Libellés

jeudi 29 octobre 2020

Paysage de Bretagne intérieure, fin XIXe siècle

La lande de Quélédran au Faouët, Morbihan

La lande de Quélédran au Faouët. Louis Julien Télinge
Huile sur toile: 1883

Ce tableau de Louis Julien Télinge donne une image particulièrement représentative des paysages de la Bretagne Centrale avec un jeu d'ombre et de lumière qui donne de la profondeur au paysage et au ciel. Il provient du musée des Beaux-Arts du Faouët mais se trouve actuellement au Musée des Beaux-Arts de Vannes. Â partir de demain, l'exposition dans ce musée de Vannes ne sera plus visible: dommage! Le temps de confinement est un temps à mettre à profit pour se plonger dans les livres, une façon de s'instruire sans doute jugée obsolète par les adèptes du web, mais qui offre un bien meilleur contrôle des sources...


 

lundi 26 octobre 2020

A propos d'une nuance de bleu dans l'église de Runan, Côtes d'Armor

Le retable bleu de l'église de Runan, Côtes d'Armor

Porche d'entrée ND de Runan

 Runan qui au XIIIe siècle se nommait Runargant (la colline d'argent) possédait depuis le XIIe siècle, une aumônerie des Templiers (charte de 1182). Ce "moustier", chapelle dédiée à "Madame Sainte Marie, protectrice et patronne du Temple", a été sans doute érigé sur l'emplacement d'un ancien sanctuaire gaulois dédié à Bélénos ou Teutates. Durant tout le Moyen-Âge, Runan est une étape importante sur le chemin de Saint Jacques (trajet Tréguier à Guingamp). L'exceptionnelle richesse de l'édifice actuel est liée à son histoire: Les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui héritent de ce sanctuaire après la chute des Templiers vont agrandir et embellir le moustier des templiers. Le commandeur Pierre de Kéramborgne va être l'un des protecteurs du sanctuaire. Les fondations des Ducs de Bretagne comme Jean IV et Jean V, puis des rois de France comme Henri III vont contribuer au prestige de l'édifice et de Notre Dame de Runan.Un des trésors de cette église se trouve dans l'une des chapelles  constituant l'ensemble architectural de ce monument classé depuis 1907. Il s'agit du célèbre retable gothique de la chapelle des Fonts baptismaux, une chapelle prolongée par la chapelle de la commanderie, un chef d'oeuvre de l'art gothique.

Le retable bleu de Runan (1423: début XVe)
Ce retable est présenté dans l'édifice par une note écrite (non signée) qui indique que la roche dans lequel il est sculpté est la pierre bleutée de Tournai (Belgique). Il est composé de cinq tableaux: de gauche à droite: l'Annonciation, L'Adoration des Mages, la Crucifixion, la Mise au tombeau et le Couronnement de la Vierge.Selon le site bretagneweb.com, cette oeuvre est du début XVe et la date précisée est 1423.
Mais qu'est-ce que la pierre bleutée de Tournai?
Il s'agit d'une roche sédimentaire calcaire provenant de Belgique et abondamment exportée pour ses propriétés qui en font un excellent matériau de construction et d'ornement. Elle est constituée d'organismes marins: les crinoïdes cimentés par une boue calcaire. Roche calcaire aussi solide que du marbre mais qui n'en est pas un car la roche n'est pas métamorphisée; il s'agit de calcite. Elle est non poreuse, non gélive et ses caractéristiques sont très proches du marbre.
Détails du retable: aspect granuleux de la roche

Cette détermination pétrographique est désormais contestée et la nature de la roche serait plutôt un lamprophyre (wikipedia), c'est-à-dire un kersanton. La couleur apparente aurait pu subir une évolution au cours de la période révolutionnaire où le retable avait été recouvert d'une couche argileuse dont il reste de nombreuses traces dans les plis des sculptures. Cette couverture dont on ignore la durée, aurait modifié la patine apparente de la pierre qui reste bien grenue comme le montre le cliché. Et pourtant, losque l'on regarde les corniches qui encadrent ce retable et qui elles, sont en Kersanton bien plus gris, et plus sombre, on peut se poser la question. Alors, Pierre de Tournai ou Kersanton (qui pourrait être le faciès Rhun de l'Hôpital-Camfrout), la question reste posée jusqu'à l'analyse pétrographique par lame mince dans un fragment de l'oeuvre, ce qui n'est pas envisageable. Le retable garde son secret et mérite le détour.
Sources:documentation interne à l'édifice de Runan. Patrimoine de Runan (infobretagne), La pierre bleue de Tournai (wikipedia). Le site bretagneweb.com. Doc.brgm:pétrographie(mdc).


dimanche 18 octobre 2020

Poème

Echos du monde sur vieilles landes 

Un tapis de barbelés
D'ajoncs! La forêt à l'horizon
Où s'en vont les vieux sentiers
Les jours passent et les saisons
Sentier sur la lande, côté vallée du Daoulas:oct 2020

 Rêves d'azur, rêves  d'amour
Une fée dans le gris du jour
Me fait encore ses confidences
Bientôt Samain et les mois noirs
Le vent qui disait hier au soir:
"Au diable les hommes en démence"!

Esprits étriqués et perdus
Fanatiques de toute obédience
Sachez que les enfants de France
Ont la Liberté pour vertu!

