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jeudi 13 avril 2023

Retour à Saint Jacques en Saint Léon, commune de Merléac(22)

Apports de l'héraldique dans la chapelle Saint Jacques de Saint Léon: Merléac en Côtes d'Armor

Décor héraldique des arcades de la nef

Le décor héraldique des intrados des grandes arcades de la nef est un rassemblement des membres les plus prestigieux de la parenté et du réseau d'alliés des Rohan et plus précisément du vicomte Jean Iier (L.Hablot). Sur chacun des arcs sont peints 6 armoiries, 3 de part et d'autre de la brisure de la clé. Il s'agit en héraldique des "écus bannières". C'est un total de 66 bannières qui figurent ici, répétant les cinq armoiries principales: un écu d'argent au chef de gueules, un écu d'argent au chef de gueules au lambel d'or à quatre pendants brochant, un écu de gueules à neuf macles d'or, un écu d'hermine plain, un écu d'hermine à la bordure de gueules. Des modifications de la couleur ont été réalisées par l'artiste à l'origine de ces écus bannières, comme l'hermine qui est habituellement de sable (noir) et qui est ici dans le même pigment rouge que les fonds "de gueules", ce qui permet de réaliser ce décor héraldique en n'utilisant que trois couleurs (le blanc pour argent, le rouge pour gueules et sable, le jaune pour l'or.

Mais qui sont ces familles illustres représentées dans ce décor unique?

Blason de la maison de Rohan

Nous trouvons en premier lieu celui du fondateur de la chapelle, la puissante famille de Rohan qui possède un blason de gueules à neuf macles d'or posées 3,3,3.

Il existe un autre blason qui ne comporte que 7 macles et qui est situé devant l'entrée dite "du vicomte", la seule ouverture de la chapelle dans le mur Sud. Ce blason précédait celui à neuf macles, à une époque où les blasons avaient une forme plus ovalisée, imitant le bouclier des chevaliers (XII et XIIIe siècle). En changeant de forme, le blason s'élargit à sa base et autorise un rajout de deux macles sur la troisième ligne du blason (le meuble).

Blason d'hermine plain

Ce blason est celui du duc de Bretagne et donc le plus important des cinq blasons présents dans la chapelle. Mais comme indiqué précédemment, l'artiste n'utilise pas la couleur conventionnelle pour ce blason; il remplace le "sable" par le rouge dit "de gueules". Nous verrons par la suite (futur article sur la maîtresse vitre du chevet) que les blasons placés dans la maîtresse vitre du chevet posent également des problèmes aux héraldistes et pas seulement pour des questions de couleurs.

Blason de la maison de Penthièvre


 Ce troisième blason, d'hermine à la bordure de gueules appartient aux Penthièvre (comté puis duché), une branche cadette de la maison Dreux-Bretagne. Les Penthièvres sont associés aux Rohan dans le choix de soutenir le parti de Charles de Blois dans la guerre de succession de Bretagne (1341-1364), un épisode breton de la guerre de cent ans (1337-1453) que se livrent les Plantagenet d'Angleterre contre les Valois de France. Cette guerre de succession au Duché de Bretagne est aussi connue sous le nom de guerre des deux Jeannes: Jeanne de Penthièvre  contre Jeanne de Flandre dite "Jeanne la flamme" épouse de Jean, comte de Montfort. Même remarque que pour le blason précédent: le "sable" est remplacé par le rouge.

Blason des barons de Quintin

Blason de la baronnie de Quintin: Botherel ou Boterel: "blason d'argent au chef de gueules au lambel brochant". Cette baronnie est voisine immédiate de la vicomté puis du duché de Rohan. Elle prend le même parti que Rohan dans la guerre de succession de Bretagne et siège au conseil du duc  au même titre que les Rohan et les d'Avaugour qui représentent la cinquième famille concernée par les écus-bannières de Saint Jacques.

armoiries d'Avaugour








Les seigneurs d'Avaugour possèdent un blason d'argent au chef de gueules et représentent l'une des cinq familles qui figurent dans les illustrations des arcades de la nef.
La distribution dans l'espace ne doit rien au hasard; elle tient compte des prééminences, de la proximité de l'autel, de la distribution verticale et latérale. Ce décor est réalisé entre 1379 et 1384, sans doute vers 1380. Nous verrons dans un prochain article que le langage héraldique se poursuit sur les vitraux de la chapelle et en particulier dans la maîtresse-vitre de 1402.

Sources: "Paroles et images sur le commencement. Le discours des peintures de la chapelle de Merléac" aux éditions Paradigme, par X.L.Salvador, Université Sorbonne Paris Nord et J.Patterson de l'Université de Binghamton de New-York. Préface Denis Hüe.
Blog de Jean-Yves Cordier (www.lavieb-aile.com).


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