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dimanche 23 juin 2024

Chapelle Saint Eloi en Saint-Nicolas-du-Pelem, Côtes d'Armor

Chapelle Saint Eloi, un joyau méconnu  au Sud de Saint Nicolas-du-Pélem

Chapelle St Eloi vue du Sud. PJ

 Ce monument est ceinturé par des bâtiments de ferme qui forment un petit village dans la plaine à quelques kilomètres au Sud de St Nicolas en allant vers Saint Igeaux. Le monument du XVe et XVIe siècle a été fondé par la famille de Malestroit et relevait alors de la seigneurie de Beaucours. Dans un acte de 1447, Jean de Malestroit, Seigneur de Beaucours obtient un desservant (chapelain) pour la chapelle. Le choeur et le transept sont du XVe et remaniés au XVIe comme on peut le voir dans le mur du transept Sud où un reste de voûte en plein cintre encadre une entrée en anse de panier plus récente. Cette chapelle a fait l'objet d'une importante restauration en 1882 et a été classée MH en 1909. Les vitraux sont de Sylvie Gaudin. L'intérieur possède des sablières sculptées et une statuaire intéressante dont un Saint Eloi chez le forgeron en bois polychrome du XVIIe probable.

Clocher à double flèche du XVIe. PJ


Le clocher de cette chapelle est particulièrement orné et original par les deux flèches dont l'une termine la tour octogonale qui contient l'escalier d'accès aux terrasses. Ce clocher-porche du XVIe siècle est  particulièrement soigné et décoré, ce qui en fait un joyau architectural curieusement peu connu dans la région, sans doute du fait de sa position encastrée dans un village et éloignée des axes de circulation.

Les archives de la très grande paroisse de Bothoa dont dépendait tout ce territoire rural autrefois (avant 1836), font état d'une importante foire dite "foire de Saint Eloi" instaurée en 1654 par Louis de Seillons, baron de Viré qui avait épousé Françoise de Digouédec, veuve de Jacques de Rimaison (autre famille noble bien connue dans le pays).

Ornementation des contreforts. PJ

Cette chapelle présente une autre caractéristique originale par les matériaux utilisés pour sa construction. Si la majeure partie de l'édifice est en grand appareillage de granite clair, les niches qui orrnent les contreforts du chevet sont en grès vert de Châteaulin, une pierre fréquemment utilisée dans le pays dans les édifices religieux et qui permet une exceptionnelle finesse des sculptures comme ici la base et le chapiteau de cette niche destinée à recevoir une statue qui devait s'y trouver avant la Révolution.

Autre ouverture remarquable dans le mur sud du Choeur, un oculus à quadricèle lévogyre et apparemment en granite fin.

Sources: Patrimoine de Saint Nicolas-du-Pélem (infobretagne) Base monumentum. Frottier de la Messelière (Répertoire des églises et chapelles du Diocèse de Saint Brieuc et Tréguier).

dimanche 16 juin 2024

Patrimoine vestimentaire du pays Fañch en Côtes d'Armor

La cape de deuil en pays Fañch diazou

Cape de deuil, pays Fañch

La cape de deuil est un vêtement couvrant à grand capuchon destiné à recouvrir l'ensemble du costume traditionnel, y compris la coiffe qui disparaît totalement dans le capuchon. Son usage est destiné au "grand deuil", le degré ultime de cet "état" chez une femme du pays, ici le Fañch diazou. Mais est-ce un élément vestimentaire en usage dans le pays Fañch? René-Yves Creston, dans son étude du costume breton ne mentionne pas la cape de deuil dans ce pays; il la mentionne en Trégor, en pays de St Brieuc ou sur le pays de Baud.Alors une erreur? Un oubli?  La cape de deuil  a  déjà été retrouvée sur Gouarec et celle-ci vient de Plussulien. La taille du capuchon permet  de masquer quasi totalement le visage de la femme qui pour la circonstance ne portait pas le grand châle qui est la pièce principale du costume de ville dans ce terroir où la coiffe traditionnelle portée est la coiffe Sion (cheveux visibles dans un chignon maintenu dans un filet noir ou résille) dont l'usage a perduré jusqu'aux années 1970 dans le secteur de Gouarec, Laniscat, Plussulien, jusque Saint Nicolas-du-Pélem, cette partie du pays  de la danse tro Plin (en français: Plinn). Cette cape date de la période 1900-1910 et demeure en très bon état, vu son âge!

