Fontaine du chien- Fontaine du chat-Fontaine de Saint Gildas à Laniscat.
"Feunteun ar C'hi- Feunteun ar C'hazh- Feunteun Sant Weltas"
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Fontaine aux trois bassins à Laniscat, route de St Mayeux |
Cette fontaine originale par ses trois bassins (la statue de Saint Gildas a disparu), se trouve à proximité et au bas de l'élévation schisteuse où se situe la chapelle Sant Weltas (Saint Gildas) du XVIIIe. Cette chapelle remplacerait un monument (tumulus) du néolithique annoncé par un menhir encore debout dans la parcelle située au Nord immédiat de la butte.(voir articles sur ce blog)
Un panneau rédigé en trois langues (breton, français et anglais) explique au passant que cette fontaine était fréquentée pour les bienfaits de St Gildas, guérisseur de la rage qui se nommait ici "droug Sant Weltas" (le mal de St Gildas). Un pardon a lieu dans cette chapelle le dernier dimanche de janvier, d'où le dicton: " Deiz pardon sant Weltas, Kolla ar goañv ge dent bras, Pe 'bada kant deiz c'hoazh!"
(Au pardon de Saint Gildas, Le rude hiver s'en va, Ou se prolonge de 100 jours!)
Mais pourquoi une fontaine associant le chien et le chat dans un rituel autour de l'eau?
Il faut remonter au temps des Celtes pour approcher l'origine de ces rites bien antérieurs aux monuments encore visibles aujourd'hui. L'année celtique comporte deux saisons: une saison sombre débutant à Samain (après le 1ier novembre, devenu la Toussaint et le jour suivant: celui des morts pour le christianisme) et la saison claire qui débute à Beltaine (1/05). C'est donc avant la "purification" d'Imbolc (le premier février) qu'a lieu le pardon de Saint Gildas (dernier dimanche de janvier). Le même rite se déroule à Magoar, un peu plus au Nord.
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Fontaine de Saint Gildas (aux chiens) de Magoar |
Chaque 31 janvier, les chiens étaient amenés en procession à la fontaine, après l'office et on leur donnait à manger. Cette cérémonie devait croyait-on alors, les protéger de la rage.
Bernard Rio indique à propos des animaux et fontaines: " L'offrande du pain s'avérait le point commun entre les chiens et les chevaux. Ces animaux chtoniens fréquentaient les mondes d'en haut et d'en bas, allaient et venaient de la saison noire à la saison blanche. Le pardon des chiens en hiver à la chapelle Saint Gildas à Laniscat, le pardon des chevaux en été à Penvenan. La fontaine servait de porte spatio-temporelle pour ces messagers de l'Autre Monde. Le rite de fécondité se doublait d'un rite de protection."
Ainsi, malgré les efforts du clergé (Concile de Trente), les rituels autour des fontaines ont longtemps conservé la marque d'une ancienne civilisation qui considérait les points d'eau, ces sources de la vie, avec un infini respect,bien différemment d'aujourd'hui! Les humains associaient alors à ces rituels,les animaux comme le cheval et le chien, partenaires indispensables au moins jusqu'au siècle dernier. Mais alors le chat? Cet animal qui n'a pas la réputation d'aimer le contact de l'eau est néanmoins un partenaire des humains pour la protection des réserves de grains et doit lui aussi être protégé des maladies par les vertus de l'eau de cette fontaine sacrée.Aucun rituel n'est indiqué à propos du chat dont on peut imaginer qu'il pouvait sans doute boire quelques gouttes d'eau sacrée, être nourri comme le chien et disposer ainsi de la protection du Saint contre les maladies.
Pour Christian Le Gac, les pratiques rituelles liées aux eaux miraculeuses des fontaines sont de trois ordres: les rites de guérison (comme l'eau de la fontaine St Ignace en Ste Brigitte qui aurait guéri du typhus), les rites de divination (comme à St Efflam) et les rites de protection comme à Laniscat et Magoar. Ces rites, aujourd'hui abandonnés restent bien présents dans la mémoire des anciens.
Sources: "Sur les chemins des pardons et pélerinages en Bretagne" par Bernard Rio.
Blog de christianlegac. Infobretagne: patrimoine de Laniscat et Magoar.
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