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lundi 31 mars 2025

Patrimoine de Caurel en Côtes d'Armor

L'étrange calvaire au Nord du bourg de Caurel

Calvaire aux trois têtes sur les hauts de Caurel.
Un article rédigé en octobre 2024 sur ce blog fait mention de cet étrange monument qui se trouve aujourd'hui noyé dans un bois et totalement invisible à plus de 50 mètres de son dernier lieu d'implantation. Pourquoi étrange et pourquoi dernier? Etrange par les trois têtes sculptées sur le socle de la croix et dernier parce que deux dates gravées sur son socle de granite font dire que ce monument se trouvait sans doute en 1783, date gravée sur son socle, à un autre endroit comme un carrefour de routes importantes pour cette paroisse, trève de Saint Mayeux, sa "paroisse mère" reliée à Caurel par un chemin carossable qui coupait sur les hauteurs, les affleurements schisteux Dévoniens où l'on trouve encore aujourd'hui les allées couvertes de Korn coat et de Coat Correc.

Ce serait donc en 1913, deuxième date gravée sur le calvaire, sous le ministère du curé Guyomar que le calvaire aurait été rapproché du bourg. Mais pourquoi ce déplacement?

Peinture d'Emile Simon réalisée durant la guerre
de 1939-1945, représentant ce calvaire. Photo PJ
Une peinture (huile sur toile) réalisée pendant la dernière guerre par le peintre Emile Simon montre le calvaire en question dans un environnement beaucoup moins boisé et un jour où une procession s'avance de l'église vers le calvaire qui domine le paysage dans lequel on reconnait parfaitement le lac de Guerlédan et plus précisément l'entrée dans l'anse de Landroanec.

"Le peintre Emile Simon est né le 20 février 1890 à Rennes.

Il fait ses études à l’Ecole des Beaux-arts de Rennes, puis à l’Ecole des Beaux-arts de Paris dans l’atelier de Fernand Cormon. Il obtient le prix de Rome en 1912.

Après sa mobilisation pendant la Première Guerre mondiale, il tombe gravement malade de la grippe espagnole en 1917. En 1922 il devient professeur à l’École des Beaux-Arts de Nantes dirigée par Emmanuel Fougerat. Peintre de paysages, il expose régulièrement au Salon des Artistes Français, où il reçoit plusieurs prix au cours des années trente.Domicilié à Nantes, Emile Simon parcourt la Bretagne, en particulier le Pays bigouden et le Cap Sizun.

En 1943, il s’installe au manoir de Squividan à Clohars-Fouesnant (Finistère) avec l’artiste-peintre Madeleine Fié-Fieux et son mari. C’est là qu’il décédera le 25 septembre 1976."*

Socle du calvaire à trilogie symbolique. Photo PJ

Interrogé sur ce calvaire, Jef Philippe, bien connu dans le pays pour ses connaissances dans le domaine religieux nous donne cette explication:

" Quant aux figures du socle j'aurais comme hypothèse qu'il s'agit, en traits grossiers, de la trilogie habituelle : à gauche, la Vierge Marie, à droite saint Jean (tenant en main une esquisse de vase sacré, selon l'habitude). Au centre, les cheveux au vent, Marie-Madeleine : traditionnellement on la représente décoiffée car elle était confondue avec un femme qui avait versé des larmes sur les pieds de Jésus en signe de conversion, et les avait ensuite essuyées de ses longs cheveux. Et on la confondait aussi avec la femme adultère amenée devant Jésus, d'où la tendance à la représenter en mondaine...".

Cette trilogie est donc conforme à ce qui peut se voir habituellement et le personnage tête nue du centre n'est pas un ange mais une femme dont la chevelure grossièrement esquissée pouvait passer pour ce que j'avais cru être des ailes d'ange. Il s'agirait donc bien de Marie-Madeleine avec Marie à gauche et Saint Jean à droite...

