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samedi 30 novembre 2019

Poème

En novembre

Quand les arbres gémissent sous les assauts du vent
Et les roches dressées accrochent les nuages,
Crêtes du Liscuis vers le Daoulas
C'est le temps de novembre qui vomit ses tourments
De pluies horizontales effaçant le bocage

Dans les nuits du mois noir, triste et sombre présent
Je rêve encore du temps des saveurs enchantées,
De ces fleurs éphémères aux couleurs de printemps
Instants de la jeunesse à jamais envolés

C'est Eole l'inconstant qui dénude les chênes
Et jette les nuages vers le Septentrion
Sous les hêtres j'arpente l'antique voie romaine
Où j'entends sous l'averse, les rires d'un démon

C'est novembre qui passe, les humains à la peine
N'entendent plus les voix de la sérénité
D'un futur inquiétant au présent qui malmène,
Le "Veau d'or" sans doute, les a désenchantés!

mercredi 20 novembre 2019

Electrum et minéralogie

 propos de l'électrum, quelques précisions...

Des lecteurs du blog se sont interrogés sur l'usage de ce terme "électrum", interrogations nourries par les articles du 23/07/2011, 24/11/2012, 1/02/2013, 9/01/2018, et il me semble donc nécessaire d'apporter quelques précisions à ce sujet.
Si, en lieu et place de "Encyclopedia Universalis" on ouvre désormais l'incontournable "Wikipedia", on peut lire une phrase qui fait la différence entre la définition scientifique du terme et celle des historiens: "L'électrum est un alliage composé d'or et d'argent rencontré à l'état naturel dans des proportions variables. En numismatique et histoire de l'art, le terme désigne également un alliage artificiel". On voit donc dans cette phrase, la distinction qui est faite entre la définition des géologues et celle des historiens.
Electrum primaire (coll privée) 
L'électrum est donc un alliage naturel de deux espèces minérales métalliques (des "natifs" en minéralogie) qui sont l'or et l'argent, deux espèces qui ont des points communs, ce qui explique le caractère "argentophile" de l'or. En effet, ils ont des conditions similaires de concentration en gîtes primaires, ils ont la même structure cristalline, le système cubique qui est le seul système où les propriétés physiques sont les mêmes dans les trois directions de l'espace.Ils sont classés tous les deux comme métaux de transition. On pourrait ajouter des compatibilités liées à la taille des atomes, aux liaisons Van der Vaals mais laissons ces détails aux minéralogistes.

Dans sa rubrique "Etymologie", le site Wikipedia indique que le mot dérive du grec elektron lui-même dérivé d'elektõr (brillant) qualificatif du soleil. Les grecs appelaient cet alliage: l'or blanc.
 "Pline l'Ancien explique que tout or contient de l'argent en quantité variable et lorsque la proportion d'argent est de 55%*, le métal s'appelle "électrum". On en trouve dans l'or en filon. On fait aussi de l'électrum artficiel en ajoutant de l'argent à l'or".(Wikipedia)
(* ce pourcentage est erroné; il s'agit d'une proportion 1/5 et non 55% dans le texte de Pline).Sur le site de "Gap achat d'or", on peut lire également: "L'or pur 24 carats fait son apparition dans les pièces de monnaie puis est allié à l'argent, métal plus répandu en Grèce, c'est l'électrum artificiel en ajoutant de l'argent à l'or."
Monnaie gauloise en électrum: photo Wikipedia
Ainsi, au moins jusqu'au XIXe siècle avec les égyptologues, la définition de l'électrum est restée la même. Les alliages rencontrés notamment sur la pointe des obélisques étaient bien de l'électrum (or +argent) à très fort pouvoir réflecteur (trois fois supérieur au cuivre) et on imagine l'éclat de ces pointes d'obélisques au soleil, visibles à des kilomètres.
Aujourd'hui, avec le trésor de Laniscat, les archéologues (qui ont une formation histoire de l'art) choisissent la définition la plus extensive possible puisque l'élément dominant (et largement) de l'alliage métallique utilisé ici est le cuivre. Même en numismatique on serait plus précis en parlant de "bas or rouge". C'est la raison pour laquelle le terme d'or allié me paraît encore aujourd'hui le mieux adapté pour qualifier les monnaies du trésor de Laniscat.Encore un mot sur l'usage de l'or. Les propriétés physiques de cette espèce métallique la rendent inutilisable à l'état pur. Du fait de sa densité extrème:19,3 (pour isotope stable 197Au) et son exceptionnelle ductilité: avec 31g d'or pur, on peut faire un fil de 8km de longueur! il faut lui ajouter un métal plus rigide, capable de diminuer son poids et le rendre plus résistant (c'est pourquoi l'or commercialisé est souvent de 18 carats (titre), alors associé  à d'autres métaux comme argent et cuivre dans la proportion 18/24.(24 correspond au titre de l'or pur).

lundi 11 novembre 2019

Poème

Le ruban de Moebius

Le sentier emprunté parfois
Est bien différent au retour
Pourtant les jours ne changent pas
Les nombreux chemins qui m'entourent

Alors j'avance, je crois, sans fin
Sous un ciel aux nuages bas
Dans l'aube pâle de ces matins
Liscuis, Daoulas guident mes pas.

