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dimanche 8 juin 2014

Archéologie

La nécropole Néolithique du Liscuis (Laniscat 22570)

Les 7 et 8 juin 2014, à l'occasion du Trail de Guerlédan, les "Chemins de l'archéologie" ont organisé une animation sur le site de Bon Repos (en St Gelven, Côtes d'Armor) avec démonstration de creusement d'une pirogue par herminette et hache en métadolérite de Quelfénec, constitutions de parures en pierres polies et perles d'argile, sifflets globulaires en terre et présentation d'outils et haches du Néolithique (5000 à 2000 avant JC). Ces journées ont été aussi l'occasion de visiter les allées couvertes du Liscuis, témoins de plus de 2000 ans d'histoire.
L'itinéraire de la visite commence par Liscuis III, l'allée couverte la plus proche du carrefour des chemins où se trouve un panneau explicatif réalisé à partir des dessins et données de Y Le Cerf et C.Tanguy Le Roux. Liscuis III est datée de 2000 ans avant JC, c'est la plus jeune du site. Elle présente un vestibule sub-triangulaire, une chambre principale et une cellule terminale ou annexe (cella) largement ouverte à l'Ouest. Entre le vestibule et la chambre sépulcrale se trouve une dalle échancrée avec une ouverture sub-triangulaire possédant encore son opercule de fermeture en schiste.
Cette allée de 13m de longueur se situe dans un tertre de 14m par 6 avec ici, la présence d'un véritable parvis à l'entrée, côté vestibule (Est). Le cairn qui recouvrait l'ensemble a disparu.
En continuant le chemin, apparait sur le sommet, légèrement en contrebas du point topographique culminant, la plus ancienne des tombes collectives: Liscuis I, une tombe en V d'environ 4000 ans avant JC. Elle fait 12m de longueur et s'ouvre au sud-ouest par un très court vestibule étroit séparé de la chambre sépulcrale par une dalle septale brute. La chambre sépulcrale est en forme de "bouteille". Un reste de pavage en schiste a été noté par les archéologues. Une petite cellule annexe est également visible au nord. Ici le cairn était piriforme et faisait 13m par 6, également en grande partie disparu aujourd'hui (la photo d'en-tête du blog correspond à cette tombe). La deuxième photo jointe au texte correspond à l'intérieur de Liscuis I. Au cours des fouilles, il a été mis à jour 12 silex dont 4 éclats laminaires, une perle sub-cylindrique en stéatite (du talc) à perforation bicônique, deux petite hachettes (une en amphibolite et l'autre en schiste), une grosse ébauche de hache en dolérite de Quelfénec et 60 fragments de poterie de huit vases différents dont 6 aux formes reconnaissables.
La visite se termine par Liscuis II, datée d'environ 3000 avant JC et qui est une grande allée couverte à vestibule de 2,5m de long, déjeté vers le Nord-Est. La chambre principale fait 8m50. l'opercule est ici soigneusement taillé dans une dalle verticale en schiste. A l'extrémité sud, une structure de 3m50 de long prolonge la chambre. Ici, le sol est aménagé avec soin; il est dallé de grandes plaques de schiste ajustées sur un poutrage longitudinal de 3 rangées de blocs de quartzite, formant ainsi un vide sanitaire. Le cairn est ici le mieux conservé des trois monuments; il est elliptique et fait 20m x 12m, mais plus frustre que le cairn de Liscuis I.Les archéologues y découvrent 6 silex dont 4 petites lames, des parures (pendeloque sur galets de quartz), rognon de silex à perforation naturelle agrandie, plaquette de schiste percée, pendeloque en fibrolite verte (une sillimanite fibreuse), 5 haches polies et un fragment d'une sixième, toutes en dolérite de Quelfénec, ainsi que trois fragments de vases carénés, un gros tesson ventru de gros bol et un autre fragment de poterie dans le calage d'un pilier. Ces trois monuments n'ont pas été placés ici par hasard et le lieu d'une rare beauté, dominant les vallées du Daoulas et du Blavet, dans un espace dégagé et en hauteur est incontestablement en lien avec ce que les hommes de cette époque imaginaient du passage vers l'au-delà.
Sources: "L'implantation Néolithique en Bretagne Centrale" Charles-Tanguy Le Roux. Rev.archeo.Ouest 1984, p33à54.

3 commentaires:

  1. merci pour les informations très intéressantes fournies et que nous attendions depuis longtemps. L'endroit est très beau et la marche très instructive. Marie d'Auray

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  2. Bonjour, et félicitations pour votre blog. Ma mère est originaire de Gouarec, et plusieurs de vos articles évoquent pour moi de bons souvenirs de vacances, en particulier celui-ci.
    Une question: est-ce Liscuis ou bien Liscuit? Dans ma famille j'ai toujours entendu prononcer Liscuit avec un t, bien marqué à la fin du mot. Je n'étais pas vraiment sûr de mes souvenirs, mais j'ai retrouvé récemment un document écrit par mon grand-père en 1914, où il utilisait bien l'orthographe "Liscuit" (je peux vous transmettre un copie pdf de ce document, que j'ai scanné il y a quelques mois - me contacter sur jps17@aliceadsl.fr).

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  3. Bonsoir et merci de visiter le blog rosquelfen-pj. Je vous fais une réponse plus détaillée sur votre messagerie mais l'orthographe actuelle de Liscuis est bien avec un "s". La terminaison avec "t" existe aussi dans les textes mais elle est plus éloignée de la prononciation bretonne.

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