* Publié le 30/09/2024 par « Saint Guénolé par les champs et par les grèves » 


 

mardi 25 mars 2025

Patrimoine de Maël-Pestivien en Côtes d'Armor

La Chaire des Druides au village de Kerohou en Maël-Pestivien

Dans "la Chaire des Druides" en mars 2025.Photo PJ
Voilà un site perdu dans la campagne de Maël-Pestivien qui ne laisse pas le visiteur de passage indifférent. Sa position en sommet de colline, sa forme globalement circulaire d'une surface de 99,40 ares, limitée par un talus, un fossé ou un ancien chemin, respire une histoire ancienne et sans doute une importance que la tradition orale continue à évoquer par l'appellation du lieu: "la Chaire des Druides."

La Chaire des Druides. Photo PJ

Ce site remarquable est un exemple parfait des conséquences de l'érosion d'un massif granitique (ici un faciès porphyroïde du granite de Quintin) avec "roches à bassin" comme on peut en voir dans la vallée de Pont Croix en Plouguernevel ou à Hacadour en Mellionnec, Gorges du Corong ou de Toul Goulic, chaos du Blavet en aval de Saint Roch en Plounevez-Quintin et j'en passe!

Les formes prises par les blocs de granite sont la conséquence de processus chimiques dont des phénomènes d'hydrolyse (destruction des minéraux par l'eau), d'oxydation (passage du fer ferreux au fer ferrique), d'hydratation (de l'eau pénètre la structure cristalline en détruisant le minéral)  et des processus physiques comme la thermoclastie (dilatation différente selon la couleur des minéraux), la cryoclastie (variation du volume d'eau intersticielle par alternance gel-dégel) et encore  la bioclastie (éclatement ou fragmentation des minéraux par les racines des arbres). Il n'est pas trop difficile d'imaginer l'effet de quatre grandes glaciations du quaternaire en 2 millions et 600.000 ans sur un granite diaclasé, fracturé qui va finir par faire des boules avec altération en "pelures d'oignon".

Altération en boule. Photo PJ
Certaines surfaces de blocs sont creusées en forme de bassines et les creusements en question sont également le résultat des processus chimiques liés à l'acidité d'eaux chargées de végétaux ou à d'autres facteurs pédogénétiques (comme la présence d'anciens sols humiques). Dans un granite, l'élément faible ou le premier affecté par les attaques physicochimiques est le feldspath qui s'hydrate et se désagrège (en argile) en libérant les micas et le quartz qui vont constituer les sables ou arènes granitiques lessivées et évacuées par les pluies.
Bassin dit "de sacrifice" en surface d'un bloc
de granite: La Chaire des Druides

La forme d'un "bassin" qui présente vaguement une forme humaine et qui en a la taille a suscité une interprétation qui consiste à y voir une pierre de sacrifice utilisée donc par les druides comme l'indique le nom de ce lieu étrange. 

On sait aujourd'hui faire la différence entre un façonnage anthropique (lié à la main de l'homme) et un façonnage naturel (c'est même une spécialité d'archéologie, notamment des archéologues néolithiciens), car l'utilisation d'outils, qu'il s'agisse de percuteurs en pierre (comme quartz) ou d'outils métalliques (au temps des druides)ne laisse pas les mêmes indices dans la roche qu'une érosion naturelle.

Colonisation végétale sur bloc
 de granite.Photo PJ


Ceci étant dit ce lieu très particulier libère l'imaginaire et transporte le visiteur dans un voyage intemporel qui crée une toute autre dimension, une porte secrète vers quelque chose comme une suprême hamonie. La Chaire des druides offre cet environnement propice à l'imaginaire sans lequel il ne peut y avoir ce bonheur auquel on aspire. Cet endroit est donc bien un trésor à préserver dans une campagne qui en possède d'autres comme le site du Loc'h (aujourd'hui en Peumerit-Quintin).


mercredi 12 mars 2025

Poème

Soleil couchant

Fin de jour en ciel rouge

Devant moi rien ne bouge

 l'heure contemplative

C'est la vie en attente

Sans la fièvre impatiente

De vivants en dérive...