Je suis parti, c'était hier
Puis revenu depuis longtemps
Au pays habillé de vert
Où j'apprivoise le temps présent

Dans le jardin où tu t'attardes
Fragile rose de velours
Belle éphémère, je te regarde
Dans l'automnale splendeur du jour

Tu es la fleur pourpre et vermeil
Qui donne à l'instant sa couleur
Avant l'hiver au long sommeil
Je te sens battre comme un coeur

Ruban sans fin du temps qui file
Sur ta surface au seul côté
Dans le futur qui se profile
Des roses encore et parfumées!...

jeudi 7 novembre 2019

Découvertes archéologiques en Côtes d'Armor

La découverte de Trémuson en Côtes d'Armor

Au cours des travaux de recherche dans une habitation gauloise du IVe au 1ier siècle avant notre ère,  sur le site de "La Morandais"en Trémuson, l'INRAP annonce le 25 octobre dernier une découverte exceptionnelle et historique (Télégramme n°23110, Ouest-France du 25/10). Il s'agit de 4 sculptures gauloises vieilles de deux millénaires avec également un seau de banquet ou de table ouvragé et parfaitement conservé.
Dans les quatre sculptures, on trouve le buste d'un personnage important (la présence d'un torque sculpté en atteste), en pierre (indéterminée au moment du point-presse) et de 40cm de longueur pour 15 de largeur, pour un poids de 11kg. Cette découverte importante s'ajoute à d'autres dans le Massif Armoricain et notamment celle du "barde", "l'homme à la lyre" découvert lors des fouilles du célèbre site de Saint Symphorien en Paule, près de Glomel.
Il existe 26 sculptures de ce type en France, un chiffre qui témoigne de la rareté de ces découvertes.
Cette sculpture intrigue par le traitement qui lui a été réservé car en effet, elle a été découverte dans une fosse taillée à sa mesure et face contre terre (voir photo 2).

Photo n°2: INRAP





Cette photo INRAP prise à la verticale de la fosse d'enfouissement de la sculpture montre bien un acte délibéré, mais pourquoi dans cette position, face vers le fond de la fosse? Les trois autres sculptures, plus petites sont trouvées au fond d'un puits comblé, et c'est dans ce même puits qu'est découvert, à 6m de profondeur, un seau de banquet en bois garni de bronze ouvragé; une pièce exceptionnelle aussi bien par sa rareté que par son état de conservation.
Seau de table: photo n°3: Emmanuelle Collado-INRAP

Ce seau en bois cerclé et rehaussé de bronze ouvragé correspond selon les experts de l'INRAP à une oeuvre majeure de l'art celte. Â ces découvertes, il faut ajouter les nombreux fragments d'amphores qui indiquent une consommation de vins d'Italie et d'Espagne, ainsi que des trous de poteaux et tranchées de fondations qui donnent la mesure de l'importance des bâtiments de cette habitation (bâtiments d'une centaine de m2 chacun).
Ref: Stéphane Bourne: archéologue responsable scientifique des fouilles de La Morandais en Trémuson.
Yves Menez: Conservateur Régional de l'Archéologie, DRAC de Bretagne.
Claude Le Potier: Directeur de l'INRAP-Grand Ouest.

vendredi 1 novembre 2019

Minéralogie en Bretagne

L'aigue-marine, le béryl bleu, talisman des marins.

Dans un article rédigé sur ce blog le 9 décembre 2016, je parlais de l'émeraude, ce magnifique béryl vert, le seul dans la famille du béryl à bénéficier de l'appellation "Pierre Précieuse". Dans cette même famille, on trouve l'aigue-marine, assez fréquente en Bretagne: carrière de la Lande à Plumelin (56), à La Villeder (56), Orvault (44), Coray (29), Crozon (29), et dans les endroits où l'on trouve des filons de pegmatite, liés aux granites, ce qui fait pas mal de sites potentiels!
Classée "Pierre Fine" et non "Précieuse" ou "semi-précieuse" (un terme supprimé et interdit depuis des années), elle est transparente à translucide, voir semi-opaque et doit sa couleur au fer ferreux et fer ferrique présents dans sa structure. Ce cyclosilicate appartient au système cristallin hexagonal (classification de Strunz) avec formule: Be3Al2Si6O18, dureté 7,5 à 8,(Mohs) indice de réfraction:1,56 à 1,59, uniaxe négatif et nettement pléochroïque.Sa densité varie de 2,68 à 2,91. Elle est parfois confondue avec la tourmaline bleue (elbaïte et/ou indicolite) mais celle-ci est rhomboédrique.Les principaux gisements mondiaux se situent au Brésil (Marambaia, Santa-Maria...) en Afghanistan, Madagascar, Pakistan, Sibérie...
Sa couleur "eau de mer" étymologiquement, en a fait sans doute ce talisman protecteur pour les marins et par extension pour tous les voyageurs. Son nom figure dans des textes romains mais aussi dans "L'Apocalypse de Saint Jean" (évoquant une base de mur en béryl).
Dans cette famille du béryl, il existe aussi d'autres pierres fines comme l'héliodore jaune (présence de fer), la morganite rose à orange (présence de lithium et de césium), la goshénite (incolore), la bixbite rouge (présence de manganèse).Rappelons au passage que le chromofore responsable de la couleur "vert émeraude" dans l'émeraude est le chrome.
Sources: "Les minéraux": E.Asselborn, P.J.Chiappero, J.Galvier 1987 "coll: Le Guide Vert.