Kerbonelen ou Kerbonelenn en Laniscat: un exemple du bâti rural ancien
L'historien bien connu dans le pays, Jean Le Tallec s'était intéressé à cet habitat ancien et avait rédigé "La maison rurale en pays d'habitat dispersé" publié en 2005 aux Presses Universitaires de Rennes, un élément du document "L'habitat rural en Centre-Bretagne aux XVIIe-XVIIIe siècles".
Photo Jean Le Tallec, doc: CGHP de Carhaix |
Ce secteur géographique fait partie du pays Fañch diazou ou en français "fañch du bas", la partie Sud du terroir de la danse Plinn et du costume paysan typique encore visible auprès du Cercle Celtique de Saint Nicolas-du-Pélem. Cet androit, sous l'Ancien Régime dépendait de la Sénéchaussée de Corlay, sous statut de domaine congéable et en limite Nord de l'ancienne Trève de Rosquelfen dépendant de la paroisse de Laniscat dans l'évêché de Cornouaille. Nous sommes également dans l'ancien duché de Rohan.
L'organisation de ces bâtiments est assez standardisée: une grande salle avec "une chambre au bout" à laquelle on accède par un escalier extérieur, un escalier intérieur dans la pièce principale appelé "virs à demi-rond" qui s'adosse au mur extérieur repoussé en une excroissance ou "rondité" qui constitue l'ébauche d'une tourelle. Dans les maisons les plus riches on peut voir une ou plusieurs fenêtres à meneaux et la porte principale est en plein cintre roman ou en arc brisé souvent en granite chanfreiné mais pas forcément. Sur cette vue, les linteaux sont tous en schiste et droits, ce qui peut indiquer une construction plus tardive ou une modification des ouvertures On voit en effet que la gerbière (ouverture au-dessus de la porte principale) est d'origine alors que les joints autour de la porte et de la fenêtre du bas indiquent une reprise de maçonnerie. Ces deux ouvertures ont été modifiées probablement au XXe siècle.
Photo PJ, février 2023 |
La partie la plus ancienne de cet ensemble est la "chambre au bout" avec son accès par escalier extérieur en pierres (petite ouverture sur l'ébauche de tour, entièrement chanfreinée et d'origine). Le bâti est réalisé majoritairement en schistes locaux du Carbonifère prélevés localement ou sur Sainte Tréphine et les schistes du Dévonien de Rosquelfen (Liscuis). Quelques moellons plus homogènes peuvent venir des carrières de la Lande de Gouarec mais cet apport est anecdotique. On a donc un bâti en petits mellons schisteux avec quelques éléments en grès quartzite (également du Dévonien) et du quartz laiteux blanchâtre qui provient des nombreux filons et amygdales insérés dans les schistes. Nous sommes dans la partie terminale du Bassin de Châteaulin, une terre plus riche que les terrains immédiatement au Sud, dominés par les affleurements schisteux.
Jean Le Tallec indique aussi que la couverture en ardoises de ces bâtiments est systématique dès 1650. Ce bâti rural constitue un patrimoine architectural de grande valeur, témoin d'une époque où la culture du chanvre et du lin faisait la richesse de nombreux bourgs du Kreiz Breizh entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
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