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lundi 14 août 2023

Patrimoine de Rosquelfen en Laniscat, Bon Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

Les moulins de la vallée du Liscuis à Rosquelfen

La vallée du Liscuis constitue une saignée dans les roches schisteuses qui bordent la vallée du Blavet entre Gouarec et Bon Repos (sur Saint Gelven), et pour faire cette vallée encaissée, il a fallu un ruisseau particulièrement énergique, d'où son nom: le liscuis, du breton "diskuiz" qui signifie en français: "sans fatigue"! Et en effet, ce ruisseau est réputé pour son débit constant, au point d'héberger sur son lit, pas moins de trois moulins sur moins d'un kilomètre!

Pignon d'un moulin ruiné: août 2023
Le moulin central dans le dispositif hydraulique implanté sur ce cours d'eau a été le dernier a fonctionner (jusque la dernière guerre) et s'est trouvé définitivement ruiné par la chute d'un arbre en plein milieu de la toiture, éventrant également la façade côté rivière.
Le moulin positionné le plus bas dans la vallée a été démonté au moment du percement du canal de Nantes à Brest. Il se trouvait à la jonction du Liscuis et du Blavet à l'emplacement de la route actuelle de Gouarec à Bon Repos.
Le moulin le plus haut dans la vallée a été partiellement démonté pour construire une maison au Poteau, quartier en sortie de Gouarec vers Laniscat.(années 1970-80)
Emplacements de deux roues à aubes 
sur le même canal fonctionnant
simultanément




La façade porteuse des roues à aubes sur ce même bâtiment  est percée par deux trous à section carrée qui contenaient les axes des roues à aubes. Sur ce moulin, deux roues pouvaient donc fonctionner simultanément et donc deux meules.

Restes d'un axe de roue, moulin du haut





Le moulin situé le plus haut se trouve à proximité de la fontaine et proche du tracé de l'ancien chemin d'accès. L'axe de la roue à aubes est encore dans son emplacement et l'arrivée d'eau par une chute ou déversoir est également parfaitement visible. La distance entre les deux moulins est d'à peine 50 mètres environ ce qui imposait un usage simultané des deux moulins alimentés par un bief unique partant d'une retenue d'eau en amont  et dont le mur-barrage est encore visible. Le bief se divise en deux déversoirs alimentant chacun des moulins.

Restes de la meule courante
dite: à carreaux cerclés
Dans le moulin le plus haut sur le Liscuis, on peut voir encore les restes de le meule courante cerclée dont la partie centrale percée est très probablement une granodiorite (de Plélauff). Les carreaux cerclés sont du silex molaire ou meulier, très dur et creusé d'alvéoles. Ces pierres en silex alvéolé sont d'une abrasivité exceptionnelle et sont remplaçables dans la meule. Elles sont préférées aux meules monolithes comme celles en granite du Guilvinec, concurrencées par ces silex meuliers de Cinq-Mars-la-Pile en Touraine qui sont commercialisés dans l'ouest depuis Henry IV et le seront ensuite par le canal jusqu'à la fin des moulins à eau. L'avantage de ces silex était de ne laisser aucune trace minérale dans la farine ce qui n'était pas le cas des meules monolithes en granite qui pouvaient disséminer des micrograins de quartz dans la farine, un abrasif pour la dentition peu apprécié et qui nécessitait du tamisage fin. Lorsque tous les moulins fonctionnaient, les deux du haut devaient épuiser leur réserve d'eau disponible avant que celui du bas puisse fonctionner à son tour et sa propre réserve d'eau devait se situer au bas de la vallée. La mise en place de la route et du chemin de fer en même temps que la mise en canal du Blavet ont effacé ce dispositif. Enfin, au niveau de l'ancienne voie romaine, l'endroit dit: Le Lenn était un étang et même une" pêcherie" à l'époque des seigneurs de Guernarpin, les bienfaiteurs de la chapelle de Rosquelfen au XVe siècle.


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