Soleil couchant. Photo PJ

 Je regarde au Ponant

Le magnifique instant

Où l'astre disparaît

Et repassent en mémoire

D'inoubliables soirs

Disparus à jamais


Parfois vers l'Orient

Un pâle soleil levant

Eclaire la vallée

Vient ouvrir un chapître

Peaufiner son épître

Aux âmes égarées

coucher de soleil en mars 2025. PJ

Qui sont-elles vraiment?

Sereines et méditant

Ces âmes se comprennent

Confiant à Séléné

Les secrets partagés

 l'ombre des fontaines


Voici venu le temps

Où s'effacent les tourments

De saisons sans lumière.

Gravissant les rochers

Jusqu'au fond des vallées

La caresse solaire!


Nous les enracinés

De ces landes dorées

Peuplées de Korrigans

Allons main dans la main

Poursuivre notre destin

En passagers du temps.

jeudi 6 mars 2025

Patrimoine de Rosquelfen en Bon-Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

 propos d'anciens objets du Culte dans la chapelle de Rosquelfen

"Luminaire à clochette"
, grand modèle

 Dans la chapelle de Rosquelfen restaurée entre 2008 et 2021, il existe encore des objets qui peuvent intriguer le visiteur de passage comme cette lanterne dont l'un des usages pouvait la qualifier de "lanterne des mourants" ou "agonisants"; ne pas confondre avec la "lanterne des morts" en pierre, monument érigé dans un enclos comme à Guégon (Morbihan) et allumé après le décès d'un paroissien. Cette lanterne en métal perforé possède en partie basse un tube permettant d'emboîter une hampe. Elle est équipée d'une clochette et surmontée d'une croix. La présence d'une clochette était réservée à l'accompagnement de l'ostie consacrée ou des "saintes huiles". Une bougie allumée est placée dans le corps de la lampe et le tout est porté par un aide de l'officiant (enfant de choeur, thuriféraire...) qui, dans le cas de "l'extrême onction", l'accompagnait chez un mourant afin de lui administrer les derniers sacrements. Pour celà, le prêtre officiant utilisait une huile bénite nommée également l'huile des malades. Le Concile de Trente, dans un décret de sa 14e session sur l'extrême-onction (25 novembre 1551) donne le sens de ce sacrement: "L'onction nettoie les fautes, s'il en reste à expier".

Luminaire à clochette: petit modèle

Sur ce deuxième modèle, plus petit que le précédent (50cm de hauteur) mais toujours équipé d'une clochette qui annonçait le passage du religieux  avec l'eucharistie ou les "Saintes huiles"vers un mourant de la Trève, une anse permet de la porter en la faisant teinter. Si aujourd'hui, l'extrême onction est toujours pratiquée chez certains croyants, ce rituel avec lanterne mobile que  les anciens d'aujourd'hui n'ont pas vu, a donc cessé bien avant la raréfaction des religieux dans les campagnes. Il a bien été présent jusque la fin du XIXe siècle et sans doute depuis le Moyen-âge.

Il arrive de trouver dans la littérature à ce sujet une raison évoquée pour la disparition de la pratique, par l'effet de "mauvais augure" provoqué par le passage et l'arrivée dans une maison de ce "binôme"inhabituel, annoncé par la lumière de la lanterne et le grelot de la clochette!On imagine bien le curé et son aide traversant le bourg de Rosquelfen à n'importe quelle heure  pour se rendre chez un paroissien agonisant afin de lui donner le dernier sacrement, une rencontre qui informe certes, mais inquiète en même temps!

NB: voir l'article du 7/11/2021 sur la lanterne des morts(?) de St Mayeux ainsi que l'article du 14/10/2020 sur la lanterne des morts de Guégon en Morbihan (sur ce blog).

Références sur ce sujet:

Thesaurus des objets religieux du culte catholique, Paris, 1999 : trilingue anglais, français et italien, l’ouvrage est limité au culte catholique romain, mais issu d’une réflexion plus générale menée sur la lexicologie du patrimoine ; B. Berthod et É. Hardouin-Fugier, Dictionnaire des objets de dévotion dans l’Europe catholique, Paris, 2006 ; B. Berthod, G. Favier et É. Hardouin-Fugier, Dictionnaire des arts

C. Vincent, Fiat Lux : lumière et luminaires dans la vie religieuse du XIIIe au XVIe siècle, Paris, 2004, p. 625 et suiv., références sur la législation canonique et les visites pastorales.


samedi 1 mars 2025

Poème

Au Liscuis

Hiver toujours, morte saison

Besoin absolu de lumière 

Au temps des âmes singulières

Aujourd'hui en déréliction...

