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mardi 13 mai 2014

Patrimoine en Sainte Tréphine

La Stèle ou Lec'h cannelé de Sainte Tréphine (Côtes d'Armor)

Un article antérieur fait état de cette stèle de l'âge du Fer, une forme de mégalithe sculpté qui succède aux monuments du Néolithique. Les stèles de ce genre vont être utilisées selon les archéologues du XIXe comme marqueurs d'une tombe individuelle de chef local, puis souvent réemployées durant tout le Haut Moyen-Age avec, comme c'est le cas ici, des signes de christianisation.
De nombreux auteurs, archéologues, historiens ont étudié ou se sont questionnés sur cette magnifique stèle cannelée, ce qui témoigne de son exceptionnelle beauté et originalité: Délandre en 1847, A. de La Borderie en 1858, Gaultier du Mottay en 1883, Keranflec'h Kernezne en 1888, Le Mené en 1888, Seymour de Ricci en 1897, Harmois en 1910, Gildas Bernier en 1982, Pietri en 1983, Giot en 1989, Guigon en 1994. Ce dernier, archéologue, synthétise les travaux antérieurs dans une étude: "C4 Sainte Tréphine". Dans ce document, on apprend que cette imposante stèle d'environ trois mètres, de l'âge du Fer, possède une croix gravée entre les cannelures de la face sud-ouest et une inscription très difficile à déchiffrer figure sur deux lignes sous la croix mais en face ouest.
La croix gravée est une croix pattée à bras égaux de 183cm de hauteur; elle commence à 38cm au-dessus du sol. L'inscription est liée à la croix sans ambiguïté possible. Cette inscription: crux mihael, permet par la forme des lettres de la dater entre le VIIIe et le Xe siècle (Guigon 1994). Il s'agit donc d'un réemploi au Haut-Moyen-Age d'une stèle beaucoup plus ancienne de l'âge du Fer. Cette stèle dédicacée à Saint Michel laisse penser qu'elle a pu être transportée à Sainte Tréphine en provenance d'un site dédié à Saint Michel comme le Mont-Saint-Michel sur la commune de Saint Servais, à 24km au nord de Sainte Tréphine .Un hameau appelé Sainte Trefin/Treffin se trouve à 2km au nord de cette butte (Guigon). Cette stèle aurait donc été déplacée sur Sainte Tréphine lorsque le site est devenu le principal centre du culte de Ste Tréphine.
La dernière photo représente un dessin fait par Keranflec'h en 1888 sur lequel on remarque une croix au sommet de la stèle qui est implantée à proximité d'une chapelle alors en bois (aujourd'hui en granite). Il ne s'agit pas de la croix décrite en 1670 (Fonds de St Germain n°992, Bibliothèque Nationale MSfr.168 22). Ces archives indiquent que la stèle était surmontée d'une croix où des visages étaient sculptés à l'extrémité de chaque bras et un enfant sculpté figurait sur son sommet. Cette croix très originale a-t-elle été retirée et remplacée pour cause de "non conformité" ou "excentricité" jugée trop "païenne"? nous n'aurons pas la réponse. Aujourd'hui, la stèle n'a plus du tout de croix et s'altère météoriquement par son sommet plat à partie centrale en creux, mais elle mérite vraiment un détour sur Sainte Tréphine.
Sources: C4 SAINTE TREPHINE par Philippe Guigon 1994.

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