Grand châle du pays Fañch

Le costume de femme du pays Fañch n'est pas le même en campagne qu'en ville. L'usage du grand châle est présent en ville ou chez les gens riches ou de catégorie sociale aisée. L'ensemble est dépourvu de couleur (tout le XXe siècle jusque son abandon après la dernière guerre).Sur le type de châle montré ici (le modèle le plus fréquent), la broderie est en fil de soie et en relief sur tissu noir (le modèle est aussi nommé "mérinos"). Ce "ton sur ton" donne à l'ensemble  une "allure" remarquable de finesse et de beauté.

Prêche devant l'enclos paroissial de Sainte Tréphine
entre les deux guerres (1920-1930)
Une photo prise entre les deux guerres du XXe siècle devant l'église de Sainte Tréphine montre bien l'usage de la cape de deuil (4 présentes sur cette photo) et nous sommes au coeur du pays Fañch diazou. Ce cliché très intéressant vient de la collection personnelle de Nicole et Michel Sohier de Saint Nicolas-du-Pélem.

Ces pièces du patrimoine vestimentaire traditionnel  seront exposées dans la chapelle de Rosquelfen en Bon-Repos-sur-Blavet du 31 juillet au 11 août 2024, une occasion à ne pas manquer...

visite gratuite dans la chapelle (horaires à préciser dans la presse locale).

Réf: Le costume breton. René-Yves Creston. Tchou 1974

lundi 10 juin 2024

Sur le site de Sainte Barbe au Faouët (56)

Un étrange Saint Michel à Sainte Barbe du Faouët

Sainte Barbe, oratoire et chapelle (Le Faouët)

 C'est sur un terrain de la seigneurie du Faouët que Jehan de Toulbodou, gentilhomme de Locmalo décida la construction de cette chapelle en 1489 (à la suite d'un voeu fait au cours d'un orage sur ce lieu), construction qui va se poursuivre debut XVIe. L'endroit remarquable par le relief accidenté en bordure de massif granitique possède un escalier monumental (début XVIIIe) ainsi qu'un campanile et un oratoire dédié à l'archange Saint Michel (photo). L'ensemble est classé MH depuis 1906.

 Saint Michel par Roland Monier

Lorsque l'oratoire est ouvert, le visiteur découvre une statue en bois qui illustre "l'archange terrassant le démon" mais sans les attributs habituels (la lance et/ou l'épée). Ici le Saint Michel pointe un doigt vers le ciel et tient une palme dans la main droite. Cette palme est surtout présente dans la statuaire des martyrs et moins souvent pour illustrer la victoire sur le mal qui est évoquée ici. Le Saint Michel est représenté dans une posture de tentative de conversion du démon (le bras gauche vers le ciel), tout en le maintenant au sol dans une position allongée sur le dos! Interrogé sur cette représentation aussi originale qu'inattendue, le sculpteur (R.Monier de Saint Connan) indique, non sans un trait d'humour, que la violence décidément trop présente dans notre monde, l'a incité à  se passer des armes!

 voir au Faouët en passant aussi par Saint Fiacre, les halles, le musée...

lundi 3 juin 2024

Exposition à Rostrenen du 8 juin au 3 août 2024

En passant par la rue de Verdun à Rostrenen entre le 8 juin et le 3 août


 C'est dans l'Atelier des Papiers Bavards qu'Annie Jézéquel et Elisabeth Mimran exposent leurs créations.

L'Atelier de Gaëlle Quennec est situé au 6 rue de Verdun dans le centre historique de Rostrenen (cette rue est également connue des rostrenois sous le nom de "rue étroite").