Allée couverte néolithique (6000 ans).Photo PJ

Sous un ciel gris et tourmenté

Nos coeurs palpitent à l'unisson

J'entends parfois l'écho des sons

Porté par un vent messager


Le landier aspire au printemps

Les bourgeons tendres donnent la mesure,

Comme une rythmique  de  la césure

Aux mots  révélés dans l' instant...

Chemin sur le Liscuis. Photo PJ

Le regard s'arrête au Liscuis

Lieu sacré aux anciennes tombes

Souvenir conservé dans l'ombre

D'une douce étreinte du temps jadis!


Pour effacer d'anciens tourments

Allons aux sources, vives et sonores

Leur voix liquide résonne encore

Chantre de vie depuis longtemps


Revisitons un jour sans fin

Notre Comté des amours tendres

Sans jamais nous lasser d'attendre

L'épilogue qui viendra demain.

dimanche 23 février 2025

Alignement des planètes à partir du 28 février

En fin de mois, un "alignement de planètes"visible par ciel clair.

Dans le ciel dégagé au crépuscule...
Les reliefs offrant une vision dégagée vers l'Ouest deviendront un observatoire si le ciel s'est vidé de son poids de nuages! Le ciel  étoilé offre une vision intéressante en toute saison et pas seulement au mois d'août(le 13 mars, c'est une éclipse de lune..).

Le regard au Ponant, le 28 et plus tard, lorsque le soleil  quittera l'horizon, un "alignement" de planètes  pourrait se voir: du Sud Sud-Est à l'Ouest et de gauche à droite et en descendant: Mars, Jupiter, Uranus, Vénus, Neptune, Mercure et Saturne, donc potentiellement 7 planètes orbitent autour du soleil dans un même plan nommé écliptique.

Les plus brillantes: Mars, Jupiter et Vénus seront les plus faciles à voir. Par contre, Mercure et Saturne seront les plus basses sur l'horizon Ouest, côté du couchant et très difficiles à voir. Ainsi à la veille du printemps (qui débute le 20 mars) le ciel pourrait offrir sa multitude étoilée si le temps s'améliore...

Sources: la Cité de l'espace à Toulouse

vendredi 21 février 2025

Le Daoulas en hiver à Bon Repos-sur-Blavet, Côtes d'Armor

Gorges du Daoulas en hiver

La rivière Daoulas est un affluent du Blavet qui prend sa source au Nord de Saint Mayeux et qui fait 18,74 kms de longueur. Son nom vient du breton "daou glaz" qui signifie "les deux ruisseaux" et effectivement, bien avant les gorges, on observe la confluence de deux cours d'eau (au Sud et à proximité du manoir de Correc) renforçant le cours de la rivière qui perce et façonne le lit vif dans le secteur très minéral des gorges, le flanc Nord du synclinal médian paléozoïque armoricain.

Gorges du Daoulas, amont du moulin vers 1905: c. post. Villard
Cette vue montre l'endroit vers 1905. L'absence d'arbres est frappante. Les gorges sont situées dans des roches schisteuses dominantes du Silurien entre sa confluence et le viaduc proche du moulin de Bothoa, puis du Silurodévonien en allant vers le nord et pratiquement jusqu'au niveau du     Longeau, un manoir situé en rive gauche de la rivière, sur Saint Gelven. Le Dévonien est marqué par la présence de grès-quartzite interstratifié dans les schistes et constituant une sorte "d'armature" résistante à l'érosion, ce qui explique le relief encore relativement vigoureux à cet endroit.
Lit vif du Daoulas en février 2025. PhotoPJ


En février 2025, le Daoulas fait entendre sa voix et prend des allures de torrent aux eaux claires et vives.



