Une histoire de fer, de bois, et d'eau à Sainte Brigitte et Perret le 27 octobre.
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Avant la conférence, dans les bâtiments du haut-fourneau: domaine des Forges des Salles |
La matinée de cette journée spéciale "fer" avait été consacrée à la visite de l'ensemble du site concerné par la réduction indirecte du minerai de fer en haut-fourneau, une aventure industrielle lancée par Henri II de Rohan à partir de 1622-1623 et en utilisant la force hydraulique donnée par l'étang du Fourneau, le deuxième sur le ruisseau de Pont Lann qui alimente les étangs avant de rejoindre le Blavet. La visite se poursuivait donc par le site central de Guénault où se trouve la résidence du maître des Forges et aujourd'hui des propriétaires du lieu et de Quénécan, la famille du Pontavice. L'arrivée par l'Ouest sur le site permettait de voir l'emprise de l'ancien étang de Guénault bouché en 1860, apparemment pour raisons sanitaires. De cet endroit, en longeant la route qui va à Bon-Repos, il fallait faire le tour de l'étang de la Forge Neuve, un quatrième étang qui permettait d'alimenter les roues d'une forge construite par le comte de Janzé en 1815 et devenu moulin à tan en 1847 (le dispositif ou "boccard à peigne"qui servait à hacher les écorces de chêne pour produire le tanin est encore visible sur place). Louis Henri de Janzé avait acheté Quénécan ainsi que les Forges des Salles et celles de Lanouée au duc de Rohan, en 1802.
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Début de la conférence ouverte par Anne, Présidente des Cartes blanches |
.Mais pour la conférence, sous les "batailles" du haut fourneau et pièce attenante, il fallait être chaudement vêtu car il faisait froid et surtout humide. Les personnes présentes (une centaine) ont sans doute trouvé le sujet suffisamment intéressant pour rester deux heures dans cet endroit unique mais réfrigérant!
 partir d’une compilation d’archives et publications sur le
thème du fer dans le secteur du massif forestier de Quénécan, une chronologie
du traitement de ce métal a été réalisée : de la réduction directe en
bas-fourneaux depuis le début de l’âge du fer jusqu’aux méthodes indirectes
pratiquées à partir du XVIIe dans les hauts-fourneaux.
L’âge du fer pour les archéologues va de -800 avant notre ère
(Hallstatt) à -50 (occupation romaine. Début de la Tène: -450 avant notre ère).
Faute d’une découverte encore à faire de bas-fourneaux
gaulois dans Quénécan, les éléments qui confirment la présence gauloise et la
probable exploitation du fer affleurant dans ce secteur ont été listés : voies
antiques, enclos de Castel Finans, tumulus de Silfiac et découverte d’armes et
outils de l’âge du fer dans ce secteur, stèle de Perret christianisée, vestiges
d’exploitation du filon minéralisé (plomb, argent) de Plélauff, et surtout
scories ferrugineuses de l’âge du fer à la Lande de Gouarec et sur Kerauter,
analysées par le BRGM.
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Scorie gauloise de l'âge du fer. Musée de Gourin Tronjoly. Teneur en fer >50% |
Si la découverte de scories gauloises est si difficile dans ce secteur, c'est du fait de la poursuite de l'exploitation du fer aux mêmes endroits, d'abord au Moyen-âge (1440 au Gouvello) puis avec les hauts fourneaux à partir du XVIIe siècle et pour ceux-ci, les scories gauloises sont un minerai très riche!
Le fer aura donc marqué durablement ce pays boisé dont la forêt doit sa survie autant à la géologie locale, les reliefs de grès armoricain et la tectonique issue de l'orogène hercynien, que des plans de gestion du massif forestier qui vont être appliqués ici et notamment par de Janzé. Mais c'est aussi l'usage du bois par le charbon de bois qui va condamner cette ancienne forge avec une position géographique également défavorable par rapport à l'évolution des sites sidérurgiques en fin de XIXe siècle. Ce passé autour du fer sera à l'origine d'un terroir limité à la zone forestière mais unique dans les confins du pays vannetais et de la haute Cornouaille, caractérisé par une tenue vestimentaire héritée du pays Fañch (nord du Blavet) et par une danse en ronde fermée (koste 'r c'hoed) qui illustre le caractère spécifique des ruraux de ce pays, saisonniers quasi-permanents des Forges. Si les modes vestimentaires ont disparu, la danse est encore là, l'eau, le bois et le fer aussi!
NB: bibliographie abondante sur le fer et les Forges dont André Le Coroller, Jean-Yves Andrieux, Jean Guigues(BRGM), Nolwenn Zaour, G.Dalstein, F. Hamelin...