Patrimoine de La Ferrière en Côtes d'Armor
Cette commune située dans le canton de La Chèze près de Loudéac abrite des trésors insoupçonnés comme l'ensemble sculpté de "l'annonciation", une oeuvre étonnante en Kersanton, dans l'église de cette commune.
Un ange au phylactère est agenouillé devant la vierge tenant un livre ouvert dans sa main gauche. Les deux statues portent des traces de polychromie et sont datées de la fin du XIVe, début XVe siècle. Cette oeuvre de qualité exceptionnelle par la finesse de la sculpture est attribuée à l'atelier ducal du Folgoët (Léon) et s'inspire de la sculpture flamande de cette période. L'influence flamande est telle que l'origine bretonne de cette oeuvre est parfois remise en cause. La nature pétrographique de cette roche, un lamprophyre à grain fin, tout-à-fait conforme à la Kersantite, ne permet pas de lever toute ambiguïté à ce sujet.Une étude pétrographique détaillée de cette roche serait donc nécessaire pour valider son lieu précis d'extraction (il y en a plusieurs sur le sol armoricain).
Dans la même église, il est possible de voir cette vierge à l'enfant qui est probablement l'une des plus anciennes statues encore visible en Bretagne. Cette vierge à l'enfant est datée du XIIe siècle. La vierge a perdu ses mains qui étaient rajoutées à l'ensemble monobloc. La statue est réalisée dans un tronc de tilleul.
Comment de telles oeuvres ont pu entrer dans le patrimoine de La Ferrière? Il y a peut-être une explication par le fait que sur cette commune existait dès le XIIe siècle une abbaye: Lanthénac, abbaye bénédictine disparue après la Révolution. Il pourrait donc s'agir des quelques "trésors" hérités de cette abbaye dont il ne restait plus rien dès le début du XIXe siècle (les pierres ont servi à construire des maisons à Loudéac).
Si vous passez par La Ferrière, arrêtez vous admirer ces sculptures qui ont traversé le temps et qui disent bien des choses sur les hommes qui les ont sculptées.
Note: la pierre de kersanton peut présenter des variations de couleur selon son origine d'extraction. Plusieurs carrières étaient déjà en activité au XVe siècle. C'est la nature et la variabilité en pourcentage des minéraux constitutifs qui font la couleur. Ainsi, une abondance de micas noirs (biotite) donnera une roche très sombre, alors qu'une moins forte proportion de biotite alliée au feldspath plagioclase calcosodique et à une faible proportion de calcite et d'apatite, peut donner un faciès plus bleuté, ce qui est le cas dans cet exemple.
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