant l'espace ouvert sous l'arche du destin

Revivent d'anciens rêves

Le grimoire me suggère une coupe de vin

Pour colorer tes lèvres

Les orgues et la harpe ont rompu le silence

Vibrations de l'espace

Habité des désirs et brûlures de l'absence

En la saison des glaces

Devant la porte ouverte du voyage infini,

Destinées suspendues

Nos coeurs à l'unisson effacent les oublis

Et les espoirs déçus

Regarde la lumière qui frange l'horizon

 l'aube renaissante

Promesse des couleurs, des saveurs et des sons

Que demain réinvente.