Poème et chanson

Chanson (sur l'air des passantes*)

Je pense aux instants disparus

 ce printemps bien révolu

Et depuis déjà très longtemps

L'ombre sur terre si répandue

Où vents et pluies sont revenus

Au temps d'automne et ses tourments

Dessin PJ,plume-graphite inspiré de John Howe

Dans la mémoire d'un grand corbeau

Gardien des ruines d'un vieux château

Demeure d'une elfe, le souvenir

Une silhouette dans un manteau 

Douceur exquise d'un grain de peau

Et la profondeur d'un sourire

Comment comprendre le destin

Les histoires brèves, les jours sans fin

L'écume étrange des journées grises?

Je vois encore sur les chemins 

Ces deux passants main dans la main

Que l'on croisait aux sources vives

L'endroit parle encore de l'absente

Singulière et belle passante

Un moment de coeur vagabond!

Maison de pierres sous pluie battante

Les émotions bien persistantes

Imaginaires divagations...

John Howe "Sur les traces de Tolkien et de
l'imaginaire médiéval".

Le vieux château s'est endormi

Un clair de lune ouvre la nuit

Le grand corbeau se remémore

Le temps passé bien évanoui

Cet imaginaire interdit

Par un présent qui nous dévore!..

NB: illustrations inspirées de l'exposition "Sur les traces de Tolkien et de l'imaginaire médiéval", exposition en cours jusque fin janvier 2024 à la Fondation Leclerc de Landerneau (29).

*:La chanson "Les passantes" de Georges Brassens est composée à partir du poème d'Antoine Pol datant de 1911.

Visite de la SGMB* au Breuil du chêne en Cléguérec, Morbihan

*visite de la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne au Breuil du chêne

 en Forêt de Quénécan le 14 octobre dernier.

la croix du Breuil sur l'affleurement de grès du Trémadoc

Pour son assemblée générale de 2023, la SGMB (fondée par le géologue Kerforne il y a un siècle) avait choisi le village de Silfiac en Morbihan et donc à proximité du Géotope du Breuil du Chêne, réputé comme point remarquable de la géologie locale par ses affleurements qui dominent tout le pays.

C'était donc la coupe géologique idéale à faire sous un temps également de la partie entre la chapelle de la Madeleine située au bas des affleurements et le sommet matérialisé par cette croix de bois.

Partie sommitale de l'affleurement des grès du Trémadoc

La montée du Breuil ne permet pas de voir la limite Cambrien-Trémadocien car le sol est recouvert d'éluvions de pente d'épaisseur parfois plurimétrique. Ces formations sont aussi du quaternaire. La cartographie de cette zone (carte 313 de Pontivy) situe cet endroit en Cambro-Trémadocien. La partie supérieure de ce relief est bien du Trémadoc et correspond au début de l'Ordovicien inférieur, domaine des grès armoricains. Cette série stratigraphique continue entre Trémadoc et Arénig est marquée notamment par une différence de faciès liée aux variations des conditions de sédimentation entre ces deux sous-étages.

Echelle des temps géologiques: BRGM

Sur cette échelle des temps géologiques, on peut voir la période de répartition des grès de l'Ordovicien inférieur entre 500 millions d'années et 470, soit une période de sédimentation de 30 millions d'années.

Le groupe de géologues devant l'affleurement, côté Nord

Cette visite permet de faire le point sur les caractéristiques des grès-quartzites gris-vert du Trémadoc et les grès clairs de l'Arénig, éléments qui constituent les monuments mégalithiques nombreux dans ce secteur Sud de Quénécan et dont il est abondamment question sur ce blog en 2023.

Fossile du Silurien proche de Gouarec, Côtes d'Armor

Fossile marin du Silurien proche de Gouarec

Géologie au Sud de Gouarec

Sur cette carte au 1/25000e on peut voir la succession des terrains du Paléozoïque qui vont du plus ancien (Ordovicien) au plus jeune (Carbonifère) en montant vers Gouarec en venant de Perret. Ainsi les carrières de schiste entre Bochacoat et Le Pouldu à l'Est de la route Gouarec-Pontivy sont dans les schistes du Silurien où l'on trouve assez fréquemment des fossiles d'origine marine.

Le Silurien est un étage du Paléozoïque ou Primaire qui va de 440 Ma environ à 410 Ma (Millions d'années).Dans cet endroit et dans toute la zone allant jusqu'à Perret, les schistes du Silurien se caractérisent par leur aspect très sombre de schistes ampélitiques, riches en graphite. Ces schistes sont souvent plus vulnérables à la corrosion météorique que ceux, plus massifs du Dévonien (que l'on trouve dans les carrières de la Lande et plus près de Gouarec). Les schistes ampélitiques sont caractérisés par leur richesse en matière organique et également pyrite qui s'altère en donnant des colorations à cette roche. Dans le bois de Cavarn, sur Perret, ces schistes sont fortement enrichis en andalousite, un silicate de métamorphisme lié à la proximité du granite à l'Ouest de la route Gouarec-Pontivy.

