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mardi 11 décembre 2012

patrimoine

Fontaine de la Trinité (XVIe) sur Cléguérec (56)
Cette fontaine constitue l'ornementation gothique-flamboyant d'une source située au pied des reliefs importants de Quénécan, dans sa partie sud (Morbihan proche Côtes d'Armor). Les reliefs atteignent les  280 mètres et présentent les affleurements rocheux les plus spectaculaires au lieu-dit "Breuil du chêne", un ensemble de dalles basculées de grès-quartzites phylliteux de l'Ordovicien inférieur (Trémadocien ici et Arénigien surle sommet vers l'Ouest).
Ce terme barbare qualifie un étage de l'ère primaire dont on peut rappeler au passage qu'elle va durer 350 millions d'années (du Cambrien: 570 à 500 Ma au Permien: 280 à 250 Ma). Le Cambro-Trémadoc est  compris entre 500 et 488 millions d'années. Ces roches sont les plus anciennes du pays. A côté, les crêtes au nord de la vallée du Blavet, à Rosquelfen, situées dans l'Eifelien (Dévonien moyen: 385 à 380 Ma) sont plus jeunes d'au moins 100 millions d'années!
Cette source est donc un "exhaure" naturel alimenté par ces reliefs, contreforts de la forêt de Quénécan.
La source coule depuis la fin de la glaciation de Wurm qui s'achève au Magdalénien et nous abordons ici la fin du Paléolithique (15 à 20.000ans avant notre ère). Puis les hommes du Néolithique (-5000 à-2000), bien présents ici avec la célèbre "chambre des korrigans", l'allée couverte de Bot-er-Mohed, une sépulture collective de 18 mètres de longueur située sur le relief à proximité, vont certainement s'abreuver à cette source. Les Celtes  suivront et l'on sait la vénération qu'ils portent aux éléments naturels tels que l'eau. Sur ce point nous aurions bien des choses à apprendre qui se sont perdues au fil du temps.
La source est christianisée et ornée au XVIe siècle d'une manière qui mérite qu'on s'y attarde un peu.

Tout d'abord, une grande coquille est nettement visible sur la façade et les côtés de la construction. Elle marquerait un ancien point de départ vers Saint Jacques de Compostelle (Source:infoBretagne).
La fontaine présente trois bassins dédiés à St Mathurin, N.D de la Clarté et la Trinité. Un calvaire de sept personnages est érigé sur le toit de la fontaine et en fait un ouvrage remarquable et unique dans le pays. Cet appareillage est en granite et kersanton (qui n'est pas un granite mais un lamprophyre).
L' association de la Trinité et de St Mathurin intrigue au premier abord car Saint Mathurin n'est pas un Saint breton et le plus souvent la fontaine est dédiée à un  personnage unique. Curieusement, cette particularité "trinitaire" parait concerner plus particulièrement le secteur de Quénécan comme on l'a déjà vu précédemment (voir message sur la fontaine Saint Ignace près de la chapelle du même nom en pleine forêt.)

Sant Matilin en breton est un saint du Gâtinais réputé pour "calmer les énergumènes", chasser les démons; il est invoqué au Moyen-Age pour soigner les fous et "les épouses insupportables"(sic), patron des bouffons mais aussi des marins.
Sur le site de Damien Jullemier, à propos de Saint Mathurin, on trouve encore cette information:
l'Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des captifs fut créé en 1198 afin de racheter dans les états barbaresques d'Afrique du Nord les chrétiens qui y étaient maintenus en esclavage.Les religieux de cet Ordre furent appelés les mathurins du fait de l'importance du couvent St Mathurin à Paris. Les trinitaires ou mathurins organisèrent une soixantaine d'opérations entre le XVe et XVIIIe siècle avec libération d'environ 6000 captifs dont de nombreux bretons (surtout marins), d'où la très grande popularité de ce Saint Mathurin en Bretagne.


Sculpture de la partie centrale du monument, en granite anciennement polychrome (Trinité). Un Père Eternel coiffé de la Tiare soutient son fils (façade devant le bassin principal). La chapelle de la Trinité (XVe-XVIe siècle) se situe à proximité. L'ensemble fait partie aujourd'hui du patrimoine remarquable de Cléguérec et entre dans l'un des circuits de "L'Art dans les Chapelles" qui chaque été depuis des années maintenant favorise la découverte de magnifiques endroits comme celui-ci, par un grand nombre de visiteurs.

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    j'émettrais des doutes sur la signification des coquilles Saint-Jacques.
    En effet, les coquilles du chemin de st-Jacques sont présenté sur les monuments à l'envers. c'est à dire la partie stillée en bas.
    Les coquilles des monuments présentés ne sont que des décors très caractéristiques de la Renaissance.
    Voilà, Rosquelfen est un très joli blog et un très joli village que je connais un peu.

    Sébastien Le Potier

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  2. Bonsoir et merci pour votre remarque. Vous avez probablement raison. Vous avez certainement remarqué que j'ai cité mes sources sur ce point (infobretagne) cela permet d'évaluer la qualité des informations en recoupant celles-ci et en les vérifiant après coup.

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