Fontaine Saint Nicodème en Pluméliau (56)
Comme St Ignace en Quénécan ou la Trinité en Cléguérec, la fontaine de St Nicodème, également triple, est la plus célèbre et la plus ornée de Bretagne. Les sources sacrées remontent au druidisme celte, l'eau étant un élément capable de: guérir, féconder, prédire l'avenir et protéger les hommes comme les animaux.
L'Occident chrétien va donc tenter de faire oublier l'origine païenne de ce culte en attribuant aux saints locaux toutes les vertus thérapeutiques de ces eaux, et à Saint Nicodème, on peut dire qu'il va mettre le paquet!
Le monument ceinturé de murs date du XVIe siècle (restauré en 1608, date gravée dans le granit). Il se situe dans un vallon au pied d'une chapelle du même nom qui étonne le visiteur par la taille impressionnante du clocher-porche (46m de hauteur).
La fontaine possède trois bassins dans un ensemble à quatre pans. Le bassin central est dédié à St Nicodème invoqué contre les maladies contagieuses, les maladies de peau et la protection du bétail (chevaux en particulier). Un deuxième bassin est dédié à St Gamaliel. Il est réservé aux jeunes femmes qui font un voeu après avoir bu de l'eau à ce bassin et avoir gravi toutes les marches du clocher-porche sans se retourner. Le troisième bassin est celui de St Abibon, invoqué dans les douleurs et maux d'oreilles. Ce saint est connu également sous le nom de St Diboan (en français: sans douleur) et nombreux autres noms (Yben, Languis, Idunet, Ivinec...) et le surnom "Tu-petu" qui semble relever aussi de l'ancienne tradition celtique relayée au Moyen-âge par les roues à carillon (l'église de Laniscat en possède une), héritage d'un ancien culte solaire, ou "roue de la fortune" qui évoque la conjuration du mauvais sort. Selon les bons vouloirs de St Abibon, le sort pouvait basculer d'un côté comme de l'autre: une guérison rapide d'un côté, une mort rapide pour abréger les souffrances de l'autre, d'où le "Tu-petu" (d'un côté ou de l'autre).
Trois niches en anse de panier sont surmontées d'un arc en accolade rehaussé de crochets frisés et encadré par un gâble plein, flamboyant, flanqué de gargouilles et pinacles. Les statues des trois saints ont disparu mais l'ensemble est toujours étonnant par sa richesse et la finesse des sculptures.
A l'étendue du champ de compétences attribué à ces trois saints, on imagine l'importance de cette source et sa qualité à l'époque celtique...
Et comme s'il manquait quelquechose, un quatrième bassin surmonté lui aussi d'un monument destiné à abriter la statue de Saint Cornely a été rajouté à quelques mètres de la fontaine principale. Ce St Cornely complète l'ensemble en assurant la protection du bétail et particulièrement des boeufs. Si vous passez en centre Bretagne, ne manquez pas cet endroit d'où partent chaque année en été les circuits "L'Art dans les chapelles". Pour en savoir plus: "Les fontaines de Bretagne", Albert Poulin, Bernard Rio, Yoran Embanner 2008. InfoBretagne, patrimoine de Pluméliau (Morbihan).
Pourquoi tantôt granit sans e et tantôt granite avec e?
RépondreSupprimerDom
Le mot granit est utilisé lorsqu'il est employé au sens de matériau (de construction, sculptures, usages divers)mais il prend systématiquement un "e" dès qu'il s'agit de géologie (pétrographie et minéralogie), c'est en effet la règle internationale (granite, dolérite, amphibolite, kersantite, etc.)C'est la même règle qui s'applique pour les minéraux à terminaison en ite.
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