Daoulas sous le viaduc (anc. chemin de fer) PJ
Sous le viaduc près du moulin ruiné de Bothoa, la rivière devient plus régulière et moins sonore.
Viaduc du Daoulas en monzodiorite de Plélauff.PJ

Le viaduc est toujours en place et ne sert plus que pour les utilisateurs de la voie verte (piétons et vélos). Ce viaduc a été construit fin XIXe (la liaison ferroviaire fonctionne en 1902) et avec des pierres venues des carrières de Plélauff à quelques kilomètres. La roche utilisée est le faciès le plus sombre de ce que l'on nomme habituellement la granodiorite de Plélauff. La roche est ici une monzodiorite dans laquelle on peut observer des inclusions ou enclaves du granite de Rostrenen. Ces deux formations sont en réalité synchrones autour de 300 millions d'années.



Passée granite de Rostrenen dans monzodiorite de Plélauff. PJ
                                                                                                                        
Sources dans les schistes en rive droite près du moulin ruiné
Cette année le sol regorge d'eau et les sources coulent à plein débit, tout comme les fontaines du pays.
La végétation encore endormie donne déjà des signes annonciateurs du printemps et des beaux jours!

mardi 11 février 2025

"Histoires d'arbres" à la Carte blanche du 23 février à Sainte Brigitte, Morbihan

"Histoires d'arbres": Carte blanche animée par Jean-Luc Le Jeanne

Dimanche 23 février à Sainte Brigitte

Affiche de la Carte blanche
 Sainte Brigitte, les arbres nous entourent. Ils sont un élément majeur de notre environnement. mais comment se dessine leur architecture?
La construction d'un arbre résulte à la fois d'une organisation programmée et d'une adaptation au milieu.
Chaque élément de cette construction forme un alphabet qui peut se lire dans la ramure: stade de développement, état physiologique, stress, réactions, résilience ou dépérissement...
Grâce à l'expertise de Jean-Luc Le Jeanne, naturaliste du Centre Bretagne et ancien guide animateur nature, la lecture d'un arbre, qui se déroule sans les feuilles, va nous aider à deviner son passé, comprendre son présent, et envisager les actions possibles pour optimiser son avenir.
Cette Carte blanche sera organisée en deux temps:
-Le matin, sortie et lecture d'arbres dans le bourg. Rendez-vous à 11h à la salle des fêtes. Prévoir une tenue chaude et un parapluie.
L'après-midi: diaporama commenté sur l'architecture des arbres. Rendez-vous à 15h à la salle des fêtes.
Entre les deux, possibilité de pique-niquer à la salle pour ceux qui le souhaitent. Pour tous publics. Gratuit. Gâteaux et boissons bienvenus.


 

vendredi 7 février 2025

 propos de sculptures en pierres "bleutées" dans des édifices religieux...

Le cas du retable de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan: une pierre bleutée 

