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dimanche 14 juin 2015

Ecluses de Guerledan

Pétro-minéralogie sur le bâti du fond du lac de Guerlédan à sec
Le 12 juin dernier , un groupe de huit personnes, encadré par les guides de l'Office de Tourisme du Kreiz Breizh  a parcouru le fond du lac, en vue d'achever une publication sur le patrimoine bâti et le canal de Nantes à Brest. Un éminent spécialiste de ce domaine, Mr Chauris de Brest (géologue et ancien chercheur CNRS) souhaitait en effet étudier les écluses habituellement sous les eaux du lac. Celle qui figure sur la première photo est la n° 127 de Trégnanton. Le temps étant à la pluie, la luminosité n'est pas très élevée et donne au fond du lac un aspect étrange.

Les anciennes carrières souterraines de Trégnanton apparaissent sur le flanc nord de la vallée avec leurs schistes de l'Ordovicien (formation entre 450 et 435 Ma). Des traverses en bois sont encore visibles à l'entrée de la galerie. La quantité de déchets d'ardoises constitue des cônes qui s'étalent sur le flanc de la vallée. Il reste encore par endroits quelques tas de schistes préparés pour l'expédition, comme si l'activité s'était arrêtée brutalement.




Sur cette vue, deux entrées de galeries superposées dont la plus basse est quasi ennoyée dans les déchets de carrière. Monsieur Chauris quitte l'endroit après examen attentif.





Au flanc de la rive nord de la vallée, cette photo montre un verrou rocheux de l'Ordovicien, Au pied de ce verrou, une maison à étage qui passe pour la fameuse auberge "Thomas", entre Trégnanton et Kériven. Remarquez les figures de dessication de la vase en surface (mud-cracks pour les géologues), sorte de "chaussée des géants" sur laquelle la sensation en marchant est assez curieuse (la vase n'est pas totalement solidifiée en profondeur, ce qui justifie l'interdiction d'accès sans autorisation spéciale et encadrement).
La vue suivante montre une roche de bordure d'écluse en granite de Rostrenen facilement identifiable
                                                         par ses grands feldspaths potassiques blanchâtres.
La provenance des roches du bâti est très logiquement proche du secteur: Rostrenen pour le granite mais aussi Pontivy, un granite à micas blancs (muscovite) et Plélauff pour la diorite quartzique qui est reconnaissable à ses biotites et amphiboles, lui donnant un aspect plus sombre. Quant au schiste, on pourrait penser qu'il vient directement des carrières proximales mais il n'en est rien! Ils sont Dévoniens et viennent probablement de Gouarec (carrières de la Lande de Gouarec).
Sur cette dernière vue, un magnifique exemple de schistosité sécante sur la stratification dans les grès armoricains , d'âge Arénigien (480 millions d'années). Ici, l'aspect flexueux de la schistosité indique clairement un cisaillement dextre subi par ces bancs de grès à l'Hercynien, un orogène, c'est-à-dire une période de formation du relief survenue à l'ère primaire avec un paroxysme en début de Carbonifère (autour de 350 millions d'années).
Cliquer sur les photos pour les agrandir.

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