Comprendre le Néolithique
Cette période correspond à la sédentarisation des groupes humains, une révolution dans l'histoire de l'humanité avec la naissance de l'agriculture, de l'exploitation des animaux domestiques, de la création des frontières et les conséquences qui vont en découler. Cette période débute 9000 ans avant l'ère chrétienne en Mésopotamie et 5000 ans avant JC en Europe et donc en Bretagne. Le début du Néolithique laisse des vestiges non négligeables, en particulier en Armorique. Le pourtour du Golfe du Morbihan est un endroit particulièrement riche en vestiges de cette période et pourtant, il faudra attendre la fin du XXe siècle pour que les hommes s'y intéressent à nouveau et de façon scientifique (recherches archéologiques).
Cette photo représente les morceaux du grand menhir "Er Grah" de Locmariaquer, le plus grand connu d'Europe avec ses 20m60 et ses 200 tonnes. Ce menhir érigé vers le milieu du Ve millénaire avant JC a été brisé par sa chute dont la cause a fait l'objet de nombreux débats. Aujourd'hui, les archéologues attribuent sa chute à un tremblement de terre (fortes probabilités mais pas de certitude). Une modélisation mathématique de cette destruction, montre comment la base (premier plan de la photo) s'est trouvée à l'opposé du sommet, lui-même brisé en trois morceaux au contact avec le sol et dans la même position depuis!
Photo 2: le menhir brisé en 4 morceaux. L'étude archéologique a démontré que ce mégalithe en orthogneiss, roche que l'on trouve à une dizaine de kilomètres plus au nord a été transporté par radeau ou barge (le niveau de la mer était huit mètres plus bas qu'aujourd'hui) et hissé sur le tertre d'implantation par rampe boisée probablement graissée.On imagine bien le degré de technicité et l'organisation de cette société hiérarchisée pour mener un tel chantier. Le mégalithe est dressé brut et dépasse le sol de 18 mètres. Il est ensuite façonné par percuteurs et un motif apparait sur sa face est, la plus plate (forme qui justifie l'appellation de "stèle" pour ce mégalithe et ceux associés). Les archéologues découvrent que ce menhir est le premier d'une série de 18 stèles alignées nord-sud et allant vers le nord en taille décroissante.
La troisième photo montre l'alignement reconstitué à partir de cailloutis matérialisant au sol les fosses de calage des stèles. Ils s'aperçoivent également que le mégalithe le plus proche du grand menhir est une stèle qui devait mesurer 14 mètres de hauteur dont les morceaux sont réemployés à proximité: la Table des Marchands (3900 à 3700 avant JC) est une dalle (plafond d'un dolmen à couloir) correspondant à un morceau de cette stèle. Un autre morceau est retrouvé à Gavrinis et le motif sculpté sur une des faces permet de confirmer et reconstituer la stèle d'origine. Une troisième stèle se situe dans le dolmen de Mané Rutual, également à Locmariacquer. Ainsi donc le début du Néolithique sera caractérisé par la création de gigantesques alignements dont on ignore encore le sens. S'agissant de celui de Locmariaquer, on remarque que cet alignement correspond à une sorte de "rampe" dont la partie la plus élevée (le grand menhir) est également la plus au sud, que l'ensemble est visible de l'intérieur du Golfe, et donc en venant du nord et de l'est, direction qui permet de voir les stèles dans leur grande largeur et côté sculptures. Au delà de cet alignement, c'est la sortie du Golfe,l'océan Atlantique, et l'inconnu; la force symbolique de cet ensemble est frappante. Cet alignement spectaculaire ne va durer que quelques siècles et la période qui va suivre est celle du développement de tombes collectives et parfois individuelles comme le tumulus d'Er Grah (4200 à 4000 av JC) qui va atteindre les 130 mètres d'extension au sol. En 1991, une restauration du cairn de la Table des Marchands est entreprise.
Sur ce dolmen à couloir célèbre, c'est une fouille de 1905 à 1909 qui permet de retrouver la base du cairn, entièrement disparu à la suite d'exploitations en carrière des pierres sèches (comme à "Er Grah"). La photo montre l'état actuel du cairn reconstitué et désormais préservé.
Sources DRAC et Musée Archéologique de Locmariaquer.
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