Fossile de type corail dans un schiste

Le fossile visible dans ce morceau de schiste silurien est un amas d'alvéoles hexagonales qui donnent l'impression d'un "pain de cire d'abeille" tant le motif est régulier et la taille également compatible. Mais en réalité ce genre de fossile appartient à l'étage du Silurien et correspond à une algue ou un corail fossile assez semblable à "Mastopora Fava" bien connu dans cet étage sédimentaire marin.

Merci à Bruno pour cette trouvaille.

 

Poème

Intersaison

La source au rocher fait silence

Et le coeur aujourd'hui se brise

Vois-tu la nature en dérive

Quand les grands arbres sont en souffrance?

Etrange temps décomposé

Où l'ancien monde ici s'efface

Jusqu'au souvenir de nos traces

Dans les reliefs sur la vallée

Ruines du château de Beaucours, St Nicolas-du-Pélem

Ruines médiévales, arcs brisés

Murs éventrés, noyés de ronces

Décor meurtri où je m'enfonce

 la recherche d'un temps passé

Par quel sortilège enchaînés,

Des coeurs ici à l'unisson

Diffusent encore leurs vibrations

Sur les chemins creux désertés?

Faut-il regretter les saisons

Du vert printemps au riche automne?

Ces chaudes journées qui m'étonnent

Font si rapides mutations! 

Je ne sais ce que sera demain

Et rien ce jour ne me rassure

 l'ombre fraîche d'un vieux mur

Je m'interroge encore sans fin...

Un retable de pierre dans l'église de Peumerit-Quintin en Côtes d'Armor

Un patrimoine remarquable dans l'église de Peumerit-Quintin

En pénétrant dans cette église encore entourée de son cimetière et en plein centre du bourg de Peumerit-Quintin, le regard est immédiatement attiré  par un très long retable de pierre monté sur un mur de facture récente et occupant toute la largeur du chevet derrière l'autel. Manifestement, ce retable n'est pas dans sa position originelle et celle qu'il occupe aujourd'hui ressemble fort à un "sauvetage" de notre époque. Pour en savoir plus, il faut se référer à la brochure parue en 2013 sous le titre: "Chapelle du Loc'h- Peumerit-Quintin, Côtes d'Armor et rédigée par Henri Le Naou, Jean Paul Rolland et Roland Jourden.

retable en granite polychrome, église de Peumerit-Quintin

Dans ce document, on peut lire: "Les retables de granite du XVe siècle ont été transférés par l'abbé Lamoulen le 22 août 1961, puis déplacés par l'abbé Rolland, recteur de Mael(Pestivien) dont dépendait alors Peumerit sur le plan religieux, en septembre 1968. Les fonts baptismaux du Loc'h ont également été transférés à Peumerit à cette époque."

Ainsi, on apprend que ce magnifique ensemble sculpté provient de la chapelle du Loc'h et on imagine assez bien l'état dans lequel pouvait se trouver cette chapelle à cette époque pour déclencher une telle opération de transfert vers l'église paroissiale!

Cette chapelle du Loc'h est une fondation des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, ordre fondé à l'époque des croisades et qui deviendra l'Ordre de Malte au XVIe siècle. Il s'agit d'une ancienne aumônerie relevant de la commanderie de La Feuillée et qui existe depuis 1160.

Antependium de la chapelle du Loc'h

Dans la chapelle, ce magnifique ensemble était composé de deux panneaux de même longueur en position d'antependium (un devant d'autel décoratif) évoquant des scènes de la Passion du Christ et donc sous les deux autels présents dans la chapelle. Ces éléments possèdent des traces de polychromie et ont été classés aux Monuments Historiques le 13 août 1964 alors que la chapelle et le calvaire avaient été inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 22 mars 1950 (cette date s'oppose à la fiche Mérimée PA00089387 qui indique la date du 22 mars 1930 et parle d'un édifice du XVI et XVIIe siècle, mais ce n'est pas un cas unique, cette base est  à revoir aujourd'hui).

Les deux retables raboutés, montés sur un mur

Lorsque l'on sait les efforts considérables des "Amis de la chapelle du Loc'h" depuis leur création en 1984 jusque 1994 avec l'appui important de Breiz Santel, on imaginerait assez bien de voir ces deux retables de pierre rejoindre aussi leur chapelle d'origine.

Les vitraux du Loc'h ont été posés de 1995 à 2000 et le vitrail offert par l'Ordre Saint Jean de Jérusalem en 1996, l'a été sur l'initiative de l'abbé Motreff (1923-2012) alors chapelain du prieuré de Bretagne, succédant à l'abbé Bourdellès (décédé à Gouarec en 1989), également aumônier des Augustines de Gouarec, professeur d'Histoire et grand connaisseur des langues celtiques et du breton en particulier.