Retable en pierre bleutée:chapelle des fonts de l'église de Runan
Le lundi 26 octobre 2020, j'écrivais sur ce blog un article intitulé "Â propos d'une nuance de bleu dans l'église de Runan, Côtes d'Armor". Dans cet article je soulignais la difficulté de déterminer une origine pétrographique précise sans analyse car en effet, le simple critère de couleur à lui seul est totalement insuffisant pour nommer une roche et c'est de plus, le moins discriminant puisque la couleur est très variable.
Le premier juillet 2022 sur le blog de Jean-Yves Cordier, il est question du même sujet et intitulé "Le retable (kersantite, premier quart XVe siècle) de la Vierge de la chapelle des fonts de l'église de Runan".
Pas d'interrogation donc dans ce titre tout-à-fait explicite sur la nature de la roche utilisée. Sur le même blog, je peux lire une description de ce retable en 1950 par René Couffon qui évoque la Pierre de Tournay, retable classé en 1911. Mais Jean-Yves Cordier indique ensuite la raison qui fait abandonner cette appellation erronée. En 1990, Gildas Durand (thèse en 1989 sur les retables bretons originaires des anciens Pays-Bas:Cathédrale de Rennes, Kerdévot en Ergué-Gabéric) révèle qu'une analyse d'un éclat de pierre a été faite par le laboratoire de Sylvain Blais: Institut de Géologie de l'Université de Rennes, et indique une pierre proche de la Kersantite (gisements autrefois exploités en rade de Brest).
Elle serait datée du deuxième quart du XIVe siècle.
Alors pourquoi les visiteurs de cette église en 2020 lisent encore l'origine comme "Pierre de Tournai"?? Qu'en est il aujourd'hui?
Tombeau de Guille Lefranchois dit Potier
Docteur en médecine et chanoine de Béthune.
Pierre de Tournai, 1446. Ancienne abbaye
de Saint Vaast. Arras (G.Duby:1979)
Rappelons que la kersantite est une roche magmatique ferromagnésienne qui se présente sous forme filonienne  (sills ou dykes) et qui se compose de micas (biotite, phlogopite), de plagioclases et autres minéraux tels que amphibole, pyroxène, olivine, apatite, chlorite... C'est un lamprophyre et non un granite. La Pierre de Tournai est  une roche que l'on ne trouve pas en Bretagne (environs de Tournai) à calcite dominante, silice microcristalline et argile, donnant un très bon poli et une couleur bleutée (parfois grise par l'effet de patine lustrée comme sur l'image (pierre tombale 1446 en pierre de Tournai).
Saint Germain et Annonciation, Eglise de Pleyben(29)
Kersantite faciès Rosmorduc de Logonna-Daoulas pour St Germain
Faciès Loperhet pour l'annonciation (image overblog)
Sources: le blog de jean-yves cordier, article du 1/07/2022.   overblog, article du 15/01/2023.      Revoir aussi  l'article du 11/10/2019 sur ce blog.
 AMG.L'Europe au Moyen-âge de Georges Duby 1979
 


samedi 1 février 2025

Mégalithe sur Bourbriac en Côtes d'Armor

Le menhir de Creac'h-an-arc'hant en limite de Kerien et Bourbriac

Menhir Creac'h-an-arc'hant

Sur la limite nord de Kerien et Bourbriac, au nord du village de Kereven et sur les hauteurs proches de la D69, se situe un ensemble du Néolithique qui englobe un dolmen puis à environ 200mètres, ce menhir qui borne le secteur de ses 5m20 de hauteur.

Le menhir en granite local (nous sommes sur le granite de Quintin) fait une circonférence de 5m80 à plus d'un mètre du sol (ICB). Sa présence serait liée à celle du dolmen à proximité qui est composé d'une table ovale de 3m40 de longueur sur 2m70 de largeur et 0,40m d'épaisseur. Cette "table" en granite est portée par une série d'orthostates dans la même roche. Nous sommes à cet endroit au nord de la butte de Cosquer Jehan qui avec Kerchouan, forme la limite de séparation des eaux entre celles qui se jettent dans l'Atlantique au Sud (Blavet) et celles qui vont vers la Manche au Nord (Le Léguer). Curieusement, ce site mégalithique ne semble pas faire l'objet d'une inscription MH.

Pour info: "Les mégalithes de l'arrondissement de Guingamp" Institut Culturel de Bretagne P15 et 19.


dimanche 26 janvier 2025

Poème

Ce que dit l'eau...

La gorge où coule cette rivière
Lavant son lit de grands rochers
Par son eau vive use la pierre
Un beau jour elle sera percée

C'est la saison d'un crescendo
Du chant de l'eau dans la vallée
Couvrant l'appel d'un grand corbeau
Le vent de l'Ouest l'a révélé

Cette harmonie crée l'anamnèse
Ce plaisir du contemplatif
Loin des humains qui se complaisent
Dans un "urbain" rébarbatif

Ainsi la vie douce et fragile
Poursuit son cours paisiblement
Et c'est ici, loin de la ville
Que s'évanouissent les tourments

Imbolc bientôt et sa lumière,
Celle du printemps en devenir
Vivre le temps de l'éphémère,
Celui qui vient ne peut suffire

 ces extases solitaires
Accordés par les lieux vivants
La destinée reste un mystère
Et le bonheur n'est qu'un instant...