L'Atelier de reliure propose de très belles réalisations autour du livre, de la lecture à l'écriture et mérite certainement une visite...

Gorges du Daoulas.Acrylique sur toile,AJ


dimanche 2 juin 2024

En passant par Beauport en Paimpol, Côtes d'Armor

L'abbaye de Beauport: un patrimoine original et exceptionnel

Cette abbaye située dans un décor maritime qui fait aussi son originalité est une fondation du Comte de Goëlo en début XIIIe siècle (1202) et relevait de l'Ordre des Chanoines prémontrés. Aujourd'hui propriété du Département des Côtes d'Armor, sa visite laisse encore admirer de beaux restes dont plusieurs salles voûtées ainsi que son abbatiale ruinée.

Grande salle voûtée du logis au "duc". PhotoPJ
 En regardant de près le bâti de cette abbaye, on observe une véritable polychromie des murs qui varie des nuances de rose au bleu-vert. On y voit en effet du granite clair d'origine locale comme le granite de Bréhat ou celui gris-blanc de l'ïle Grande, mais aussi des grès de Plourivo (faciès rosé) et même d'Erquy ou de Fréhel,le calcaire de Caen, les spilites de Paimpol (schistogrèseuses) et le fameux "tuffeau vert" qui n'en est pas un mais une hornblendite épidotisée qui selon Louis Chauris (qui site aussi le calcaire de Caen, jaune clair du Jurassique) aurait été extraite de Plounez ou près de Lanvollon. Mais il y a également une roche colorée nommée "marbre de Purbeck" qui elle, vient de la côte anglaise et qui constitue un élément remarquable de cette polychromie recherchée par les bâtisseurs.

Entrée de la salle capitulaire. Photo PJ

Le "marbre de Purbeck" est une roche calcaire qui renferme un fossile d'eau douce nommé Viviparus cariniferus et qui est un petit gastropode d'eau douce cimenté dans une boue micritique (microcristalline). Cette roche s'est formée entre 145 et 140 millions d'années (au-dessus de la limite entre le Jurassique supérieur et le Crétacé (ère secondaire ou mésozoïque).Cette roche vient du Sud de l'Angleterre qui est alors à la latitude 36°Nord, et le climat est méditerranéen chaud (Dominique Béneult).

Base de croisée polychrome rose-gris-bleu



Ce "marbre de Purbeck" affleure sur une étroite bande de 18 kms à travers la presqu'île de Purbeck (traces de carrières médiévales visibles dans le secteur). Une couche verte est surmontée d'une couche rouge elle-même surmontée de la couche bleue (W.Jocelyn Arkell, C.M.Barton,G.Norris,R.Leach...).

 Beauport, cette roche est visible dans les colonnes de la sacristie et le parloir, chapiteaux, colonnettes et bases de colonnettes dans le cloître. Il s'agit de la nuance bleue ou bleu-gris du "marbre de Purbeck". On y trouve également dans le dépôt lapidaire des fragments de marbre vert ce qui laisse supposer qu'il pouvait y avoir également un décor en cette couleur dans l'abbaye.

Base de colonne altérée en marbre de Purbeck

Cette base de colonne donne un aperçu de la texture du marbre de Purbeck et de sa fragilité, la corrosion météorique étant plus active sur ce type de roche calcaire que sur un grès de Plourivo ou un granite de Paimpol. Mais cette polychromie reste la marque d'un raffinement exceptionnel ( et de prestige) dans l'assemblage des pierres du bâti. Â ne pas manquer si vous passez dans la région de Paimpol.


Sources. Dominique Béneult: "La vogue du "marbre de Purbeck" en Normandie au XII et XIIIe siècles (Article paru dans la Revue de la Manche, tome 57, fascicule 229, juillet-août-septembre 2015).

Louis Chauris: "Recherches préliminaires sur la provenance des pierres de construction de l'abbaye de Beauport", Les Cahiers de Beauport n°10 en 2004.