Libellés

mercredi 28 mai 2025

Menhir de Cam-Louis en Plouescat, Nord Finistère

Menhir de Cam-Louis ou de Kergoarat en Plouescat.

Menhir de Cam-louis, côté Nord-Ouest

Ce menhir situé sur le tracé du GR34 et à proximité immédiate de la mer fait une hauteur comprise entre 6 et 7 mètres pour une base de 2m sur 1m60 environ, ce qui en fait si on ajoute la partie invisible dans sa fosse de calage, l'un des  mégalithes les plus grands du secteur (Haut Léon) avec celui de Pontusval, encore plus haut (8m35) sur Brignogan. Rappelons que celui de Kerloas en Plouarzel (bas-Léon) est le plus grand menhir encore debout en Bretagne.

Il a été classé MH en 1909 et aurait servi d'amer pour la navigation dans un secteur parsemé d'amas granitiques qui font une des caractéristiques de cette côte ventée mais magnifique.

Cuvettes d'érosion sur sa face Nord



Ce menhir est en granite de Brignogan, un monzogranite hercynien, proche du granite de Cléder, que l'on trouve sur place. Il présente des figures d'érosion naturelle  qui sont très fréquentes sur tous les affleurements de cette côte.  Aujourd'hui comme partout, celle-ci subit la montée du niveau marin et les effets de l'érosion (eau, sel, sable...). Un débat existerait entre spécialistes sur son âge réel (début ou fin du Néolithique?) car des "cupules" ont été identifiées et étudiées, faisant l'objet d'interprétations (Sparfel et Pailler en 2011) comme l'utilisation d'outils métalliques sur la surface de ce monolithe. En réalité, cette utilisation pourrait être nettement postérieure à la mise en place du menhir.

Position géographique du monument.Doc Louis Chauris


NB: Doc de Louis Chauris: "Pour une géoarchéologie du patrimoine: pierres, carrières et constructions en Bretagne" CNRS , Brest

 Carte géologique de Plouguerneau à 1/50000.BRGM


mercredi 21 mai 2025

Patrimoine de Maël-Carhaix en Côtes d'Armor

La colonne itinéraire de Maël-Carhaix, borne romaine leugaire.

Borne leugaire romaine de Maël-Carhaix. Photo PJ
Ce monolithe en granite de forme subcylindrique, de 2m47 de hauteur pour un diamètre de 0,62m est visible à proximité de l'église de Maël-Carhaix et passe souvent pour un menhir faute d'indications à proximité. Il s'agit en fait d'une borne leugaire romaine de la fin du IIe siècle, début IIIe et déplacée de son lieu d'implantation d'origine en 1874. Son lieu d'implantation se trouvait au village de C'hra, au Nord-Est du bourg et en bordure de la voie romaine de Vorgium (Carhaix) à Corseul. Les inscriptions aujourd'hui effacées sur le bloc de granite ont permis de dater cette borne car elle a été érigée sous le règne de Septime Severe et indiquait une distance de 6 lieues de Vorgium qui se trouve à 13 km39 du C'hra. La lieue fait donc  2231m (officielle: 2223m et 2400 à 2500 pour l'ancienne lieue gauloise). 

Borne leugaire du C'hra, Maël-Carhaix. PhotoPJ


Sur ces bornes figurent des inscriptions qui indiquent les distances à parcourir d'une localité à l'autre, le nom du constructeur, de l'empereur en exercice et sa titulature. En comparaison, une borne milliaire utilise l'unité de distance "le mille" ou mille passuum pour mille pas et le pas double (passus) et donc un mille passuum égalait 1,482m.

La borne leugaire utilise l'unité de distance leuga ou leuca = une lieue, ce qui semble relever des inscriptions déchiffrées sur cette borne. Selon Jacques Dassié (1999) la lieue gauloise fait 2,45kms (plus ou moins 50m).

NB: sources wikipedia, "Voies Romaines de Bretagne", e-monsite.com, Encyclopédie de l'Arbre Celtique.

 

dimanche 18 mai 2025

Poème

Rêve au Liscuis

Chemin creux au Liscuis. Photo PJ

 Je rêve souvent

Depuis bien longtemps

De revivre encore

Les moments secrets

Le plus que parfait

Des coeurs et des corps

C'est le souvenir

D'un lointain désir

Toujours en mémoire

Qui me fait soudain

Parler du destin

D'une étrange histoire

Aux landes du Liscuis

Un rêve se construit

Sur les landes, vallée du Blavet et forêt de
 Quénécan en arrière plan. Photo PJ
Un grand manteau vert
Des lichens au lierre
Couvrent les rochers
Et les fleurs des chants
Bercées par le vent
Eclairent la vallée
C'est l'heure brève et douce
Nos pas sur la mousse
Remontent le temps
Dans cette nature
Les sources capturent
L'éphémère printemps

Aux landes du Liscuis
Un rêve s'épanouit

Végétation sur les déchets d'ardoise. Photo PJ
L'aurore tue la nuit
Un rien contredit
L'espoir des vivants,
La rose au matin
Son discret parfum
Parle du printemps
Je sais aujourd'hui
La sape sans bruit
Des années qui passent
Et cette impatience
La désespérance
Qui parfois nous lassent

