propos d'anciens objets du Culte dans la chapelle de Rosquelfen
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"Luminaire à clochette" , grand modèle |
Dans la chapelle de Rosquelfen restaurée entre 2008 et 2021, il existe encore des objets qui peuvent intriguer le visiteur de passage comme cette lanterne dont l'un des usages pouvait la qualifier de "lanterne des mourants" ou "agonisants"; ne pas confondre avec la "lanterne des morts" en pierre, monument érigé dans un enclos comme à Guégon (Morbihan) et allumé après le décès d'un paroissien. Cette lanterne en métal perforé possède en partie basse un tube permettant d'emboîter une hampe. Elle est équipée d'une clochette et surmontée d'une croix. La présence d'une clochette était réservée à l'accompagnement de l'ostie consacrée ou des "saintes huiles". Une bougie allumée est placée dans le corps de la lampe et le tout est porté par un aide de l'officiant (enfant de choeur, thuriféraire...) qui, dans le cas de "l'extrême onction", l'accompagnait chez un mourant afin de lui administrer les derniers sacrements. Pour celà, le prêtre officiant utilisait une huile bénite nommée également l'huile des malades. Le Concile de Trente, dans un décret de sa 14e session sur l'extrême-onction (25 novembre 1551) donne le sens de ce sacrement:
"L'onction nettoie les fautes, s'il en reste à expier". |
Luminaire à clochette: petit modèle |
Sur ce deuxième modèle, plus petit que le précédent (50cm de hauteur) mais toujours équipé d'une clochette qui annonçait le passage du religieux avec l'eucharistie ou les "Saintes huiles"vers un mourant de la Trève, une anse permet de la porter en la faisant teinter. Si aujourd'hui, l'extrême onction est toujours pratiquée chez certains croyants, ce rituel avec lanterne mobile que les anciens d'aujourd'hui n'ont pas vu, a donc cessé bien avant la raréfaction des religieux dans les campagnes. Il a bien été présent jusque la fin du XIXe siècle et sans doute depuis le Moyen-âge.
Il arrive de trouver dans la littérature à ce sujet une raison évoquée pour la disparition de la pratique, par l'effet de "mauvais augure" provoqué par le passage et l'arrivée dans une maison de ce "binôme"inhabituel, annoncé par la lumière de la lanterne et le grelot de la clochette!On imagine bien le curé et son aide traversant le bourg de Rosquelfen à n'importe quelle heure pour se rendre chez un paroissien agonisant afin de lui donner le dernier sacrement, une rencontre qui informe certes, mais inquiète en même temps!
NB: voir l'article du 7/11/2021 sur la lanterne des morts(?) de St Mayeux ainsi que l'article du 14/10/2020 sur la lanterne des morts de Guégon en Morbihan (sur ce blog).
Références sur ce sujet:
Thesaurus des objets religieux du culte catholique, Paris, 1999 : trilingue
anglais, français et italien, l’ouvrage est limité au culte catholique romain,
mais issu d’une réflexion plus générale menée sur la lexicologie du
patrimoine ; B. Berthod et É. Hardouin-Fugier, Dictionnaire
des objets de dévotion dans l’Europe catholique, Paris, 2006 ;
B. Berthod, G. Favier et É. Hardouin-Fugier, Dictionnaire
des arts
C. Vincent, Fiat Lux : lumière et
luminaires dans la vie religieuse du XIIIe au XVIe siècle, Paris, 2004, p. 625 et suiv.,
références sur la législation canonique et les visites pastorales.