 

lundi 20 janvier 2025

Patrimoine de Sainte Brigitte en Morbihan

Le "Christ soucieux" de l'église de Sainte Brigitte

Le visiteur de passage dans le petit bourg de Sainte Brigitte a une chance de trouver ouverte l'église du village et en y entrant, de découvrir que celle-ci contient des éléments qui vont capter son attention et bien plus, déclencher une réflexion après un temps ou perplexité et amusement alternent parfois... Je parle par exemple des Saintes "Brigitte" car il y en a deux: Brigitte de Suède (dans le choeur): la très catholique, et Brigitte d'Irlande: l'abbesse de Kildare, bien plus ancienne (dans le porche Sud). Je parle aussi des croix huguenotes peintes sur les "avants" d'autel, en position d'antependium et qui nous ramènent à l'histoire entre XVIe et XVIIe siècle et aux Rohan. 

"Le Christ soucieux".Photo Jean-Yvon Hélard

Mais en 2024, un passant me fait part de sa découverte au dessus du tabernacle de l'autel latéral (celui du transept Nord) de cette sculpture contemporaine sur bois peint qui laisse perplexe! En effet ce "Christ" à la couronne d'épines spectaculaire est donc représenté dans une attitude où la tristesse semble vouloir exprimer un doute sur l'humanité qui ne mériterait peut-être pas la rédemption évoquée habituellement dans les bas reliefs de nos calvaires (comme celui de l'enclos de Rosquelfen) et qui reprennent les notions de christ rédempteur de l'humanité du Nouveau Testament (un christ triomphateur de la mort qui vient sauver l'humanité).

La découverte du nom du sculpteur va donner une clé de lecture à cette oeuvre originale. Il s'agit d'un artiste lituanien: Jonas Sugailiskis de Vilnius. Nous voilà donc dans les états Baltes et en Lituanie qui a des frontières avec la Biélorussie, la Pologne, la Lettonie et l'enclave de Kaliningrad et en bordure de la Baltique. On comprend mieux ce que l'artiste exprime dans sa sculpture comme le font Kaja Kallas d'Estonie ou Sanna Marin de Finlande dans leurs écrits et discours, compte-tenu de la situation dans cette partie de l'Europe sous pression du grand voisin à l'impérial appétit!

Cette sculpture ne laisse pas le visiteur indifférent  en le faisant passer de l'ancien monde à celui d'aujourd'hui sans transition, l'obligeant à une prise de conscience si elle n'était pas encore faite...

PS: Kaja Kallas est cheffe de la diplomatie de l'UE et fille de déportées du Goulag, première ministre de l'Estonie.

Sanna Marin a été première ministre de Finlande de 2019 à 2023.

mardi 14 janvier 2025

Carte blanche à Sainte Brigitte, Morbihan

Carte blanche à René Audrain:"Le loup d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs"

Dimanche 26 janvier à Sainte Brigitte (15h, salle des fêtes).

Affiche de la Carte blanche

Le loup occupe une place de choix dans nos mémoires. Les fables, contes et légendes de notre enfance ont largement contribué à modeler ces souvenirs d'une présence mystérieuse et inquiétante.

 partir de récits et documents locaux et régionaux, René reviendra sur des siècles de cohabitation entre l'homme et le loup dans les campagnes. Mais son retour, officiellement reconnu en 1992 dans les Alpes, et tout récemment en Bretagne, suscite des débats.

 René tentera humblement de décrypter les enjeux d'une nouvelle cohabitation en prenant appui sur les intérêts faunistiques, les appréhensions et contraintes des éleveurs et, enfin, des randonneurs.

Rendez-vous à 15h à la salle des fêtes.