Chemin des Landes du Liscuis:sept 2020

Loin des frémissements urbains
Des heurts et clameurs du lointain
Les landes apaisantes s'alarment
La source au Rocher balbutie
Quelques notes de sa mélodie
Qui ce jour, se mêlent à nos larmes.

mercredi 14 octobre 2020

La lanterne des morts de Guégon en Morbihan

La lanterne des morts de Guégon: élément du patrimoine aussi original que rare en Bretagne.


 Cette colonne de granite sculpté d'environ 1m de hauteur se situait dans le cimetière de l'église St Pierre-St Paul de Guégon dont la partie romane date du XIIe siècle, avant le déplacement du cimetière à l'extérieur du centre ville. Replacée sur le parvis de cette église (mais malheureusement sans respecter l'implantation d'origine), la lanterne des morts datant du XVIe siècle  fait partie des six lanternes des morts répertoriées en Bretagne si l'on considère celle de St Divy à Loguivy-Plougras comme non certifiée. Certains sites parlent d'une datation contemporaine de l'église romane primitive, ce qui ferait remonter la lanterne au XIIe siècle, devenant ainsi la plus ancienne de Bretagne.
Plusieurs lanternes des morts en France sont datées du XIe au XIIIe siècle. Si la lanterne de Loguivy-Plougras était certifiée, étant du XVIIe siècle, elle serait la plus récente de France, érigée après la Contre Réforme.



Cette colonne de granite servait à recevoir une lampe qui était allumée lors du décès d'un paroissien perpétuant ainsi un ancien rite de la lumière dont la fonction est de guider l'âme du défunt;  fonction symbolique forte (conférence de Jean-Yves Cavaud le 8 février 2014 sur cette lanterne des morts). La lanterne était également allumée le jour de la fête des morts et à la Toussaint.
Dans la plupart des paroisses et jusqu'au début du XXe siècle, des lanternes des morts portatives ont été utilisées lors du déplacement d'un officiant pour donner les derniers sacrements aux mourants ("extrême onction"). Â Rosquelfen, ces lanternes étaient des cylindres métalliques perforés pour laisser passer la lumière et montées sur une hampe de bois (comme une hampe de bannière).
Sources: Patrimoine de Guégon par Joseph Marie Le Mené: 1891
patrimoine.bzh
gerval2.free.fr/lanternedesmortsdeguegon56guegon.htm

jeudi 8 octobre 2020

Poème

Tourments d'automne

Année agitée, indicible

Quand la société se défait!

Le vent hurle au creux des arbres morts

Son chant d'apocalypse.

Les cris lugubres des corneilles

Ponctuent le grondement des bois,

Spectres ruisselants

Dans le souffle de la tempête.

L'étrange atmosphère de fin du monde

Jette son voile gris sur les humains


Etonnés, résignés

Inquiets!

Mais sous le fracas des vents déchaînés,

Le discret battement rythmé

De coeurs dans le même tempo,

L'incomparable vibrato

D'une ultime symphonie

Qui m'accompagne pas à pas...


 

dimanche 4 octobre 2020

le dolmen de Guidfosse en Plouray, Morbihan

Dolmen de Guidfosse, près de Tourlaouen en Plouray, Morbihan

Ce monument  daté du Néolithique est classé MH depuis 1978.
Une chambre funéraire unique de 2m50 x 1m80 est recouverte par une grande dalle de granite reposant sur des orthostates également en granite. Il s'agit d'un granite grossier à deux micas qui affleure  à proximité de cette crète topographique composée  de granite appartenant au massif de Langonnet, lui-même dans l'ensemble de Rostrenen-Pontivy, d'origine Varisque ou hercynienne. Cette disposition se retrouve fréquemment pour ce type de monument. Celui-ci a perdu son tertre de recouvrement (tumulus ou cairn selon la composition du recouvrement).
A proximité de cet endroit, trois tombes à coffres de l'âge du Bronze ont été également découvertes (Mégalithes bretons). Le 22 septembre dernier, une conférence était organisée à Plouray avec visite de ce monument dont la chambre (ouverture) est orientée sur l'axe d'équinoxe d'automne, qui ce jour là était à 15h: moment furtif à saisir par conditions météorologiques peu favorables!
Cette visite précédait la conférence de Howard Crowhurst sur le thème de l'influence de l'astronomie dans l'alignement des mégalithes.
Ce thème au premier abord séduisant et présenté avec une qualité d'images exceptionnelle laisse les scientifiques perplexes, en particulier les archéologues.En effet, partir d'une "intime conviction" et étayer celle-ci par les observations et calculs qui vont dans le sens de la conviction mais en ignorant tout ce qui n'entre pas dans ce cadre est bien évidemment irrecevable. De nombreux monuments qui vont des tumulus à couloir coudé aux allées couvertes comme celles du Liscuis en Laniscat (22)présentent des orientations différentes qui dépendent plus de la topographie locale que de l'astronomie. Les techniques de datation par rapports isotopiques sont plus fiables aujourd'hui qu'il y a 50 ans , ce qui permet d'avancer dans l'étude de ces monuments.Il n'en reste pas moins vrai que les hommes du Néolithique ont observé le ciel  et sans aucun doute celui-ci, comme le souligne le conférencier, a représenté une forme de repère stable avec les solstices et les équinoxes, la position des étoiles toujours fiable par opposition à une terre sans doute plus "chaotique"! Le thème dans tous les cas passionne et alimente le rêve bien nécessaire dans ces temps d'incertitude et d'anxiété...