Aux landes du Liscuis
Le rêve...et l'oubli



lundi 12 mai 2025

Patrimoine de Maël-Pestivien en Côtes d'Armor

La maîtresse-vitre du chevet dans l'église Saint Laurent de Maël-Pestivien

Maîtresse-vitre de l'église St Laurent

Au centre du bourg de Maël-Pestivien, l'église Saint Laurent attire les regards. Le bâtiment visible actuellement date en partie de la restauration de 1520 et jusqu'au XVIIe et plus si on ajoute la sacristie construite en 1835. Un édifice antérieur, du XVe siècle, existait donc avant la restauration de 1520. L'édifice en croix latine à chevet plat possède une nef à bas-côtés de cinq travées. Sa tour a été reconstruite en 1876. Ses vitraux du XVIe siècle sont des concentrés d'Histoire comme on peut déjà l'imaginer en regardant cette verrière du chevet en très bon état de conservation. La restauration de 1520 a été financée par Henri de Coatgourheden et Mabille de la Chapelle-Pestivien ainsi que Jouhanne du Vieux-Chastel, héritière de Kerauffret en Maël-Pestivien.La verrière dans sa partie supérieure est un "festival" d'héraldique qui donne des informations sur les donateurs et les alliances de l'époque. On peut ainsi savoir que Maël-Pestivien était membre de la baronnie de Rostrenen.

Partie supérieure de la maîtresse-vitre. Photo PJ


« La maîtresse vitre présente tous les caractères de la Renaissance ; et, cependant, les portraits des donateurs sont, ainsi que l'a montré le vicomte Frotier de la Messelière, ceux de Jean de Coatgourheden et de Jouhanne du Vieux Chastel mariés vers 1400, et ceux d'Olivier de Coatgourheden et de Mabille de la Chapelle-Pestivien mariés vers 1435. Il est donc probable que ces portraits proviennent d'une verrière plus ancienne et ont été réappliqués dans l'actuelle. Dans le tympan de celle-ci, l'on trouve... un écu en bannière, aux armes mi-parti de Coatgourheden et de Lezududi, armes d'Henry de Coatgourheden décédé en 1521... Au-dessous, également soutenus par des angelots, deux écus : l'un mi–parti de Coatgourheden et de Pestivien (La Chapelle-Pestivien), l'autre mi-parti de Coatgourheden et de Rostrenen (Vieux Chastel), rappellent les alliances mentionnées plus haut. Deux autres écus l'un des Pestivien, l'autre de Rostrenen... Les deux derniers écus sont l'un des armes pleines de Coatgourheden, l'autre de celles de Lezududi…. Grâce aux écussons Coatgourheden–Lezududi et aux costumes des personnages François Ier, on peut dater la verrière avec certitude de 1515-1520. La verrière proprement dite comporte quatre lancettes renfermant chacune trois panneaux historiés, soit en tout douze panneaux, dont dix sont consacrés à la Passion et deux aux donateurs. »Extrait de "Patrimoine de Maël-Pestivien" dans infobretagne.

NB: lire la description complète de la maîtresse-vitre dans "Patrimoine de Maël-Pestivien" sur le site "infobretagne".Bien d'autres éléments sont à voir dans cette église et notamment des panneaux sculptés en bois polychrome exposés dans le porche Sud et hérités d'un ancien jubé.



dimanche 4 mai 2025

Voyage musical à la Chaire des Druides en Maël-Pestivien, Côtes d'Armor

Voyage intemporel ou "la porte entrebaillée" vers un autre monde, le 3 mai dernier à la Chaire des Druides de Maël-Pestivien par Youri Defrance.

La Chaire des Druides, blocs de granite moussus.Photo PJ
 Dans l'article du 25 mars dernier sur ce blog, je parlais de cet endroit magique sur une hauteur en pleine campagne en expliquant notamment les processus naturels qui avaient produit ce "décor" exceptionnel et particulièrement inspirant pour ceux qui savent regarder et au-delà des réalités physiques.

Ainsi, l'emplacement du dôme que j'ai nommé "géode", Wigwam implanté depuis 9 mois dans ce décor n'est pas choisi au hasard. la particularité de ce terrain, aux sources du Blavet est qu'il se situe sur le massif granitique de Quintin en cours de démentèlement, ce qui se traduit par des zones arénisées en profondeur le long des fractures de la roche avec des parties évidées qui constituent des grottes souterraines amplifiant les sons à la surface. Il est étrange de constater l'effet de ces résonances dans le dôme lui-même. Le concert donné avant le départ vers les Vosges a tout d'un voyage initiatique guidé par un musicien et chanteur aux sonorités tout-à-fait inhabituelles tant par la voix d'une puissance étonnante (et une tessiture exceptionnellement étendue) que par le son des instruments, guitares et surtout la vièle à tête de cheval mongol, la "morinkhuur"  qui accompagne le public dans son voyage et sa méditation.

Lever de soleil, dôme en arrière-plan."Deuxième roche de
sacrifice alignée.." Photo Youri  DEFRANCE
Ce moment partagé dans un endroit magique fait ressentir une dimension méconnue  du lien trop souvent brisé par notre civilisation contemporaine, lien qui nous rattache à notre terre mère que nous maltraitons (et je pense aux sources du Blavet aux 15 m3 de fuel déversés récemment dans son lit vif!). Comme le dit Stéphane Fougère (Rythmes) "Youri DEFRANCE a partagé avec son public un moment de communion cathartique en sons... porteurs d'une vibration instinctive, tel un humble passeur, un guide reliant les mondes physique et psychique".