Gratuit, ouvert à tous. Gâteaux et boissons bienvenus comme à l'accoutumée.

dimanche 12 janvier 2025

Patrimoine de Perret, Bon Repos-sur-Blavet en Côtes d'Armor

 Restauration du calvaire de Gwirmané en Perret


L'illustration d'un poème publié sur ce blog le 20 novembre 2023 montrait l'état du monument, basculé dans le fossé au bas du chemin qui conduit à Gwirmané en venant de Perret, suite à la tempête Ciaran. Aujourd'hui le calvaire a retrouvé son aspect d'origine, un peu en retrait de la route et proche du carrefour entre le chemin de Gwirmané et la route de Perret. Il est construit en granite leucocrate et granodiorite de Plélauff. Sur le socle de ce calvaire du début XXe, on peut lire une plaque qui indique Mission de Perret, 1912.

Calvaire de Gwirmané.Photo PJ modifiée J-Y Hélard
Ce travail a été réalisé fin 2024 par l'entreprise "La PIERRE à L'OEUVRE" une Coopérative de Restauration du Patrimoine de Val d'Oust (56460). 


Vue en descendant de Gwirmané. Photo PJ modifiée J-Y Hélard

On retrouve La Pierre à L'Oeuvre dans les travaux réalisés sur ce type de monument, à Gouarec: calvaire du cimetière de Saint Gilles en 2022, à Laniscat: calvaire de Kériolet en 2018, à Rosquelfen en Laniscat: restauration de la croix de mission avec reprise de la sculpture terminale par Tristan L'Hermite en 2010.



jeudi 9 janvier 2025

Parution d'une oeuvre majeure de Bernard Tanguy aux éditions Skolvreizh

Le grand dictionnaire historique des saints et saintes de Bretagne  par Bernard Tanguy

Nouveau livre de Bernard Tanguy


C'est chez l'éditeur Skolvreizh  qu'a  été publié en novembre 2024, ce dictionnaire que l'on peut qualifier d'oeuvre posthume de Bernard Tanguy bien connu dans le monde des historiens, universitaires et chercheurs du CNRS dans le domaine de l'onomastique en particulier, une discipline dans laquelle il était une référence.

Ce "grand dictionnaire" a vu le jour grâce aux efforts d'une équipe de spécialistes qui ont complété et présenté son oeuvre interrompue par sa disparition le 30 janvier 2015 à Brest. Un comité éditorial composé de personnalités connues en Bretagne et bien au delà: André-Yves Bourgès, Paolig Combot, Jean-Yves Eveillard, Laurent Héry, Philippe Lahellec et Jean René Le Quéau ont sorti ce monumental ouvrage de 688 pages avec Skolvreizh.

Mais qui était donc Bernard Tanguy?

Bernard Tanguy,Image Babelio


On peut dire de Bernard Tanguy, qu'il était d'abord un enfant de Rosquelfen puisque né dans ce village le 15 avril 1940 et dans la grande maison dite "Le Bris" située au Nord de la chapelle du village (ancien domaine des moines cisterciens de Bon-Repos au XVIIe siècle). Ses parents prendront par la suite une ferme dans les bâtiments "Duigou", près du rond-point actuel au milieu du village.

Bernard a donc été historien, docteur ès lettres, chargé de recherche au CNRS, enseignant à l'UBO de Brest et  référent dans la discipline onomastique qui est rappelons le, l'étude des noms propres (des personnes: anthroponymie, des lieux: toponymie). Bernard avait été également président de la Société archéologique du Finistère. Reconnu pour sa grande compétence il a publié des ouvrages qui font référence dans le domaine de la toponymie comme son "Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère" (Le Chasse marée, éd Armen) en 1990.

de Bernard Tanguy en 1992 (Armen)

Deux ans plus tard, il publie le Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes d'Armor au Chasse Marée, éditions Armen. Ces ouvrages constituent une véritable "somme" de connaissances disponibles et fort utiles pour ceux qui s'intéressent aux origines des noms de lieux. Plusieurs autres publications ont également un intérêt majeur pour comprendre l'histoire de la Bretagne et de ses habitants (comme par exemple: "Aux origines du nationalisme breton" volumes 1 et 2).

Pour informations sur le grand dictionnaire historique des saints et saintes de Bretagne: www.skolvreizh.com