Le lac à sec: Guerlédan 2015 entre Côtes d'Armor et Morbihan
Dans la partie ouest du lac, le Blavet a retrouvé son lit canalisé, entre l'écluse Nicolo (la première après l'abbaye de Bon Repos en allant vers l'Est: n°137) et Trégnanton en Saint Gelven (22). Tout début avril, le retrait de l'eau découvre un espace gris, couvert de dépôts vaseux qui se déshydratent lentement à l'air, laissant apparaître des vestiges anciens comme cette barque que l'on devine, enfouie sous la vase.(cliquer sur la photo pour l'agrandir).
Le fond de la vallée qui commence à se craqueler sous l'effet du retrait de l'eau est particulièrement dangereux car certains endroits ne retiennent pas le poids d'un corps et l'épaisseur de vase peut atteindre plusieurs mètres à proximité du lit du Blavet. L'absence de végétation sur ce nouvel espace dégagé crée une atmosphère très particulière que les riverains ne manquent pas d'apprécier avant les ruées touristiques de l'été.
Les écluses habituellement sous l'eau ont encore leurs portes 175 ans après leur pose (la portion costarmoricaine du canal a été terminée en 1842 et donc ouverte à la circulation des péniches après la partie finistérienne), ce qui fait 85 ans sous les eaux du lac!
Intérieur d'une écluse avant Trégnanton. L'envasement est bien visible sur plusieurs mètres d'épaisseur. La maçonnerie des écluses réalisée en granite est encore parfaitement alignée, ce qui témoigne d'une très grande qualité technique des bâtisseurs de cette époque. Ces écluses qui étaient faites pour durer n'auront en réalité servi qu'un laps de temps relativement court: du 1 janvier 1842 à 1924 (82 ans), date du début des travaux sur la base du barrage de Guerlédan. Mais à cette époque, le chemin de fer a déjà condamné le transport fluvial depuis le début du XXe siècle; la ligne Carhaix Loudéac est en effet ouverte en 1902.
Des rencontres insolites sont fréquentes dans cet espace lunaire et gris comme ce monstre momifié dans les sédiments et parfaitement conservé. Il s'agit d'une écrevisse d'eau douce qui ne semble pas bénéficier d'une très bonne réputation chez les riverains du lac. Ils la qualifient d'écrevisse américaine et donc d'importation dont la faune locale et aquatique se serait très bien passée!
Une façon bien personnelle et originale de présenter l'assèchement du lac dans la flopée de textes, films et photos déjà en circulation..
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